AccueilLa UNELes startups tunisiennes : un feu de paille ?

Les startups tunisiennes : un feu de paille ?

Les performances et success stories des startups tunisiennes, défrayant la chronique, ces derniers mois, sont des cas isolés et n’illustrent nullement une dynamique générale de l’écosystème technologique en Tunisie ! Un feu de paille, en somme, comme l’ont noté certains analystes et commentateurs.

Justement, la Tunisie a été rétrogradée, en mai 2023, aux tout derniers rangs dans ce domaine par l’Index global de l’écosystème des startups dans le monde (Global Startups Ecosystem Index). Elle a été classée 91ème  sur les 100 pays couverts par cet Index. En 2022, l’écosystème tunisien des startups était classé à la 83ème place, après avoir été 82ème en 2021 et 77ème en 2020.

Le Global Startup Ecosystem Index est un classement qui recense 100 pays, à travers le monde, selon la viabilité de leurs écosystèmes des Startups.

Petite consolation ! A l’échelle du Continent africain, la Tunisie a décroché la 6ème position, derrière le Kenya (62ème  dans l’Index global), le Nigéria (64ème), l’Egypte (67ème), le Ghana (77ème ), le Sénégal (82ème).Le Maroc vient juste derrière la Tunisie, à la 93ème  place.

Depuis 2018, année du lancement de la loi organisant les startups, dite Startup Act, en Tunisie, environ 900 startups tunisiennes ont été labellisées et obtenu le label tunisien de startup en bonne et due forme. Mais, qu’en est-il exactement aujourd’hui, en juin 2023, de ce millier de startups tunisiennes labellisées?

En effet, l’Index Mondial mentionné mesure la viabilité de l’écosystème des startups dans les pays couverts, c’est-à-dire l’aptitude à vivre, à se perpétuer et à ne pas disparaître. Par contre, la fiabilité désigne le bon fonctionnement interne ou intrinsèque d’une entreprise ou d’un équipement, et l’aptitude à remplir la fonction à laquelle l’entreprise a été destinée.

Or, en matière de viabilité, les promoteurs de startups autant que les experts du domaine en Tunisie n’ont pas cessé de lancer des cris d’alarme à ce sujet.

Dans un article, en forme de tribune, publié tout récemment, le 6 juin, sur le site électronique Tunisie Haut débit (THD.tn), l’experte Rym Akremi Ben Dhiaf, Business Coach & Senior Business Consultant, a écrit en substance : « Aujourd’hui, nous ne cessons d’encourager la labellisation des startups à travers le programme Startup Act lancé depuis 2018 et initié par le ministère des Technologies de la communication. Cependant, les questions qui se posent : a-t-on une idée sur l’état actuel de ces startups ? Existent-elles encore ? Combien a-t-on de startups en phase de liquidation ? Quelles sont les causes de non-réussite ? Qu’a-t-on préparé pour ces startups comme programme durable pour garantir leur pérennité ?

Accès aux marchés

Le mal n’est pas dans la fiabilité mais dans la viabilité, car, effectivement, beaucoup de startups tunisiennes ont su et pu s’affirmer, notamment à l’échelle internationale, jusque dans le pays des startups par excellence, les Etats Unis d’Amérique.

En mai 2023, la startup tunisienne nextProtein a obtenu l’approbation de la Food and Drug Administration (FDA), l’agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux, pour la commercialisation de ses produits aux États-Unis, et elle a commencé déjà  à les commercialiser sur le marché américain, après avoir obtenu en 2020 l’autorisation de l’Union européenne. Or, cette startup tunisienne est spécialisée dans la transformation des insectes, notamment la mouche soldat noire, en produits alimentaires riches en protéines destinés aux animaux.

C’est que l’accès au marché national et international constitue un des problèmes majeurs des startups tunisiennes, selon l’experte Rym Akrémi Ben Dhiaf.

Elle a souligné à ce égard, dans sa tribune citée: « Il ne suffit pas d’encourager  les startups à être labellisées pour bénéficier des avantages fiscaux et autres, ou lancer des programmes d’incubation ou des hackathons, ou chercher des levées de fonds à l’étranger, je pense que parmi les problèmes majeurs rencontrés par nos startups est l’accès au marché (national et international).

Elle a évoqué sur ce plan la disposition réglementaire stipulée dans la loi sur les startups de 2018 et reprise par la loi de finances de 2023, relative à la réservation de 10% des achats publics innovants au profit des startups, s’interrogeant sur l’étendue de son application par les entreprises publiques et les administrations. D’autant que les marchés publics représentent 40% du budget de l’Etat et 15% du PIB.

« N’est-il pas temps de donner un accès obligatoire aux startups pour contribuer (à travers leurs innovations) à l’amélioration de nos entreprises publiques, a-t-elle noté, déplorant que les entreprises privées tunisiennes ne cherchent pas, non plus, à profiter de la créativité et de l’esprit inventif des startups tunisiennes.

Rym Akrémi Ben Dhia, se référant à une enquête récente sur ce sujet, a signalé que 70% des entreprises tunisiennes affirment qu’elles n’ont pas des relations d’affaires avec les startups.

Or, a-t-elle souligné, pour avoir des investisseurs et augmenter la valorisation de nos startups, on doit d’abord leur donner la chance d’avoir des marchés locaux, ceci leur permettra d’expérimenter leur savoir-faire et leur produit, de l’améliorer et d’être reconnues à l’échelle l’internationale pour avoir plus de chance de s’introduire dans les marchés internationaux.

Rigueur financière

Tout ceci est propre à valoriser les startups tunisiennes et à augmenter leurs chances de pouvoir accéder au marché international.

L’experte a critiqué aussi la rigueur des critères financiers en la matière, écrivant qu’ « au niveau de nos entreprises publiques ou privées, lorsqu’on a un besoin quelconque d’achat, on établit des cahiers de charges exigeant des références et des assises financières consistantes pour garantir la réussite du marché ».

Mais, on oublie qu’une entreprise responsable qui a des valeurs cohérentes avec les objectifs du développement durable et ayant une stratégie de responsabilité sociétale (RSE), doit, de par sa responsabilité économique et sociale, contribuer au développement économique des startups tunisiennes.

S.B.H

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