Plusieurs pays du monde disposent déjà d’infrastructures énergétiques interconnectées, tirant parti de leurs ressources naturelles respectives pour accroître leur puissance. Parallèlement, de nombreux pays poursuivent une transition écologique en investissant massivement dans le développement de leurs capacités en matière d’énergies renouvelables. Cependant, certaines régions du monde disposent de ressources renouvelables plus abondantes que d’autres, ce qui suggère la nécessité de développer de nouveaux réseaux de partage de l’énergie.
Il existe un énorme potentiel de partage de l’énergie entre pays et entre continents, ce qui permettrait d’accélérer la transition écologique au niveau mondial. Toutefois, le développement de réseaux de transport d’énergie interconnectés est complexe en raison de la diversité des normes réglementaires et d’autres obstacles. Néanmoins, certaines régions commencent déjà à développer de nouveaux réseaux visant à renforcer la sécurité énergétique au cours des prochaines décennies.
L’Europe et l’Afrique commencent à développer des liens pour favoriser l’accès à l’énergie propre dans les pays où les conditions climatiques ne sont pas optimales pour la production d’énergie. Une grande partie de l’Afrique du Nord bénéficie d’un ensoleillement abondant tout au long de l’année, ce qui en fait un endroit idéal pour développer des fermes solaires à grande échelle. En revanche, l’Europe centrale et septentrionale se prête moins bien à ce type de projets. C’est pourquoi certains pays européens cherchent des moyens de transporter de l’énergie propre à travers la mer. Cette quête est fortement soulignée dans une analyse livrée sur le site Oil Price.
Sont cités dans ce conteste des projets en cours de développement, notamment l’initiative GREGY entre la Grèce et l’Égypte, mais surtout le projet ELMED-TUNITA entre la Tunisie et l’Italie. GREGY est en cours d’élaboration depuis 2008. Le groupe grec Copelouzos a affecté 4,2 milliards d’euros à la construction d’un câble électrique sous-marin bidirectionnel capable de transférer 3 GW d’électricité par an. Parallèlement, le gestionnaire du réseau de transport italien Terna et la société publique tunisienne d’électricité et de gaz STEG prévoient de développer une liaison électrique bidirectionnelle de 220 km entre l’Italie et la Tunisie, d’une capacité de 600 MW, à une profondeur maximale d’environ 800 mètres, le long du détroit de Sicile.
Des projets solaires et éoliens à grande échelle
Nivedh Das Thaikoottathil, analyste principal des énergies renouvelables chez Rystad Energy, explique : « Le potentiel de l’Afrique du Nord en matière d’énergies renouvelables correspond bien à l’objectif de l’Europe de réduire sa dépendance à l’égard du gaz naturel russe. La proximité géographique de la région en fait un terrain propice aux relations entre acheteurs et vendeurs, ce qui débouchera sur des projets solaires et éoliens à grande échelle, ainsi que sur des câbles sous-marins traversant la Méditerranée et allant même jusqu’au Royaume-Uni ».
Le Royaume-Uni développe, d’ailleurs le Morocco-U.K. Power Project, le projet phare de Xlinks visant à fournir à des millions de foyers britanniques de l’énergie renouvelable produite en Afrique du Nord par le biais d’un câble sous-marin de 4 000 km. Xlinks prévoit de construire un parc solaire, éolien et de batteries de 1 500 miles2 dans la province de Tan-Tan, au Maroc, une région où l’intensité solaire est deux fois supérieure à celle du Royaume-Uni, et de le mettre en service dans les années 2030. Le Maroc est déjà relié à l’Europe par deux câbles à haute tension vers l’Espagne, d’une capacité de 700 MW chacun.
Plusieurs pays dans le monde ont entamé des discussions en vue de développer des liaisons énergétiques transfrontalières ou transcontinentales pour favoriser le partage de l’énergie propre. Toutefois, si certains projets à courte distance ont déjà été menés à bien, le développement de projets à longue distance, plus ambitieux sur le plan technologique, pourrait prendre encore plusieurs années. Néanmoins, le partage de l’énergie sera essentiel pour réaliser une transition écologique mondiale, car certains pays disposent d’abondantes sources d’énergie renouvelable, tandis que d’autres ont besoin d’investissements plus importants pour accroître leur capacité en matière d’énergie verte.