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L’UE sommée de repenser son approche envers la Tunisie et ses voisins du Sud

L’Union européenne cultive une sempiternelle dualité en clamant que son objectif est  de promouvoir la prospérité, la stabilité et la sécurité dans les pays voisins du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Mais dans la pratique, elle n’a guère réussi à atteindre ces trois objectifs. Les pays voisins du sud de l’UE restent empêtrés  dans un piège à revenus moyens, et beaucoup sont plus instables qu’il y a dix ans.

Ce  constat a été posé par le think tank basé à Londres, le Centre for European reform (CER) qui reproche à l’UE de  considérer de plus en plus la région comme une source de migrants et de terrorisme, avec  une approche dominée par des préoccupations à court terme. Mais une approche étroite et peu ambitieuse ne sert pas les intérêts à long terme de l’Union, car elle ne favorise guère une réelle stabilité chez ses voisins, souligne-t-il .
L’offre politique et économique de l’UE à ses voisins est dérisoire et n’incite ni à une coopération plus étroite ni à des réformes. Les voisins d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient n’ont pas la possibilité de devenir membres de l’UE et le soutien se limite à une assistance financière et à une modeste amélioration des liens commerciaux, indiqué le Centre. En outre, l’approche de l’UE n’a pas été stratégique. L’Union a apporté relativement peu de soutien à des voisins comme la Tunisie, où les efforts de promotion des réformes avaient de bonnes chances de réussir, tout en fournissant une aide économique inconditionnelle substantielle à des régimes autoritaires comme l’Égypte.

Pourtant, la  Tunisie est l’un des partenaires les plus proches de l’UE dans la région MENA. Elle  a cherché à s’aligner stratégiquement sur l’Europe et est un grand bénéficiaire des financements de l’UE. La Tunisie est la seule réussite du Printemps arabe ; le pays est devenu une démocratie et est classé « libre » par Freedom House, ce qui le place au-dessus de la Hongrie et de tous les pays des Balkans occidentaux et du partenariat oriental de l’UE, relève le Centre for European reform. L’économie est, cependant, faible, avec une croissance de seulement 13 % entre 2012 et 2018, une forte inflation, un taux de chômage d’environ 16 % et  de 36 % pour les jeunes, notamment diplômés. La Tunisie est également confrontée à des problèmes de sécurité extérieure dus au conflit en cours en Libye voisine, à l’instabilité dans la région du Sahel au sud, ainsi qu’à l’extrémisme et au terrorisme intérieurs.

Un « partenariat privilégié » très symbolique

L’UE a soutenu la consolidation de la démocratie tunisienne et a tenté d’approfondir les liens. En novembre 2012, les relations ont été symboliquement transformées en un « partenariat privilégié », et les négociations pour un accord de libre-échange  ont été lancées fin 2015. Toutefois, ces négociations n’ont guère progressé en raison du peu d’enthousiasme politique et de l’opposition de la société civile et des syndicats tunisiens, qui pensent que leur économie aura du mal à s’adapter aux réglementations de l’UE et que celle-ci  pousse vers un programme néolibéral qui risque de nuire à la Tunisie. Le soutien des milieux d’affaires est également limité, notamment parce que l’UE n’est pas disposée à libéraliser de manière significative le commerce agricole, un secteur d’exportation important pour la Tunisie.

L’UE et la Tunisie tentent également d’approfondir leur coopération en matière de migration et négocient en parallèle un accord de facilitation des visas et un accord de réadmission. Mais les négociations n’ont pas été sans heurts, car l’UE n’est pas disposée à faciliter l’obtention de visas pour les Tunisiens tant que la Tunisie n’aura pas accepté l’accord de réadmission. La Tunisie n’est pas disposée à le faire, car l’UE insiste sur le fait qu’elle doit s’engager à reprendre les ressortissants de pays tiers ainsi que ses propres citoyens. Un nouvel élan politique des deux côtés sera nécessaire si l’UE et la Tunisie veulent approfondir leurs relations, affirmé le CER. D’autant que,  souligne-t-il,  la  pandémie COVID-19 portera un coup dur à de nombreux voisins méridionaux de l’UE, ce qui rendra encore plus urgente une révision stratégique de l’approche européenne. Si la plupart des voisins du Sud n’ont pas encore été gravement touchés par la pandémie elle-même, ils souffriront de ses retombées économiques : le chômage et les conflits sociaux alimenteront l’instabilité, les migrations vers l’Europe et, éventuellement, les conflits.

La Tunisie membre associé de l’UE !

L’Europe devra aider ses voisins à faire face à la COVID-19 et à ses retombées économiques. Mais l’UE ne doit pas perdre de vue la situation à long terme. Si les Européens veulent que leur voisinage soit stable, ils doivent assumer davantage de responsabilités en matière de sécurité. Ils devraient, par exemple, être beaucoup plus proactifs en Libye, en s’accordant sur une stratégie commune, en essayant d’obtenir un cessez-le-feu et en fournissant des troupes pour une mission de maintien de la paix une fois le cessez-le-feu conclu.

L’UE devrait faire aux pays de son voisinage méridional une offre plus ambitieuse : un accès plus large au marché, davantage de possibilités pour leurs citoyens de travailler en Europe et davantage d’assistance financière et technique. L’UE devrait également élaborer un modèle de membre associé pour les pays démocratiques de la région qui seraient éligibles à l’adhésion nonobstant la position géographique. Dans le même temps, l’Union devrait cibler son aide financière de manière plus stratégique, en poussant les pays à respecter les droits de l’homme et à s’aligner sur ses objectifs de politique étrangère, et en réduisant son soutien en cas de refus, conclut le CER.

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