Le président de la République, Kais Saied, a exposé, ce lundi, ses vues économiques après avoir prêté serment au palais du Bardo devant les membres de l’Assemblée des représentants du peuple et du Conseil national des régions et des districts réunis en séance plénière extraordinaire commune.
Construire une économie nationale basée sur la création de richesse et à la lumière des choix nationaux issus de la volonté du peuple est l’un des plus grands défis pour la période à venir, a-t-il dit dans l’allocution prononcée à cette occasion, convenant que l’affaire n’est pas facile. Mais, a-t-il affirmé, quand le rythme est accéléré et la course contre la montre est engagée, ce qui était un rêve ou ce qui était autrefois considéré comme impossible peut être réalisé.
Et le chef de l’Etat d’ajouter : « D’aucuns cherchent un soi-disant modèle de développement, mais qu’ils sachent que le modèle de développement est celui que le peuple démuni créera, et que c’est lui qui détermine le cours de l’histoire, qui le pave et qui construit l’édifice auquel il aspire ».
Le président de la République a appelé à la lutte contre « l’économie de rente qui ne produit pas de richesse nationale, mais enrichit les riches, qui ne sont que quelques dizaines, tandis que la situation des misérables et des pauvres s’aggrave ».
« Il est paradoxal que les taux de croissance figurant dans les tableaux des professeurs autoproclamés soient basés sur des données erronées ou, à tout le moins, frauduleuses…, a-t-il fait remarquer , pour rappeler aussitôt que si le taux de croissance dans les années 1990 et au-delà s’était situé entre 3 et 6 %, la révolution n’aurait pas éclaté et cette explosion révolutionnaire sans précédent en Tunisie n’aurait pas eu lieu, non plus ».
Dans le même ordre d’idées, et évoquant ceux dont il venait de parler, Kais Saied a déclaré : « Ils veulent être dans les pas d’un ordre mondial qui s’est retourné contre lui-même et qui a atteint son apogée. Aujourd’hui, nous voyons tous le nouvel ordre humain qui commence à prendre forme et qui remplacera cet ordre mondial basé sur une division injuste de la révolution ».
L’autre défi, selon le chef de l’Etat, est la préservation des entreprises après qu’elles aient été « purgées et assainies pour rétablir leur équilibre par rapport à ceux qui les ont infiltrées, pillées et torpillées en vue de leur démantèlement», a-t-il déclaré.
Une nouvelle voie pour les sans-emplois
L’un des plus grands défis à relever sans relâche est d’ouvrir une nouvelle voie pour les chômeurs, en particulier les jeunes.
« Les groupes démunis ont souffert pendant de nombreuses décennies et il n’est pas impossible de leur trouver des solutions, a-t-il déclaré. « Il faut se débarrasser des concepts dépassés et même de la terminologie obsolète et concevoir de nouvelles solutions qui créent le développement et profitent au travailleur et à l’ensemble de la communauté nationale. Les sociétés civiles que les forces de l’apostasie ont tenté de perturber font partie des solutions, mais bien d’autres solutions peuvent également être imaginées, a-t-il précisé.
Le président de la République, a, d’autre part, mis l’accent sur la nécessité pour l’Etat de renouer avec son rôle social plein et entier : « Les droits sociaux tels que l’éducation publique, le transports, la santé publique, le logement décent, le travail stable, les salaires équitables et la couverture social sont autant de défis que l’État doit relever, car il s’agit de droits humains naturels », a-t-il expliqué, précisant que cela ne signifie pas qu’il faille s’en prendre à la libre entreprise, car la Constitution garantit la coexistence des secteurs privé et public sur la base de la justice sociale.
» La libre initiative n’est pas soumise au chantage ou à l’extorsion », a-t-il affirmé, ajoutant que « la liberté est garantie dans la sphère économique, et qu’elle est préservée et protégée dans la sphère politique également, mais que la liberté ne signifie pas le chaos, la calomnie, les insultes, les jurons et la diffamation, ni qu’elle porte atteinte aux droits et viole la loi », selon ses dires.