AccueilLa UNEQui gouvernera le pays ? Mystère et boule de politique !

Qui gouvernera le pays ? Mystère et boule de politique !

La libération inattendue de Nabil Karoui relançait, hier 9 octobre 2019, des élections présidentielles anticipées à coups de théâtre répétés en Tunisie. Cette libération surprise introduisait même un nouvel élément de suspense avec la procédure en référé pour le report du 2ème tour de la Présidentielle introduite par Karoui, et qui pourrait être jugée au plus tard le samedi, c’est-à-dire la veille même de la date fixée par l’ISIE pour le second tour.

En cette longue nuit d’attente des résultats, Bafoun se décidait après presque deux heures de l’heure officielle annoncée, à donner les résultats des législatives. Des résultats qui accentuent la mainmise des Islamistes sur le Parlement tunisien. Le mouvement Ennahdha avait 40 sièges, selon les sondages de sortie des urnes. Il en aura désormais 52. A quatorze sièges derrière, Qalb Tounes qui gagnait 3 nouveaux sièges, par rapport au sondage SU d’Emrhod et devient la 2ème force politique en Tunisie.

Deux nouvelles forces politiques faisaient aussi leur apparition. D’abord le parti «Courant Démocratique» de l’ancien ministre Mohamed Abbou, et ancien CPR (Congrès pour la République) qui promettait de dresser les potences en 2012, avec 22 sièges. Ensuite, le très controversé parti El Karama de Seifeddine Makhlouf, qui s’affiche déjà comme extrémiste religieux et anti-occidental, avec 21 sièges.

On ne manquera pas de faire remarquer le revers infligé, sans aucune miséricorde (Traduisez Errahma en Arabe) par l’Isie à l’Imam Salafiste Said Jaziri, qui ne pourra plus devenir député, pour avoir abusé de la publicité politique pour sa liste de Ben Arous.

On notera aussi la défaite, cuisante, pour la liste «Ich Tounsi » d’Olfa Terras au vu des moyens financiers déployés, avant et pendant sa campagne. Elle n’a remporté qu’un seul petit siège pour elle-même, après que sa liste parisienne a été annulée par l’Isie. Un résultat qui vaudrait presque un refus du Tunisien de «vivre à la Tunisienne» (Traduction de Ich Tounsi).

  • Une ARP sous influence islamiste plus marquée

Ce sera finalement une mosaïque de 31 partis politiques, dont 7 auront moins de 5 sièges, et 17 ne disposeront que d’un seul et orphelin petit siège, qui essayeront de diriger une Tunisie qui fait un retour fracassant à l’islamisme rampant de 2011.

En langage d’entreprises, Ennahdha contrôlera ainsi, à elle seule, 23,9 % des voix du prochain Parlement tunisien. Un résultat, qui reste une petite et étriquée victoire, pour un parti qui faisait beaucoup plus peur par la prétendue discipline de son corps électoral. Prétendu à 1 million au moins, Ennahdha n’a pu en mobiliser que 561.088. Nettement en-deçà du chiffre du million prétendu.

Ennahdha n’en restera pas moins ainsi dominatrice de la matrice parlementaire. Elle n’aura pas la minorité de blocage, mais pourrait y arriver avec le jeu des abstentions lors des votes, comme on a déjà pu le constater plusieurs fois au cours de la dernière législature.

La présence islamiste dans le prochain Parlement tunisien se radicalise même, avec l’entrée du parti El Karama, enfanté par les anciennes LPR (Ligues de Protection de la Révolution) et ses nouveaux extrémistes, sans barbe, mais déjà brandissant les sabres comme Rached Khiari qui menace Abir Moussi d’exécution. Le parti Errahma, décapité sans merci par l’Isie à Ben Arous, est aussi d’obédience incontestablement intégriste.

Calculette en main, le courant islamiste pèsera donc 76 sièges, sous la couple de la nouvelle ARP. Signe de ces nouveaux temps islamistes au parlement tunisien, les femmes n’y seront qu’à 23 % de «part de marché», en nette baisse par rapport aux 36,4 % de 2014.

C’est à Ennahdha, en tou cas, que le prochain chef d’Etat confiera la mission de choisir le prochain chef de gouvernement. Mais elle ne pourra, en aucun cas, gouverner toute seule, et sera immanquablement obligée de faire des alliances.

  • Une ARP, morcelée, mais avec un bloc de 17 possibles touristes parlementaires

A 31 partis, dont plus de la moitié ne disposant que d’un seul et unique fauteuil, il paraît presqu’impossible de se mettre d’accord sur un gouvernement qui puisse être voté à au moins 109 voix. Le quintet des «grands» que sont Ennahdha, Qalb Tounes, Ettayar, El Karama, le PDL, semble a priori impossibles à rassembler.

Ennahdha et Qalb Tounes se sont déjà déclarés l’un contre l’autre et comme les deux parallèles qui ne se rencontrent pas. Tahya Tounes s’est aussi déclaré dans l’opposition. Le PDL d’Abir Moussi avait déjà choisi son camp, en faisant d’Ennahdha l’ennemi à abattre depuis la campagne électorale. Le Tayar de Abbou aussi avait choisi son camp dès l’annonce du résultat par les sondeurs. Le mari de Samia avait essayé, malicieusement, de négocier par l’impossible, une probable coalition avec Ennahdha en revendiquant trois ministères clés qu’il sait ne jamais avoir. Théoriquement de gauche, en face d’une Ennahdha de droite, «Harakat Achab» de Zouheir Maghzaoui, attend encore avant de prendre position.

Théoriquement aussi, Ennahdha ne pourra s’allier qu’avec Errahma et El Karama. Mais à trois, ils ne feront pas le poids (76 sièges, sur les 109 requis pour gouverner). Un brin conservateur, l’UPR de Lotfi M’raihi, pourrait y ajouter ses 3 sièges, ce qui ne fera toujours que 79 sièges pour 109 requis.

En face, Qalb Tounes reste beaucoup plus près de Tahya de Youssef Chahed que d’Ennahdha. Même chose pour Machroû de Mohsen Marzouk, le PDL de Moussi, El Badil de Mehdi Jomaa, et Afek de Yassine Brahim qui en a démissionné.

Toujours théoriquement additionnables, même si Qalb Tounes dément tout consensus avec Tahia, les sièges du groupe de partis, dits centristes, pourraient constituer un bloc de 81 sièges. Ils sont, tout aussi théoriquement, anti-Ennahdha. Mais ils sont, réellement, de véritables frères ennemis et pourraient hébéerger de véritables déserteurs au moment du vote.

L’un et l’autre des deux blocs, Islamiste et Centriste, iront donc chercher des appuis dans le bloc des 17 «partillons», ou petits partis à siège unique, dont on connaît jusque-là peu de choses quant à leurs positionnements entre les deux grands blocs, Islamiste et Centriste.

Au regard de cette mosaïque de partis dans une ARP morcelée, l’identité du gouvernement qui dirigera la Tunisie en 2020, reste pour l’instant une grande question à laquelle personne ne pourra répondre. Des candidats ?

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