AccueilLa UNERached Ghannouchi n’est plus droit dans ses bottes !

Rached Ghannouchi n’est plus droit dans ses bottes !

La « trêve des confiseurs » de ces quatre jours de l’Aïd porterait-elle  conseil à la classe politique plongée jusqu’alors dans un bourbier fait d’échauffourées sans fin ? Davantage qu’un vœu, c’est l’ardente obligation dans laquelle tous les acteurs de l’échiquier politique sont désormais sommés de se reconnaître, tous bords confondus.

C’est que, comme il est souvent dit, la Tunisie ne va pas dans le mur ; elle est dans le mur, essentiellement et presqu’exclusivement à cause du tort que ne cessent de lui porter des politiciens qui ont écœuré une opinion publique inondée de faits, gestes et paroles à mille lieues de ses préoccupations , de son quotidien et bien plus encore de ses attentes. Constatons que, dans cette configuration, le mouvement Ennahdha tient le beau rôle, tyranniquement pris dans le tourbillon de l’accaparement du pouvoir et davantage dans celui de le conserver, alors que les élections approchent à grands pas et que ses prestations politiques n’ont pas l’heur d’être appréciées par le grand nombre, comme en témoignant régulièrement les sondages d’opinion. Circonstance aggravante : le parti islamiste, chevillé à des convictions et des pratiques sans commune mesure avec celles des gouvernés, n’a rien rigoureusement fait qui puisse redorer son blason auprès d’une très large part des Tunisiens et de Tunisiennes , jaloux du modèle de société qui est le leur et dans lequel ils voient une collection d’acquis qu’ils ne sont pas près de brader pour une nouvelle mandature à Ennahdha.

Joignant l’acte à l’intention, ces tunisiens et tunisiennes ne se sont pas fait faute de descendre dans la rue pour dire aux députés du parti islamiste qu’ils ont été mal élus et à son gouvernement que sa place est ailleurs, au regard du bilan qui est celui des uns et des autres , alors que la Constitution continue d’être l’Arlésienne dont on parle et qu’on ne voit jamais, que l’économie plonge dans les abysses, que le terrorisme s’invite dangereusement dans le quotidien d’une Nation réputée paisible et que le désordre social envenime la vie des citoyens et des entreprises.

Autant dire qu’il y a péril en la demeure, plus singulièrement pour Ennahdha qui se démène dans bien des sens pour limiter les dégâts et surtout conjurer par tous les moyens la réédition en Tunisie du scénario égyptien. Ce serait le pire des cauchemars pour Rached Ghannouchi, et ceci devrait l’amener, selon les observateurs, à opérer des révisions « déchirantes », lui qui a l’habitude d’être toujours droit dans ses bottes et de ne faire que des concessions cosmétiques, s’il lui arrivait d’en faire. Visiblement, il a entrepris de jeter du lest en acceptant, par exemple, l’idée d’un gouvernement d’union nationale, ce qui ne signifie nullement, politiquement parlant, un gouvernement de compétences, même s’il semble viscéralement attaché à un cabinet dirigé par Ali Laarayedh.

Surtout, le chef du parti islamiste reprend langue avec l’UGTT, au travers d’une réunion tripartite, rassemblant son mouvement, la centrale syndicale et l’Assemblée nationale constituante (ANC), représentés par leurs premiers responsables. Ses deux interlocuteurs, Mustapha Ben Jaafar et Houcine Abassi, ne sont pas allés, ces derniers jours, du dos de la cuiller. Le premier a annoncé, contre toute attente, le gel des travaux de la Constituante tant que des négociations de sortie de crise incluant la coalition au pouvoir, l’opposition et les forces socio-économiques n’étaient pas lancées, demandant, du reste à l’UGTT de parrainer d’éventuels pourparlers. Celle-ci réclame à cor et à cri la démission du gouvernement et la mise en place d’un cabinet de technocrates, une revendication soutenue par la présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui, que Rached Ghannouci a rencontrée, dans le cadre de ses démarches pour sauver ce qui pourrait l’être.

On l’aura compris, le mouvement Ennahdha n’est plus dans la posture du parti qui fait la pluie et le beau temps, tant il a multiplié les dérapages et s’est engouffré dans un ostracisme excluant du jeu politique les expressions qui ne lui convenaient pas et qui pourraient entraver sa marche vers une réélection dont les chances s’amenuisent de jour en jour.

C’est que le mouvement islamiste a choisi le parti de verrouiller le jeu politique au point d’empêcher l’émergence d’une alternative franche, de favoriser les carrières personnelles, de multiplier les réseaux souvent occultes dans la société, le tout en s’emparant des rouages institutionnels, à quasiment tous les niveaux, au travers de charrettes de limogeages et de séries de nominations dont le dessein premier est de s’assurer la permanence au pouvoir.

Ce qui est désormais certain, c’est que le mouvement Ennahdha ne sera pas celui qu’il l’a toujours été, depuis son accession au pouvoir et son emprise sur le Parlement, un fervent partisan de ce que les politologues appellent la partitocratie où une oligarchie du parti tient tous les rênes du pouvoir et interprète à sa guise le choix des urnes.

Mohamed Lahmar

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