AccueilLa UNESur décision de la BCT, votre crédit bancaire vous coûtera plus cher

Sur décision de la BCT, votre crédit bancaire vous coûtera plus cher

Ceux qui ont déjà contracté un crédit bancaire avaient intérêt à le faire à taux fixe. Avec la dernière décision de la BCT, ils le paieront plus cher. Ceux qui n’ont pas encore terminé les négociations et la préparation de leurs dossiers pour les banques, devront compter sur un TMM encore plus élevé que celui avec lequel la simulation du crédit leur a été faite par leurs banques. Les tableaux d’amortissements de leurs crédits seront plus lourds.

En effet, ce mardi 19 février 2019, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a décidé d’augmenter son taux directeur (TD), celui avec lequel elle prête de l’argent aux banques, de 100 points de base ou d’un point de pourcentage. C’est ainsi que le TMM devrait passer à 7,8 % et au plus à 7,85 %, la BCT veillera à ce que la répercussion de la hausse du taux directeur ne dépasse pas les 3 points de base par soumission à l’appel d’offres, tout en essayant de satisfaire tous les besoins. Ainsi, le taux de crédit final que paiera le client devrait dépasser les 10 % si l’on considère que le citoyen lambda ne pourra pas négocier à moins de TMM+3. Seules les entreprises ou les personnes, dont les comptes bancaires sont fournis, pourraient négocier des crédits à moins 10 % en taux global.

Notons que, théoriquement et pour les banques, la décision de la BCT ne deviendra applicable qu’au prochain appel d’offres, prévu pour le 27 février 2019. Mais on est presque sûr que les banques de la place tiendront compte, en interbancaire, de cette hausse de 100 points de base, dès demain mercredi.

Cette augmentation du taux directeur n’est pas la première. Sous l’ère Abassi, c’est la 3ème hausse consécutive, la première en mars 2018 de 75 points de base et la seconde en juin 2018, de 100 points de base. Depuis avril 2017, le TD aura augmenté de 350 points de base, cette dernière hausse incluse.

  • Explication de texte : Un déficit courant à plus de 11 % et une inflation à 7,1 %

En guise d’explication de cette décision, le CA de la BCT a mis en exergue «une poursuite du déficit courant de la balance des paiements extérieurs, qui continue d’enregistrer des niveaux record, atteignant ainsi 11,2% du PIB en 2018 contre 10,2% en 2017». Et de constater que «l’évolution positive des recettes touristiques et des transferts des Tunisiens à l’étranger n’a pas pu compenser l’aggravation du déficit de la balance commerciale, qui a affecté négativement les avoirs nets en devises, revenant à 84 jours d’importation en 2018, contre 93 jours une année auparavant». Et d’un !

La seconde explication de cette nouvelle hausse du TD est en lien direct avec l’inflation, bête noire de la BCT et l’ennemi contre lequel elle est mobilisée de par sa vocation. Le CA de la BCT commence certes par constater qu’elle s’est légèrement repliée, en janvier dernier à 7,1%. Cela ne l’empêchera pas d’«exprimer sa forte préoccupation quant aux perspectives des pressions inflationnistes, notamment en ce qui concerne l’inflation sous-jacente. Cette dernière devrait poursuivre sa tendance à la hausse au cours de la période à venir, compte tenu des évolutions attendues pour l’ensemble des indicateurs inflationnistes, ce qui nécessite un suivi continu de ses sources et le renforcement des mesures visant à contrecarrer son aggravation». Le CA de la BCT reste même très prudent sur la question de l’inflation, dont la maîtrise reste le principal objectif de cette nouvelle hausse du taux directeur. Il souligne que « la poursuite des pressions inflationnistes représente un risque pour l’économie et une menace pour le pouvoir d’achat, nécessitant une prise de mesures appropriées pour réduire ses effets négatifs et a, par conséquent, décidé de relever de 100 points de base le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale de Tunisie».

  • Les hausses salariales augmenteront le pouvoir d’achat, mais traîneront l’inflation

Les risques, pour l’inflation, de repartir à la hausse et d’éroder ainsi encore le pouvoir d’achat du Tunisien, sont aussi nourris par la dernière hausse des salaires, tant chez le secteur privé que chez le public. L’UGTT avait été avertie, maintes fois et par plus d’un responsable, que toute hausse des salaires se répercutera immanquablement sur le pouvoir d’achat en le grignotant.

A plus de 11 %, le déficit de la balance des paiements extérieurs où les principales dépenses portent sur l’énergie et le blé, les médicaments et autres produits de première nécessité, cela n’arrangera pas le coût du Dinar tunisien qui ne se stabilisera pas de sitôt et impactera encore le pouvoir d’achat.

Pour ceux qui se demanderont où sont les effets de la fameuse liste de produits qui devaient faire l’objet de restrictions à l’importation, nous apprenons que cette liste est tombée à l’eau. Mieux, les mesures prises par la BCT en 2017 pour limiter les importations superflues en obligeant les importateurs à les payer directement et non par des crédits bancaires, ont aussi été détournées et n’ont que très peu été appliquées. D’où le creusement du déficit de la balance des paiements.

Ce qui est certain, c’est que le consommateur tunisien ne sera pas le seul à critiquer cette nouvelle décision de la BCT pour rendre l’argent encore plus cher. A ne pas en douter, le gouverneur de la BCT et derrière lui tout son CA, devraient essuyer les critiques les plus virulentes et notamment les accusations de casser la machine d’une croissance qui peine à réaliser les 3 % prévus par le budget de l’Etat et sa loi des finances.

Force est pourtant de rappeler que redoubler d’efforts afin de «contenir le déficit commercial et ses répercussions sur la balance des paiements courants, d’une part, et sur le niveau des avoirs nets en devise et le marché des changes domestique, d‘autre part, restent les seuls moyens colmater les brèches d’un déficit qui devient structurel», explique le communiqué de la BCT. Et s’il reste encore difficile de juguler l’importation, il est plus facile d’augmenter les exportations, notamment vers la Libye où la demande est en hausse et pour laquelle le transport par voie terrestre reste gérable.

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