Sans aucune projection chiffrée pour l’année prochaine, le budget de l’Etat 2025, dont le rapport a été consulté par nos soins, s’est longuement attardé sur les réalisations de l’exercice 2024, dont il était content. Et il avait raison, à voir certains chiffres. C’est ainsi qu’en 8 mois 2024, le Trésor tunisien a pu engranger 27,353 Milliards de Dinars (DT) en ressources fiscales. Un chiffre, en hausse de 9,9 %. Ceci, suite à la hausse de 12,8 % des ressources en impôts directs, et à la hausse de 8,4 % des ressources récoltées en IRPP.
Notons que l’impôt sur les salaires a rapporté 7,3 % de plus, grâce à l’application de la 2ème tranche de l’augmentation salariale décidée en octobre 2022. Et il est bien de se rappeler que plus les salaires augmentent, plus le Fisc y puise. Il est connu qu’il suffit parfois de quelques DT pour que le taux de l’IRPP appliqué augmente et il est tout autant constaté que le passage d’un niveau à l’autre de la grille d’impôt, on y perd plus qu’on y gagne et net !
2024 aussi, le Trésor tunisien a ramassé 6 % de plus en TVA, 7,6 % de plus en droits de douane, 4,3 % de plus en taxes sur la consommation, et 12,8 % de plus en autres taxes diverses et variées. Toutes payées par le consommateur final qu’est le citoyen, et qui impactent directement son pouvoir d’achat.
Et souverainisme oblige, l’Etat tunisien avait contracté, en 8 mois 2024, la somme de 1,864 Milliard DT en crédits étrangers, et 14,244 Milliards DT sur le marché local, dont 6,383 Mds DT en Bons de trésor, 2,483 Milliards DT par l’emprunt obligataire national, et 577 MDT en crédits bancaires en devises auprès des banques locales.
– Un Budget de l’Etat en hausse, et une prévision de croissance un peu trop optimiste
Pour 2025, l’Etat tunisien devrait avoir un budget de 78,231 Milliards DT, en hausse de 3,3 %. Ce budget 2025 a été élaboré sur la base d’une prévision de croissance, à notre avis trop optimiste, de 3,2 % du PIB à prix constants, d’un prix de baril de pétrole à 77,4 %, d’un taux de change constant du Dinar tunisien, d’une hausse de 4,2 % des importations, et de prix internationaux constants pour les denrées alimentaires surtout, ce qui nous semble tout aussi improbable.
Pour 2025 aussi, l’Etat tunisien table sur des recettes budgétaires de 50,028 Milliards DT, dont 63,9 % en ressources propres et en hausse de 2,717 Milliards DT par rapport à 2024. L’Etat tunisien compte aussi dénicher 45,249 Milliards DT en recettes fiscales dans les poches de ses citoyens en personnes physiques et morales, dont 42,8 % en impôts directs et 57,2 % en impôts indirects comme les DD, la TVA, la TC et autres Flouze, directement dans les poches du contribuable.
Et comme toutes les années, le budget 2025 compte dépenser (59,828 Milliards DT) plus que ses recettes (50,028 Milliards DT), donner toujours plus de salaires (24,389 Milliards DT) pour avoir plus d’impôts à récolter et promettre encore plus d’augmentations salariales. Et malgré ces chiffres de la masse salariale, toujours à la hausse, la Note sur le budget 2025 dit que cette masse ne représentera que 13,3 % du PIB, en baisse de 3,2 points, précise-t-elle. Le même document indique que les dépenses de financement, dits aussi remboursement de la dette, devrait mobiliser 6,487 Milliards DT, un peu moins que les 6,838 Milliards DT de 2024.
– L’Education, l’Industrie, et l’Intérieur, au Top 3 du Budget 2025
L’année prochaine, le plus gros budget (Plus de 8 Milliards DT en petite hausse) ira au ministère de l’Education, qui reste la priorité des priorités de la Tunisie. Il n’est pas très loin des 7,5 Milliards DT qui iront au ministère de l’Industrie, des mines et de l’énergie qui restera au même niveau que 2024. Et en 3ème position des plus gros budgets 2025, le ministère de l’Intérieur (5,931 Milliards DT en très légère hausse). Le budget de la Défense augmenterait de plus ou moins 500 MDT, pour se situer à 4,5 Milliards DT, juste devant la Santé, ministère auquel sera alloué un budget de 4 Milliards DT.
Au passage, on remarquera qu’il n’y aura toujours pas de Cour Constitutionnelle, que le budget de l’ISIE hausserait à 23 MDT, en grosse baisse après les 192,469 MDT de 2024, que le budget du Conseil supérieur temporaire de la magistrature baisserait, de 2,207 MDT à 1,576 MDT. Les Députés disposeraient de 43,193 MDT, la 2ème Chambre ou CNRD, de 15,610 MDT. La Présidence du gouvernement disposerait de 271 MDT, et la présidence de la République de 214,259 MDT.
– TGV, Tunisair Port d’Enfidha : les oubliés du Budget
Nerf de la guerre pour le développement économique, le secteur du transport a été au centre de plus d’une inopinée visite présidentielle pour en souligner le souci, et on s’attendait à plus d’investissement au ministère du Transport dont le budget dépasserait le 1,076 Milliard DT en 2025. Le rapport sur le projet de budget de l’Etat pour l’exercice 2025 fixe le budget de la « mission » du transport, à 364,6 MDT. Pour le volet investissement et les projets à financer pour 2025, il cite des projets de la SNCFT pour la somme de 54,6 MDT, essentiellement pour des travaux de mise à niveau de certaines lignes ferroviaires, comme la 6 qui devrait relier Tunis à Kasserine. Mais pas d’achats de nouveaux wagons ou autres.
La Société de transport de Tunis devrait avoir un budget de 20,2 MDT, dont des travaux sur le réseau du métro, dont le TGM, et des travaux dans les entrepôts de Zahrouni, Bab Saadoun, la Charguia et Bir El Kassaa.
Le budget de l’Etat 2025 devrait consacrer l’enveloppe de 149,9 MDT pour la ligne D du RFR. Mais aussi et surtout 5,7 MDT pour les travaux préparatoires du métro-léger de Sfax. Et également 9,9 MDT pour la maintenance des navires de la société nouvelle de transport de Kerkennah.
Il est à noter l’absence de tout projet d’investissement, ou un quelconque budget même pour une quelconque étude ou changement du réseau ferroviaire, pour le projet de TGV reliant le nord et le sud de la Tunisie, comme en parlait Kais Saïed le 17 septembre 2024 avec Kamel Madouri. On ne trouvera rien dans ce projet de budget de l’Etat 2025, non plus, qui concernerait Tunisair. Le document du ministère des Finances que nous nous sommes procurés, ne citait même pas le secteur du transport aérien dans ses desseins d’investissement. Ni d’ailleurs un quelconque projet d’investissement pour le port en eau profonde d’Enfidha.
Les grands oubliés sont nos collèges et lycées qui restent malheureusement sans salles de révisions pour les malgré les heures creuses sans limites qui obligent nos enfants à rester dans la rue avec les graves conséquences que cela entraîne !