AccueilLa UNETunis : Le gouvernement Larrayedh a-t-il les coudées franches ?

Tunis : Le gouvernement Larrayedh a-t-il les coudées franches ?

Généralement, un nouveau gouvernement est crédité d’une forme de bénéfice du doute que le jargon politique désigne sous l’expression d’état de grâce où l’opinion publique d’un pays est majoritairement favorable aux nouveaux dirigeants qui viennent d’accéder au pouvoir. Les journalistes parlent aussi souvent des « 100 jours » comme étant une période privilégiée pour une nouvelle administration.

Est-ce bien le cas du gouvernement Ali Laarayedh ? On en doute fort au vu du barrage de critiques qui a accueilli, d’abord, les péripéties de sa formation, puis la présentation de son programme pour les neuf mois que devrait durer son mandat, et qui excelle par son indigence en nouveautés, et enfin au regard des premières mesures qu’il a prises, à dose homéopathique, du reste, loin , très loin de l’électrochoc que l’on attendait pour persuader les Tunisiens que ce gouvernement va changer radicalement les choses. Ce faisant, on est à mille lieues d’une révolution copernicienne qui aurait valeur de plateforme d’envol pour ce qui fédèrerait les Tunisiens autour d’un projet qui les arrache à la condition qui la leur.

Il est vrai que la composition du la nouvelle équipe ministérielle pèche par une tare rédhibitoire manifeste. N’est-elle pas constituée aux trois-quarts de figures, blanchies sous le harnais du gouvernement sortant, certes, sans pour autant convaincre de leur « savoir-gouverner » ni de leur rectitude dans la gestion de la chose publique, sans omettre d’insister, bien évidemment, sur leur lien ombilical avec les partis d’une troïka beaucoup moins attachée à mener le pays à bon port qu’à conserver indéfiniment les rênes du pouvoir.

On pourrait objecter à cette assertion le fait que les ministères de souveraineté, interminable pierre d’achoppement, ont changé de titulaires. Mais, en y plaçant d’illustres inconnus dont les précédents états de services ne les prédestinent pas aux charges qui leur ont été confiées, la troïka s’assure sans doute une marge qui la fonde à garder la mainmise sur les départements régaliens. D’ailleurs, l’opposition s’est vite posé la question de savoir si les 4 nouveaux ministres ne sont pas, en fait, des hommes liges manipulables à souhait.

Pour autant, peut-on se demander si le chef du gouvernement lui-même, Ali Laarayedh n’en est pas un, lui qui vient du fin fond du mouvement Ennahdha et qui a l’incontestable bénédiction du chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi. S’aviserait-il à aller à contre-courant des dogmes de son parti et à ne pas déférer aux vœux de Monplaisir ? Voici deux interrogations auxquelles on ne peinerait pas à trouver de convaincantes réponses tant le décor du nouveau gouvernement est si bien planté et tant la conviction générale est faite que le chef du gouvernement et, dans son sillage, toute l’équipe dont il a choisi de s’entourer, sont là pour mettre en œuvre mutatis mutandis ce que décide le chef du parti islamiste et, accessoirement, son état-major.

Ceci, alors que des chantiers gigantesques sont sur la table du gouvernement. Sans qu’il y ait lieu de penser que ce dernier à une baguette féérique pour apporter les solutions que requiert la situation dans le pays, on ne manquera pas d’entrevoir le mode et les ressorts qui guident et guideront sans doute l’action de ce gouvernement. Pour s’en convaincre , il n’y a qu’à se référer à la batterie de mesures qu’il a prises récemment pour combattre la hausse de plus en plus vertigineuse des prix et préserver le pouvoir d’achat des citoyens. On n’y trouve rien ou si peu qui puisse constituer une nouveauté par rapport à ce qui avait été tenté auparavant, et si vainement. De quel pouvoir le gouvernement disposerait-il pour juguler, par exemple, le fléau de la contrebande, alors que les forces de sécurité, de l’armée et des douanes sont si peu outillées pour le faire, et que , à chaque intervention de leur part, les accrochages ne tardent pas à éclater et que les contrebandiers tirent victorieusement leur épingle du jeu.

Ceci est un exemple parmi tant d’autres qui renseigne sur la capacité du gouvernement à conduire les tâches dont il est redevable et qui sont, convenons-en, redoutables et titanesques, au regard des moyens dont il dispose et de la culture du pouvoir sous le faix de laquelle il croule, mais surtout de la durée de mandat qui lui est impartie, alors qu’il a une obligation de résultat, en l’absence de laquelle, son œuvre serait immanquablement vouée à l’échec.

Et puis, quel programme économique et social le gouvernement a-t-il échafaudé pour donner une perspective de relance et de redressement à un peuple qui en a tant besoin et qui attend sans voir le bout du tunnel. D’autant plus que c’est dans son vécu que le Tunisien est touché, et encore davantage dans les horizons qui se dessinent pour l’avenir en termes de chômage, de développement régional, de bien-être social, de croissance économique, en un mot, de futur.

Mohamed Lahmar

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