Du 13 au 14 juin prochain, la Tunisie organisera le «Tunisia Investment Forum», pour essayer de dessiner les contours d’une «nouvelle stratégie durable d’investissement». Cet évènement économique, en sera à sa 7ème édition. Celui de l’année 2013 devrait voir s’organiser une réflexion sur l’attractivité des IDE innovants dans la région de la Méditerranée. Un autre workshop devrait discuter de l’implication des compétences tunisiennes dans le processus de développement. Tout cela, sans oublier les rencontres B2B.
Malgré l’optimisme de la Fipa (Foreign Investment Promotion Agency), il est permis de se poser quelques questions sur les perspectives d’un tel évènement. Sans verser dans le pessimisme, il n’est, en effet, pas inutile de rappeler que le TIF s’organise dans un pays dont la notation souveraine a été dégradée par toutes les agences de notation. Il s’organise aussi, dans un pays désormais écarté de tous les classements en matière de compétitivité. Presque tous les observateurs de la conjoncture tunisienne avaient mis en relief le flou politique et la période de transition qui n’en finit plus et leur impact sur les conditions de l’investissement en Tunisie. Malgré l’adoption de la feuille de route, selon laquelle le TIF devrait coïncider avec la fin des travaux d’écriture de la nouvelle Constitution, la conjoncture tunisienne reste floue et fortement perturbée par une situation sociale, toujours tendue. On retiendra ici la déclaration du SG de l’UGTT (Centrale syndicale) au quotidien Al Maghreb où il affirmait que le document du pacte social, dernièrement, signé avec l’Utica (Centrale patronale) n’inclut pas un accord sur la paix sociale.
Le dernier bilan, celui de l’année 2012, concernant les IDE en Tunisie, fait état de 123 nouvelles créations et 185 extensions, soit la création de 10.263 emplois. Il y a cependant en face aussi, 130 fermetures ou départ, pour diverses raisons. Les deux chiffres s’annuleraient presque, réduisant ainsi l’effet des nouvelles créations ou extensions, sur l’emploi et l’économie tunisienne en général.
Les chiffres dont nous disposons ne sont pas aussi détaillés qu’on le voudrait. Le gros du lot des IDE qui ont fermé (93), sans pour autant qu’on parle de délocalisation, nous explique-t-on, l’auraient fait pour des problèmes de commercialisation. Mais comme cette dernière est aussi liée à la production, on pourrait facilement lier ces fermetures à la conjoncture sociale, encore tendue, et au flou politique qui persiste en Tunisie. Le pays aura ainsi perdu plus de 93 MDT.
Il n’est pas inutile non plus de rappeler que la moyenne annuelle de «fermetures », sur les 10 dernières années en Tunisie, était de 120 entreprises étrangères et que la taille des entreprises les plus touchées était entre 10 et 50 emplois. Force est pourtant de constater que le nombre de fermetures, dites aussi, décès d’entreprises, était passé de 136, en 2010, à 153 entreprises «décédées», en 2011. Le grabuge de la révolution expliquait aisément cette montée en puissance des fermetures.
Il est important, donc, que le prochain TIF planche sérieusement sur les conditions d’investissement qu’il se propose de présenter aux potentiels investisseurs qu’il compte inviter. Il est tout aussi important que les organisateurs du TIF, sachent trouver les mots qui pourraient convaincre ces investisseurs, que le retrait de la Tunisie de presque tous les indices de concurrence, n’a rien à voir avec la situation politique qui ne se stabilise pas, dans le pays du jasmin flétri, ni avec une situation sociale qui ne se calme pas non plus, les grèves ayant déjà enregistré, en janvier dernier, une hausse de 84 % par rapport au même mois de l’année 2012 (chiffre du ministère des Affaires sociales).
Ka. Bou.