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Tunis : L’expert qui n’a pas froid aux yeux et qui démonte la LF 2016

Comme il le fait chaque année, l’expert-comptable, membre du conseil national de la fiscalité, Fayçal Derbel publie ses «analyses et commentaires explicatifs » de la loi des Finances (LF) 2016. Nous n’en dévoilerons que l’introduction. Derbel n’y a pas «sa langue dans sa poche». Il y affirme d’abord que la nouvelle LF intervient après une ancienne, celle de 2015, qui n’a presque rien réalisé de ce qui avait été promis. Les promesses n’engageant que ceux qui les croient, Derbel met en doute les prévisions sur lesquelles a été bâtie la LF 2016, un texte qui n’a rien d’économique et qui consacre la «prééminence de la paix sociale sur l’efficacité économique».

«Dans un contexte orageux marqué par une montée sans précédent des idéologies séparatistes, la

Tunisie a malheureusement été la cible de plusieurs attentats terroristes faisant des dizaines de morts, et dont le but était de compromettre l’impressionnante transition politique et de la faire dérailler à l’instar de ce qui s’est passé chez le voisin libyen. Ces attentats n’ont pas tardé à plonger l’économie dans une atonie très aigue et à susciter des inquiétudes face à des fréquentations touristiques qui s’érodent, à des investissements qui chutent et à un volume d’endettement qui s’envole.

A cela, il faut ajouter que le climat social fébrile et tendu a fortement contribué à compromettre toute embellie économique espérée ; les centaines de milliers de jours de travail perdus, le rang très avancé du pays dans l’indice du «taux de grève » en sont les meilleurs, mais non les seuls, témoignages.

La situation s’est davantage empestée par une politique publique qui, pour acheter la paix sociale et éviter une « grève historique » s’est offerte la munificence et la magnificence de doper les rémunérations publiques au point où leur part dans le PIB a effleuré un record mondial selon les dires de la directrice générale du FMI.

Dans cette conjoncture économique singulièrement tumultueuse, les réalisations de l’année se sont notoirement et largement écartées des prévisions faites en début d’année et ajustées par la loi de finances complémentaire du mois d’août 2015 :

  • Avec trois trimestres consécutifs de croissance négative, l’acquis de croissance au titre de toute l’année serait de 0,3% alors que les lois de finances, initiale et complémentaire, prévoyaient des taux respectivement de 3% et de 1%.
  • L’endettement a enregistré en 2015 une envolée remarquable estimée à 2,7% en passant de 40.621 MDT (49,2%) à 45.400 MDT (51,9%).
  • Après une « trêve » de deux années de suite, le chômage a repris sa tendance haussière pour atteindre 15,3% et franchir le cap des 620.000 chômeurs.

La situation aurait été chaotique n’eût été la saison agricole exceptionnelle qui a basculé la balance alimentaire d’une couverture de 53,8% à fin octobre 2014 à une couverture de 104,6% à la même date de l’année écoulée, et qui a été jumelée à une baisse considérable du prix du pétrole.

L’année 2016 s’annonce, semble-t-il, économiquement meilleure, du moins selon les estimations et les prévisions budgétaires.

Malgré une année agricole qui s’annonce nettement moins bonne que celle de l’année passée au vu des retards des pluies, la détérioration de la productivité du travail et la persistance des menaces terroristes, les données budgétaires de 2016 prévoient un ensemble d’indicateurs qui laissent augurer d’un profilage économique trop optimiste, basé essentiellement sur :

  • Un taux de croissance de 2,5% (contre 0,3% en 2015) ;
  • Un déficit budgétaire de 3,9% (contre 4,8% en 2015) ;
  • Une mobilisation d’emprunt de 6,6 Md DT (contre 6,7 Md DT en 2015) ;
  • Des recettes fiscales de 20,6 Md DT (contre 18,5 Md DT en 2015) ;
  • Une rémunération publique de 13 Md DT (contre 11,6 Md DT).

Ce dernier indicateur démontre, si besoin est, l’option prise pour une prééminence de la paix sociale sur l’efficacité économique. Loin d’être judicieux, ce choix pourrait à la limite être justifié, s’il va être  réellement mis fin aux grèves et autres formes de contestations sociales. Ajoutée à une éradication totale de la gangrène terroriste, ainsi qu’à un «repêchage » climatique en se rattrapant sur le restant de la saison, la paix sociale contribuerait à la réalisation des objectifs budgétaires précités ou du moins à s’en rapprocher sensiblement ».

ANALYSE DU BUDGET : LES COMPOSANTES
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LES RESSOURCES PROPRES
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On notera dans ces deux tableaux de F. Derbel, que le gouvernement table sur une hausse de 7,1 % de ses ressources propres et une légère baisse de 2,2 % des ressources d’emprunt. On y lit aussi que les dépenses de fonctionnement augmenteront plus vite que celles du développement.

De son côté, Derbel fait noter que «malgré la baisse des taux des droits de consommation, le maintien inchangé du barème de l’IR, et la non reconduction de la redevance de compensation», «l’augmentation espérée des recettes fiscales (+11.3%) résulterait de la rationalisation des modes et des régimes d’imposition envisagée dans le cadre des nouvelles mesures fiscales prévues par la loi de finances pour l’année 2016 ».

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1 COMMENTAIRE

  1. En voilà un Expert qui ne sait pas complimenter les amateurs ni féliciter les bricoleurs. Durant les 5 ans de mauvaise gouvernance socio-économique, notre élite a majoritairement été soit complice soit complaisante.

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