AccueilLA UNE IDTunis : Qui voudra investir dans ce p… de pays ?

Tunis : Qui voudra investir dans ce p… de pays ?

Deux évènements. Le premier est récent. Le second est à venir. D’abord, la rencontre entre officiels tunisiens et investisseurs américains aux USA à l’occasion de la visite du chef de l’Etat tunisien BCE. Ensuite, le «Tunis Investment Forum» qui devrait se tenir à Tunis, les 11 et 12 juin de cette année. Deux évènements qui appellent beaucoup de questions. Toutes se réduisent à une seule : qui voudrait investir dans ce pays qu’est la Tunisie ?

L’ancien chef de gouvernement Hammadi Jbali avait un jour dit cette célèbre phrase, «le Razmal est Jaben», traduisez «le capital est couard». Le dicton est fort connu dans la culture arabe. Il signifie que le capital a besoin d’un climat d’investissement serein, de la paix sociale et de conditions préférentielles pour choisir le pays ou la région du pays où il va investir. C’est tout cela qui fait, depuis 2011, défaut en Tunisie.

Cette Tunisie, dont tous les habitants, riches et pauvres, employés et chômeurs, hommes d’affaires et petits entrepreneurs, attendent le développement, comme on attendrait la panacée ou carrément le Messie, ne saurait pourtant rebondir sans investissement

> La Tunisie cherche, depuis 2012, à refaire le code de l’investissement. Elle n’y arrive toujours pas. Elle perd ses atouts préférentiels, l’un après l’autre. Son classement dans les livres de chevet de tout investisseur étranger, comme le «Doing Business » ou le World Economic Forum, se détériore année après année. Elle a perdu son principal atout attractif qu’était le coût de la main d’œuvre, élément important dans les coûts des facteurs de production. Les autres facteurs, comme l’électricité, les carburants, le transport ou autres, ont tous été augmentés sous la pression de sa caisse de compensation. Depuis 2011, la Tunisie a aussi perdu l’autre atout concurrentiel qu’était la stabilité sociale, avec un régime politique où personne ne peut gouverner de main de maître.

> La Tunisie souffre, depuis 2012, d’un syndicat ouvrier qui ne maîtrise plus ses troupes. Les grèves, légales ou sauvages, se multiplient et prolifèrent pour un oui ou pour un non. Un syndicat ouvrier qui se prend pour le maître de céans et s’indigne que le gouvernement ne prenne pas son avis avant de décider d’appliquer la loi qui prévoit de prélever le solde des jours de grève.

> La Tunisie de l’après Révolution est désormais un pays où les sociétés pétrolières étrangères, sont presque «persona non grata», des sociétés que tout un peuple voudrait, dispositions constitutionnelles à l’appui, auditer et leur demander des comptes. Des sociétés pétrolières qui se font presque racketter, socialement et financièrement et qui explorent des ressources que tout le monde en Tunisie voudrait nationaliser. Il y en a même, comme l’ancien président provisoire Moncef Marzouki, qui demandent que les ressources pétrolières servent au financement du budget de la région du Sud en Tunisie.

> La Tunisie est désormais un pays où la corruption s’est «démocratisée». Avec Ben Ali, elle était contenue dans le cercle restreint des familles du chef de l’Etat. Elle est désormais le fait d’une mafia nettement plus importante et plus puissante. Elle gangrène toute la société et toutes les institutions qui devaient être les gardiens du temple, des finances publiques et de la justice.

Qui irait donc mettre son argent dans un pays où l’Etat lui-même n’arrive plus à réaliser les quelques investissements publics qu’il a pu budgétiser. Devant les Gouverneurs, la fin de la semaine dernière, le chef du gouvernement tunisien avouait qu’un audit fait dans les comptes de quelques gouvernorats du Nord-ouest a démontré que 1 milliard DT, normalement alloué à des projets, a été dépensé en dehors des fins pour lesquelles il a été alloué.

Qui irait aussi, sauf s’il y est obligé comme comptent le faire ceux qui défendent la justice transitionnelle, dans un pays où le patronat privé fait l’objet d’une campagne de dénigrement par le principal syndicat ouvrier et se retrouve mis au pilori par les partis politiques tunisiens.

Avant de terminer, notons cette information, pas réjouissante, mais on commence à prendre l’habitude dans la Tunisie de la révolution. Les investissements industriels, 100% étrangers et en partenariat, ont baissé de 47,4 % au cours des trois premiers mois de cette année, la 5ème de la révolution d’un jasmin qui devient putride. Manifestement, la révolution, dans son sens destructeur, ne s’est pas encore terminée en Tunisie.

Khaled Boumiza

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -