AccueilLa UNETunis : Soumaya Ghannouchi se déchaîne contre Denis Ross

Tunis : Soumaya Ghannouchi se déchaîne contre Denis Ross

Dans un article publié sur le Huffington Post, signé « Soumaya Ghannouchi, écrivain tunisien de nationalité britannique et spécialiste du Moyen-Orient », et intitulé « La recette de Denis Ross pour un désastre au Moyen-Orient », la fille du chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, résidant à Londres, s’est livrée à une violente diatribe contre l’ex-diplomate américain Denis Ross , en réaction à un article que celui-ci a publié sur les colonnes du New York Times sous le titre : « Les islamistes ne sont pas nos amis ».

Elle écrit en exergue de son article que « les voix qui ont été mises en sourdine depuis la chute des dictateurs en Egypte et en Tunisie se font de nouveau entendre. L’une d’elles est celle de Dennis Ross, qui a récemment publié un article dans le New York Times demandant ouvertement à l’administration américaine d’apporter de nouveau son soutien à ses «amis et partenaires» dans la région. Qu’il n’y ait plus de confusion sur ceux qui peuvent l’être, et Ross n’hésite pas dans son article intitulé «Les islamistes ne sont pas nos amis » de les définir dans des termes explicites. Ce sont « les monarchies traditionnelles, les gouvernements autoritaires, et les réformateurs laïques qui peuvent être peu nombreux, mais qui n’ont pas disparu. » Ils offrent la seule lueur d’espoir dans un océan arabe par ailleurs sombre. Ils peuplent la petite île qui devrait servir de porte d’entrée unique de l’Amérique dans la région et lui permettre de s’y tailler une place. Oublions le milliard et demi de musulmans à travers le monde, «nos» intérêts se situant exclusivement chez ces quelques élus, et les politiques que «nous» poursuivons devraient dépendre entièrement d’eux », déclare-t-elle.

Et d’ajouter : « Tous les autres sont bannis et rangés dans une large et vague catégorie intitulée «l’islamisme». Dans ce pot gigantesque, les modérés d’Ennhadha en Tunisie, d’Abim en Malaisie, et les réformistes de l’Iran se trouvent subitement et tout d’un coup jetés aux côtés des fous d’Al-Qaïda et de l’Etat islamique à l’extrémité opposée du spectre islamique. Les différences intellectuelles et politiques énormes qui les distinguent ne comptent plus. Les sunnites, les chiites, les démocrates, les modérés, les salafistes, les extrémistes et les anarchistes violents sont regroupés et cohabitent ensemble dans un seul bloc monolithique, un exemple flagrant de réductionnisme, de simplification et de daltonisme ».

« A l’instar de nombreux pseudo-libéraux, souligne Soumaya Ghannouchi, le discours de Ross regorge de contradictions. Tout en appelant au soutien des autocrates endurcis et des dictateurs impitoyables, ils feignent encore d’exprimer un engagement indéfectible envers «nos valeurs» et les «traditions démocratiques et pluralistes». La démocratie, les droits et les libertés deviennent dès lors un mince vernis facilement déployé pour dissimuler la laideur des stratégies égoïstes et des politiques menées sur le terrain une feuille de vigne derrière laquelle l’intérêt personnel myope cache sa nudité ».

« L’administration américaine a besoin de réfléchir à la direction dans laquelle la région serait plutôt engagée. Elle doit décréter quel Islam elle veut: un islam pacifique et démocratique, crucial pour toute poursuite de réelle stabilité à long terme, ou un l’Islam anarchique et destructeur d’Al-Qaïda et de l’Etat islamique, avec ses racines ancrées dans l’absolutisme du wahhabisme saoudien », se demande-t-elle.

« La première vague du «printemps arabe» a peut-être reflué sous le poids écrasant des conspirations de «nos» alliés du Golfe pour détruire la vie politique – avec les pétrodollars et l’anarchie fabriquée – où que soit enregistrée une volonté arabe de changement. Les amis de Ross, qui ont dansé et applaudi quand l’Egypte a sombré dans l’abîme sanglant des coups d’Etat militaires, peuvent réussir à retarder le changement. Mais ce ne serait que pour un moment. Eux et leurs patrons à Washington et en Europe pourraient bientôt se rendre compte que les revendications des masses arabes à l’autodétermination à travers des constitutions démocratiques, des parlements librement élus et des gouvernements représentatifs responsables peuvent se révéler trop difficiles à enterrer, pour la simple raison qu’elles sont authentiques et tout à fait légitimes », conclut Soumaya Ghannouchi .

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