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Tunis-Taux de croissance :Qui croire?

En fait de taux de croissance, la Tunisie ne sait plus sur quel pied danser. Les chiffres varient et même fluctuent selon les sources au point de vouloir dire la chose et son contraire. Si la BERD, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement prévoit un taux de 2,8% en 2015, le gouvernement s’en tient à ses 3%, et le ministre des Finances, Slim Chaker vient de le réaffirmer. Dans tous les cas de figure, on ne serait pas dans la posture de 2014 où le taux de croissance n’avait pas dépassé les 2,3%.

Pour les analystes de la BERD, la performance économique du pays demeure toujours freinée par des retards dans les réformes économiques et financières, une lente reprise dans la zone euro, la persistance des troubles sociaux et les problèmes sécuritaires tant au plan national que régional.

On remarquera que la nouvelle prévision 2015 représente une décote de 0,2 points de pourcentage par rapport aux prévisions en janvier, en raison d’une détérioration de l’environnement de sécurité ces derniers mois (Attaque du musée du Bardo), ce qui devrait avoir un impact négatif sur le tourisme et l’investissement, d’après la Banque européenne.

Bien qu’il développe un argumentaire assez voisin, le ministre tunisien des Finances annonce qu’il est de l’ordre du possible que le taux de croissance de l’économie tunisienne s’établisse à 3% cette année. Une perspective jumelée cependant à la maîtrise les dettes publiques qui dépassent actuellement la barre de 40,6 milliards de dinars, et à la condition que le taux de change se stabilise à 1,810 dinar par rapport au dollar et surtout que le prix du baril du pétrole ne dépasse pas les 60 dollars. Un schéma qui ne devait pas être pris pour de l’argent comptant, d’autant que, a reconnu Slim Chaker, « le pouvoir de l’Etat dans les régions est faible », ce qui s’est traduit par le blocage de 50% du budget de l’Etat consacré au développement régional, par un manque d’investissements publics et l’effet négatif de cette situation sur le secteur privé,, le tout adossé à une absence criante d’une vision globale du développement des régions.

Le reste n’est pas logé à meilleure enseigne. Par exemple, il y a l’endémique crise du bassin minier où la production du phosphate a chuté de 40% et les dérivés de phosphate de 48%, privant le pays de consistantes ressources financières plus est en devises pour relancer l’économie et atténuer un tant soit peu la grogne sociale non seulement sur place mais également presque partout dans le pays où les rangs des chômeurs, surtout ceux des diplômés se gonflent à vue d’œil et où le pouvoir d’achat de ceux qui travaillent est notoirement laminé, alimentant la spirale revendicative des salariés.

L’autre source nourricière de l’économie, le tourisme est bien en peine de se relever des retombées de la Révolution et des troubles par elle induites. Et l’attentat du musée du Bardo a encore envenimé les choses. Le nombre de nuitées a baissé de 11% au cours du premier trimestre de l’année actuelle, les arrivées aux frontières ont diminué de 14% et les recettes touristiques ont chuté de 7%.

Résultat des courses (d’obstacles) : le pays passe par une période difficile et est dans l’obligation d’optimiser la gestion de ses ressources financières pour pouvoir mieux répartir les richesses. Le verdict est sans appel, aggravé par le fait que la moitié du budget de l’Etat est accaparée par 5 ministères, ceux de l’éducation, la santé et l’enseignement supérieur mais aussi les départements de l’intérieur et de la défense.

Seule note positive d’ailleurs toute relative dans ce tableau, les exportations globales ont légèrement évolué, au cours de la même période de l’année en cours, de 1,5%, tirées principalement par l’évolution des exportations de l’huile d’olive qui ont été multipliées par 10 par rapport à la même période de l’année écoulée. Les importations ont, quant à elles, baissé de 5%, ce qui a ramené le taux de couverture de la balance commerciale à 75%.

Il est dès lors dans l’ordre des choses de se demander s’il y a lieu de donner crédit à la perspective d’un taux de croissance de 3%, à la fin de cette année. D’autant que les chefs d’entreprise semblent peu enclins à investir, occupés et préoccupés qu’ils sont par des mouvements sociaux auxquels ils sont appelés à faire face au quotidien. Au point que l’organisation patronale ne s’est pas gardée de livrer un verdict sans appel : « l’entreprise tunisienne est en péril ». Et ceci veut tout dire !

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