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Tunis : Une vie politique, toujours rythmée par les morts et le sifflement des balles !

Ali Larayedh regardait, comme toute la Tunisie qui en a marre de lui, les quelques milliers de personnes que le sentiment de ras-le-bol a fini, ce 23 octobre 2013, par faire sortir à aller scander sous sa fenêtre de s’en aller. Le chef du gouvernement, d’un parti islamiste qui n’arrête plus de chuter dans les sondages, comptait certainement la foule et jaugeait une situation qui finira par lui apparaître pas assez contraignante, pour qu’il délivre les millions de personnes qui n’attendaient plus que son départ de La Kasbah. Il finira par tenir un point de presse, d’une durée d’une minute au plus et sans questions, où on entendrait presque Marzouki qui répéter ses trois « je ne démissionnerai pas ». L’opposition tunisienne n’a manifestement pas réussi à mobiliser assez de Tunisiens en colère, pour le déloger. Elle échouera, comme elle a déjà échoué à dégager l’ANC (Assemblée Nationale Constituante) et imposer la feuille de route qui deviendra une feuille nahdhaouie de la feuille de route des quatre parrains. Tout cela confirme encore une fois, si besoin est, la langue fourchue du parti au pouvoir. Le lapsus d’Abdessattar Moussa, [il parlera du dialogue, en évoquant un âne. La quasi consonance des deux termes (Hiwar et Himar) en langue arabe l’excuserait peut-être] n’était manifestement pas loin de la vérité..!

«Un pas en avant, un pas en arrière: ils commencent par répondre favorablement à la montée des demandes populaires pour des élections anticipées, puis ils multiplient les détours», écrit Abdul Wahid Majeed, directeur du Centre Al Ahram de traduction et d’édition, basé au Caire. Il faisait allusion aux Frères musulmans de Tunisie qui manœuvrent dans le cadre de l’impasse politique dans le pays sous le titre de «Les frères musulmans de Tunisie jouent leur dernière carte».

Entre-temps, la Tunisie, à qui tous les responsables avaient il y a quelques jours dit que le terrorisme était désormais sous contrôle, se retrouve encore endeuillée. Alors qu’elle finissait à peine d’enterrer trois de ses guerriers du terrorisme islamiste et renvoyaient les trois présidents de la cérémonie de funérailles qu’ils avaient retardée pour bien siroter leur café dans le salon VIP de la caserne de Laouina, 7 membres de la Garde nationale tombaient, ce mercredi 23 octobre 2013, sous les balles des terroristes de l’islam moyenâgeux dans de nouveaux affrontements avec un groupe terroriste à Sidi Ali Ben Aoun, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Les blessés ne se comptent pas. Et pour une fois, le ministère de l’Intérieur donne sur le champ un bilan qui passera de 5 à 7, en attendant plus de malheurs !

Endeuillé ou en larmes de crocodile, les voix se taisent à La Kasbah et à l’ANC. On ne parle plus de dialogue national qui vient d’être reporté sine die ou qui piétine, selon les sources. On ne parlera plus, ce soir, dans toutes les télévisions de la Tunisie, de démission du gouvernement Larayedh, d’élections qui ne se dérouleront pas avant avril 2014, comme l’a dit Mustapha Ben Jaafar au journal français Le Parisien. Les sanglots des familles endeuillées sont plus forts et les communiqués d’indignation prendront le pas sur ceux d’Ennahdha, faisant part d’avancées dans le dialogue de sortie de crise.

On fait, peut-être de l’humour noir, mais on pleurerait de rire à vouloir comprendre si tout cela relève de la pure coïncidence ou d’une stratégie de diversion, sans qu’on sache s’il y a vraiment un pilote dans l’avion de cette Tunisie de la Troïka !

Dans la Tunisie d’Ennahdha et de sa Troïka, la vie politique est désormais rythmée par les découvertes de caches d’armes, par le sifflement des balles et le bruit macabre des corps qui tombent criblés des balles d’Ansar Charia. Un groupe terroriste dont le chef, Abou Iyadh, avait été exfiltré sous cape, lorsqu’il allait être arrêté dans une mosquée de Tunis à l’issue de l’attaque de l’ambassade US et qui se balade désormais sous la protection d’un policier.

C’est, en effet, la mort de l’opposant Chokri Belaid qui a mis fin à l’attente, pendant des mois, de la première crise politique qui s’était soldée par le départ de Hammadi Jbali. C’est ensuite la mort de l’opposant Mohamed Brahmi qui réveillera les consciences pour essayer d’accélérer la transition. Les premières discussions à ce sujet piétineront sous l’impact des corps des premiers soldats tombés à Chambi. Et c’est aussi le sourd bruit des corps de 10 Gardes nationaux, qui feront entrer la fin de la crise dans une nouvelle hibernation.

Drôle de révolution et drôle de pays, cette Tunisie qui voudrait continuer à faire du tourisme des IDE (investissements directs étrangers) son fonds de caisse !!

Ka. Bou

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