AccueilChiffreTunisie : Ce qu’Ennahdha veut, Dieu le veut !

Tunisie : Ce qu’Ennahdha veut, Dieu le veut !

Le rideau est tombé sur le feuilleton du gouverneur de la Banque centrale qu’il se soit agi de Mustapha Kamel Nabli ou de Chedly Ayari, mais un autre chapitre s’ouvre sur l’échiquier politique national où le mouvement Ennahdha vient d’apporter la démonstration irrécusable de sa toute-puissance et de son omnipotence face à une opposition déjà affaiblie par ses divisions, mais encore à l’endroit de ses deux partenaires de la troïka.
C’est à se convaincre que rien ne pourra arrêter désormais la machine nahdhaouie dès que ses caciques, Rached Ghannouchi et Hamadi Jebali fixent un dessein, désignent une cible à abattre ou une personne à porter sur les fonts baptismaux. Le cas de Kamel Nabli est là pour étayer certains des  soupçons majeurs  qui pesaient  sur Ennahdha, sur son double langage, sur son « machiavélisme » et sa maîtrise de l’art de nouer  et dénouer les alliances, comme le soutiennent ses détracteurs. On a vu comment l’ancien gouverneur de l’institut d’émission a été fortement soutenu par le chef du gouvernement, puis progressivement lâché, alors que, dans le même temps, son successeur était déjà  dans  le starting-block et préparait son discours d’investiture.  Mine de rien, Hamadi Jebali  passe allègrement d’une situation à l’autre, se livre à toutes sortes d’exercices sans susciter le moindre doute chez  autrui,  et  surtout, on lui donnerait le bon dieu en confession.
En politique, c’est de bonne guerre, rétorquerait-on. D’autant que les échéances à venir dictent à l’équipe au pouvoir des comportements tout à fait spécifiques qui peuvent ne pas correspondre à ce qui est sain et correct, mais qui ont le « mérite » de mener au but. Ce but, s’agissant du dossier qui occupe actuellement le gouvernement est de disposer d’une banque centrale qui ne lui mette pas les bâtons dans les roues et qui  lui soit acquise chaque fois qu’il s’agit de mettre en œuvre des politiques qui peuvent froisser l’orthodoxie monétaire dont la banque centrale est le garant exclusif. Ce qu’a énoncé Chedly Ayari, devant l’assemblée nationale constituante a de qui rassurer  le gouvernement, et d’aucuns ont vu des gages de fidélité et d’allégeance donnés par le nouveau gouverneur dans la tirade où ce dernier a développé le concept de «  l’indépendance  dynamique et non plus statique » de la Banque centrale.
Il reste à comprendre que la gestion de l’affaire du gouverneur de la BCT a montré combien il a été facile pour le gouvernement et surtout pour le mouvement Ennahdha de faire passer leurs idées , projets et ukases, tout simplement en faisant circuler parmi les militants, et surtout leurs représentants à l’assemblée constituante, le mot d’ordre qui y sied. N’est-ce pas là l’application la plus parfaite de la « discipline de vote »  et de la « solidarité gouvernementale » ?
A vrai dire, tout concourt pour qu’il en soit ainsi : un régime « parlementaire » qui lui va comme un gant, grâce à une majorité systématiquement acquise et toujours confortable et  victorieuse. On peut figurer cet état des lieux comme un schéma où le gouvernement gouverne mal, l’opposition s’oppose à mauvais escient, le président de l’ANC repose sur ses lauriers, et le président de la République  fait  des gaffes. Un décor idyllique pour un gouvernement qui n’a de cesse de faire des promesses sans les tenir ou si peu et qui se sent avoir les coudées si franches qu’il peut édicter la loi qu’il veut au moment qu’il veut.
Il va sans dire que tout ceci n’est nullement du goût de l’opposition, qu’elle opère au sein de la Constituante ou ailleurs au titre de la société civile. Ses représentants à l’ANC sont si frustrés de ne pas pouvoir barrer la route aux lois voulues et imposées par le gouvernement qu’ils sont passés, en si peu de temps, maîtres dans l’art de malice et de chicane, préférant ergoter à l’excès pour retarder l’adoption d’un projet de loi tout en sachant que, in fine, ce sera peine perdue. Cette résistance est de temps à autre ponctuée de quelques éclats dont l’enceinte de l’ANC  résonne encore, notamment, le dernier en date où il a été question de « république bananière ». L’expression a été dite, redite, et fait florès, mais Kamel Nabli a été solennellement limogé et Chedly Ayari intronisé au nez et à la barbe de ceux qui ne veulent pas le voir à la tête de la BCT.L’omnipotente Ennahdha a gagné,  elle a remporté, certes, une victoire sans gloire, mais rien ni personne ne l’empêcheront de refaire le coup, au milieu de l’impuissance générale.      
Mohamed

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