AccueilLa UNETunisie : Drôles de ministre et de ministère public !

Tunisie : Drôles de ministre et de ministère public !

«Belhassen Trabelsi, gendre du président déchu Ben Ali, sera expulsé prochainement du Canada où il réside pour être rapatrié en Tunisie», annonçait, le 16 novembre, Noureddine Bhiri, ministre tunisien de la Justice, au cours de la réunion de presse périodique à la présidence du Gouvernement. De même, il a indiqué que Moez Trabelsi, neveu de Leila Trabelsi, réfugié en Italie, sera lui aussi rapatrié en Tunisie, après que la justice italienne a rejeté le recours qu’il a formé contre l’arrêté d’expulsion le visant. Ni l’un ni l’autre, n’ont été jusqu’ici rapatriés.

Le 9 juin 2012, suite à la visite en Tunisie du Procureur général du Qatar, Ali Ben Ftiss El Marri que Bhiri avait reçu, ce dernier indiquait que Sakher El Materi est demandé par la justice tunisienne, qu’un mandat d’amener a été lancé à son encontre , mais que l’exécution de ce mandat tarde, juste pour des questions de procédures.

Le 14 décembre 2012, Noureddine Bhiri annonçait que Sakher el Materi, gendre du président déchu Ben Ali, a été arrêté aux îles Seychelles. IL précisait même, à Africanmanager, qu’El Materi était soumis à un interrogatoire, en vertu d’un mandat d’Interpol et que les autorités tunisiennes s’emploient à obtenir son extradition. C’est le gouvernement des Seychelles qui le démentira. Et Sakher El Materi court toujours, tout comme Ben Ali et d’autres recherchés.

Le 19 décembre, il répond à la lettre ouverte de Sami Fehri, en désavouant complètement la justice tunisienne dont il est le ministre. Il a estimé que la cour de cassation n’est pas compétente pour statuer sur les pourvois formés contre les mandats de dépôt et a renvoyé le dossier de nouveau devant la chambre de mises en accusation à la cour d’appel de Tunis, autrement composée».

Le 21 décembre, alors qu’éclatait l’affaire Sami Fehri et tous les dépassements du ministère public dont il a la charge en tant que ministre de la justice, Noureddine Bhiri déclarait, dans une interview à la chaîne « Al Moutawasset », qu’il avait reçu des menaces de mort par téléphone, si le patron d’Attounissia Sami Fehri n’est pas libéré, rapportait Radio Shems Fm.

Le ministre voyait, depuis octobre, le mal partout et annonçait, depuis l’affaire de la jeune fille violée où il voyait plutôt «une manière d’attenter à la position des ministères de la Justice, de l’intérieur et de la magistrature, en prévision du 23 octobre 2012 (NDLR, date de la fin de la légitimité électorale, selon l’opposition) ».

Le ministre annonçait, à titre d’exemple, depuis juillet dernier, l’ouverture d’une enquête sur les coupures de l’eau qui avaient émaillé les chroniques de tous les journaux de la place. Une enquête dont on ne connait toujours pas l’issue. Le ministère public emprisonnera un directeur de journal qui a publié la photo d’un joueur de football tunisien et sa petite amie. Le ministre de la Justice n’ouvre pourtant pas une enquête sur les responsabilités dans les attaques perpétrées par les Ligues de protection de la Révolution contre des personnalités tunisiennes et des biens publics et privés.

Le parquet ne bougera pas non plus. Il ne fait rien contre des journaux qui diffament et parlent d’autres Tunisiens avec des mots, les uns plus diffamatoires et plus insultants que les autres. Il n’ouvrira non plus nulle enquête sur ce qui s’est passé à Djerba et avant cela à Sfax et dans bien d’autres régions. Le ministère public est plus prompt, à en croire Babnet, à enquêter sur ce que disent des artistes comme «Migalou» ou le monologuiste d’Attounissia.

Et alors qu’il s’épanche sur le cas Sami Fehri chez Nessma TV, le ministre de la Justice observe un mutisme troublant sur d’autres cas d’arrestations qui s’éternisent, dépassent les délais réglementaires et restent sans procès diligents et sereins. Des cas comme celui de Slimane Ourak, ancien DG de la Douane toujours sans jugement et autant d’autres prisonniers qui ressemblent à s’y méprendre à des prisonniers politiques.

Il ne dit pas non plus quel sort a été réservé à tous les dossiers de corruption concernant des juges et qui lui ont été transmis par l’ancienne Commission de lutte contre la corruption et par la nouvelle Instance de lutte contre la corruption.

Un ministre et son ministère public, qui se déjugent tellement à tout bout de champ jusqu’à frôler le déni de justice, qui ne font pas la part des choses entre politique et justice, jusqu’à frôler l’arbitraire et donnent ainsi une pitoyable image d’une justice qu’ils sont censés administrer et d’une justice qui se débat encore dans des contradictions procédurales et de fond, dans des affaires dont ils sont saisis et qu’ils sont censés résoudre dans des délais raisonnables, de manière à sauvegarder les droits et les intérêts des justiciables, quels qu’ils soient, de l’ancien comme du nouveau régime et à consacrer le sacro-saint principe de présomption d’innocence.

Khaled Boumiza

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