AccueilLa UNETunisie : Flambée de grève en février. L’analyse d’Abdessattar Mabkhout.

Tunisie : Flambée de grève en février. L’analyse d’Abdessattar Mabkhout.

Selon les dernières statistiques du ministère tunisien des affaires sociales, le climat social demeure alarmant par rapport à la période précédente. Le nombre des grèves déclenchées durant le mois de Février a en effet augmenté de 89 % comparé au mois de janvier 2012, même si l’on remarque aussi une baisse de 34 % par rapport à février 2011. L’amélioration des conditions de travail (38%) et le versement des salaires (34,5%) restent les deux principales raisons des grèves. Des mouvements de protestation donc, qui ne semblent rien à voir avec les préoccupations immédiates des Tunisiens qui sont l’emploi. Seul bémol dans cette situation, le nombre des entreprises touchées par ces mouvements sociaux et ces grèves, qui baisse de 32 % d’une année à l’autre au cours de février. Les grèves ont en fait touché 50 entreprises dont 41 privées et 9 publiques, notamment dans l’école pédagogique de la formation continue à l’Ariana, ainsi qu’au théâtre national et l’agence tunisienne de la sécurité informatique.

Toutefois, le taux de participation aux grèves est passé de 85% en janvier 2012, à 70% en février 2012, ce qui pourrait peut-être signifier un essoufflement des mouvements sociaux, au regard de leur impact sur l’économie. On constate, dans le même sens, la sensible baisse des sit-in dont les services du ministère des affaires sociales n’a enregistré en février que deux, l’une chez la société Power-Tax et l’autre dans la société écologique tuniso-italienne.

Le nombre de journées perdues pour l’économie et pour la production des entreprises, n’en a pas moins progressé par rapport à janvier 2012, passant de 12715 jours à 13574 jours. Les régions les plus touchées par ces grèves, au cours du mois de février 2012, ont été Sfax, Tunis II, Ben Arous et Médenine.

Questionné par nos soins, sur l’impact de tous ces mouvements sociaux, l’économiste Abdessattar Mabkhout, estime que la hausse significative observée ces derniers temps dans le baromètre des expressions de révolte chez les chômeurs et les employés en situation précaire s’expliquent par l’absence de prise de conscience des méfaits de tout acte contraire à la marche normale d’une économie d’un pays en convalescence.

Dans un entretien à Africanmanager, A. Mabkhout a constaté que «la prestation des principaux acteurs politiques aussi bien au niveau du gouvernement qu’au niveau de l’opposition a été marquée par des hésitations manifestes et par un rude apprentissage des attributs de la démocratie». Pour lui, «l’absence d’une véritable vision pour le devenir du pays et le manque d’expérience politique chez les uns et les autres – déjà embarqués dans des affrontements marginaux et contre productifs – ont favorisé une démultiplication de grèves, de sit-in… auprès d’une population habituée à un pouvoir central fort et intransigeant» .

L’économiste tunisien pointe du doigt ce qu’il appelle «la volonté de l’opposition d’amplifier les dysfonctionnements d’un gouvernement encore à la recherche de ses marques dans un management public notoirement nouveau pour ses membres». Il met aussi en exergue le sentiment d’inquiétude et l’absence de réponses adéquates aux attentes des moins nantis et des sinistrés «qui sont de nature à augmenter la peur d’un futur prévisible… parfaitement exploitée, organes de presse à l’appui, par les détracteurs des gouvernants actuels».

Il estime cependant que ces derniers -indépendamment de leur valeur intrinsèque – n’ont pas pu dépasser les lacunes propres à toute nouvelle et première expérience de gouvernance d’un pays post-révolution.

Il a fallu, d’après l’économiste, découvrir les dangers qui risquent d’affecter lourdement la vie économique et sociale du pays pour relever un léger changement dans le discourt politique des uns et des autres aboutissant à une volonté partagée d’apaisement.

Abdessattar Mabkhout, a estimé en définitive que «c’est à travers la stabilité politique et le sentiment de sécurité que se constitue le point d’appui pour une reprise économique ». Mabkhout, par ailleurs Commissaire aux Comptes dans un cabinet renommé, conseille les politiciens de se concentrer sur les questions stratégiques liées à la constitution et de cesser «le jeu des affrontements particulièrement marginal et inutile» et pose cela comme condition pour que le pays s’en sorte progressivement sur la bonne voie pour emprunter un nouveau démarrage «Il faudra créer les conditions minimales pour laisser les entités économiques entamer leur relance dans la sérénité. Autrement dit, il reviendrait à la classe politique de parler peu et bien surtout que les regards du monde entier soient braqués sur la Nouvelle Tunisie» conclu-t-il.

Wiem Thebti

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