AccueilLa UNETunisie : La croissance de retour en 2012, selon le FMI

Tunisie : La croissance de retour en 2012, selon le FMI

La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MOAN) traverse une période de transformation sans précédent. Bien qu’il soit clair aujourd’hui que les soulèvements populaires sont nés de l’aspiration à plus de liberté politique, sociale et économique, tout le monde, y compris le FMI, a été pris par surprise. Les raisons profondes de ces soulèvements sont politiques, mais elles sont inextricablement liées à des causes économiques. 
Esquissant les perspectives économiques de la région, le Fonds monétaire international  prévoit une croissance zéro pour la Tunisie en 2011, et un taux de 3,9% en 2012. Pour ce qui est des prix, les conjoncturistes du FMI  parlent d’un taux d’inflation de 3,5% en 2011 et de 4.0%, l’année prochaine.
S’agissant du solde extérieur courant, les prévisions du fonds évoquent une valeur négative de -5,7 pour l’année en cours et de -5,5% pour 2012.Enfin, concernant le chômage, le FMI avance une estimation de 14,07% en 2011, et de 14,4, en 2012.
Les événements actuels montrent clairement que les réformes, voire les périodes de croissance rapide  observées en Tunisie et en Égypte, ne peuvent être durables à moins qu’elles ne créent des emplois pour une population active qui augmente à vive allure et ne s’accompagnent de mesures sociales pour les couches les plus vulnérables, estime le FMI. Pour que la croissance soit durable, il faut qu’elle soit inclusive et largement partagée, et non accaparée par quelques privilégiés. La corruption endémique dans la région constitue un affront inacceptable à la dignité de ses citoyens, et l’absence de règles du jeu transparentes et équitables mine inévitablement la croissance inclusive.  
Cependant, un programme social et inclusif ne peut survivre sans que la stabilité macroéconomique et financière soit au rendez-vous. Si elle fait défaut, même les pays dotés de solides institutions peuvent être mis à rude épreuve, comme l’a montré la récente crise mondiale. En ces temps de turbulences et d’incertitudes dans la région, il n’est que plus crucial de contenir la vague montante des déséquilibres budgétaires, de la dette et du service y afférent, de l’inflation et de la fuite de capitaux. Ces menaces qui pèsent sur la stabilité macroéconomique et financière pourraient — si elles ne sont pas stoppées rapidement — saper la confiance et faire dérailler les nouvelles réformes sociales.  
Les perspectives sont marquées par deux courants d’évolution : l’agitation qui règne dans la région et l’envolée des cours mondiaux des produits pétroliers et des denrées alimentaires. La conjoncture économique à court terme est donc inhabituellement incertaine à cause de la situation politique et sécuritaire très fluide présente dans un certain nombre de pays. 
Pour la plupart des pays exportateurs de pétrole, la hausse prévisible des cours pétroliers — de 79 à 107 dollars EU le baril — et des volumes de production se traduira par une accélération de la croissance en 2011 et une amélioration des soldes budgétaires et extérieurs, en dépit de l’augmentation récente des dépenses publiques. Les projections tablent sur un taux de progression moyen du PIB réel (Libye non comprise) à 4,9 pour cent en 2011, contre 3,5 pour cent en 2010, le taux de croissance hors pétrole restant à 3,5 pour cent en 2011. Pour le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), la prévision de croissance est de 7,8 pour cent en 2011, du fait que la production de pétrole va être accrue pour stabiliser l’offre perturbée ailleurs par des ruptures d’approvisionnement. Le taux de croissance hors pétrole du CCG gagnerait 1 pour cent, passant à 5,3 pour cent en 2011. D’après les estimations, l’excédent global des comptes extérieurs courants des pays exportateurs de pétrole passerait de 172 à 378 milliards de dollars EU et celui du CCG de 136 à 304 milliards de dollars EU. L’évolution économique des pays importateurs de pétrole s’annonce plus nuancée. Pour l’Égypte et la Tunisie, nos projections donnent la croissance en recul de 2½ à 4 points de pourcentage par rapport à 2010, en raison des perturbations de l’activité économique pendant les protestations, de la diminution du tourisme et de la baisse des investissements. L’incertitude politique pèse aussi sur l’économie du Liban et la croissance du Pakistan qui est encore freinée par les effets des inondations de l’an dernier. Dans la plupart des autres pays, toutefois, la croissance continue à progresser, la hausse des cours des phosphates et du minerai de fer jouant au profit de la Jordanie, du Maroc et de la Mauritanie. 
Face aux événements politiques — ainsi qu’à la hausse des cours des matières de base — les autorités gouvernementales de l’ensemble de la région ont réagi en accroissant les subventions des  produits pétroliers et alimentaires, en relevant les salaires et les retraites des fonctionnaires, en augmentant les transferts en espèces, en réduisant les impôts et en accroissant les dépenses publiques dans d’autres domaines. Les plans nationaux de relance budgétaire pour 2011 se situent entre moins de 0,5 pour cent du PIB dans certains pays importateurs de pétrole du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord à 22  pour cent du PIB environ en Arabie Saoudite (les dépenses s’étalant sur plusieurs années). Alors que certains pays peuvent facilement se permettre ce surcroît de dépenses, d’autres en ressentiront le poids sur la dette et les finances publiques : le soutien de la communauté internationale aiderait à combler les besoins de financement et à contenir la hausse de l’endettement. 
L’inflation globale s’est accélérée dans l’ensemble de la région, principalement sous l’effet de la hausse des cours internationaux des matières de base. Il semble toutefois que la hausse des prix des denrées alimentaires et des produits pétroliers déteigne sur l’inflation de base. Plus généralement, étant donné que les denrées alimentaires et produits pétroliers pèsent pour près de la moitié dans les indices des prix à la consommation des pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale, et que le renchérissement des produits de base risque d’être assez persistant, les banques centrales de la région vont devoir prêter davantage d’attention à l’inflation globale lors de la fixation de leurs taux directeurs et de l’orientation générale de la politique monétaire. Les taux directeurs seront aussi poussés à la hausse par le contexte d’augmentation des taux d’intérêt mondiaux et des primes de risque sur les emprunts souverains. 
Au-delà des enjeux immédiats, les récents soulèvements offrent une belle occasion de jeter les bases d’un programme de croissance inclusive et respectueux de la solidarité sociale au Moyen-Orient. Chaque pays devra définir sa propre feuille de route en vue d’une transformation largement consensuelle, mais ils devront tous tendre vers des objectifs communs pour réaliser le potentiel à long terme de la région : un climat de stabilité macroéconomique pour inspirer la confiance et attirer les investissements; la création de suffisamment d’emplois dans le secteur privé pour résorber le chômage et absorber la population active en rapide essor; des débouchés économiques pour que l’ensemble des citoyens puissent réaliser leur potentiel; la protection sociale des plus vulnérables; et des institutions solides et transparentes tenues de rendre compte de leurs actions et de garantir une bonne gouvernance. Le but n’est pas seulement une croissance plus vigoureuse, mais aussi une croissance plus inclusive et des gains en matière de développement qui soient largement partagés. 
Au moment de la préparation de cette édition du Rapport sur les perspectives économiques régionales, de nombreuses incertitudes pesaient sur l’évolution future de la région MOAN. Elle a cependant de nombreux points forts sur lesquels construire son avenir : une population jeune et dynamique, d’abondantes ressources naturelles, un vaste marché régional, une situation géographique avantageuse et des débouchés sur les principaux marchés mondiaux. Alors que les mois à venir seront difficiles et inévitablement marqués par des revers,  il y a une dynamique de changement prometteuse à développer.
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