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Tunisie : La Justice transitionnelle passera-t-elle un jour dans les rangs d’Ennahdha ?

Au nom et pour la cause de la justice transitionnelle, des plaintes sont déposées ça et là, par des victimes de l’ancien régime de Ben Ali, par des avocats, le cas échéant. Des plaintes de tous bord contre Ben Ali, les anciens responsables de son ancien régime. Des plaintes de membres d’Ennahdha, des plaintes de membres de familles d’opposants à Bourguiba. La justice remue tout, accepte tout et promet de régler tout et de rendre justice à tous. Il y a pourtant des faits historiques qui mériteraient aussi que la même justice transitionnelle, que les avocats jouent le même rôle de justicier et demandent aussi justice à Ennahdha, démocratiquement, même si elle est maintenant le parti au pouvoir.

Les faits, historiques et irrévocables.

Selon ce que rapporte l’encyclopédie Wikipedia, «Rached Ghannouchi, professeur de philosophie et Abdelfattah Mourou, étudiant en théologie et en droit à l’Université de Tunis, fondent ensemble l’Association pour la sauvegarde du Coran, inspirée des Frères musulmans, puis, avec l’ouverture de l’espace politique tunisien en 1981, un parti politique, le Mouvement de la tendance islamique. La demande de légalisation est déposée, le 6 juin, mais elle est refusée par le ministère de l’Intérieur, en juillet de la même année. Le parti acquiert néanmoins une large audience ; il s’ensuit une campagne d’arrestations de responsables du MTI».

Ce n’est un secret pour personne que 107 d’entre eux sont traduits en justice et condamnés lors du grand procès du MTI à des peines de prison : Rached Ghannouchi écope d’une peine de onze ans de prison ferme. Tous les détenus sont amnistiés en 1984. En septembre 1987, un deuxième procès se tient sous haute sécurité, à la caserne militaire de Bouchoucha, après des attentats à Sousse et Monastir imputés par le régime au mouvement. À l’issue de ce procès, Ghannouchi est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Ce procès se traduit par des peines de mort pour sept membres dont cinq par contumace ; Mehrez Boudagga et Boulbeba Dekhil, les deux seuls condamnés à mort en état d’arrestation, sont exécutés par pendaison, le 8 octobre.

L’encyclopédie Wikipedia rapporte aussi que Salah Karker, l’un des hauts dirigeants d’Ennahdha, a reconnu que l’organisation avait commandé un coup d’État pour le 8 novembre 1987 en infiltrant l’armée. « Les sympathisants du MTI au sein de l’armée préparaient un coup d’État, prévu pour le 8 novembre suivant. Cette décision a été adoptée par le bureau politique du mouvement islamiste […] Nous n’avions pas d’autre issue […] le régime nous avait déclaré la guerre.» En 1994, Ghannouchi explique cette tentative de coup d’État. « Quant à la tentative [de coup d’État] militaire, elle n’était qu’une initiative pour faire face à un régime qui avait déclaré qu’il voulait éradiquer le mouvement […] Ce plan [de tentative de coup d’État] s’est mis en route en dehors du mouvement et en l’absence de la plupart de ses institutions, bien que certains éléments de la direction y aient pris part, disait-il.

En 2012, Abdelfattah Mourou reconnaît à son tour la responsabilité d’Ennahdha dans les affaires de la tentative d’assassinat de Ben Ali en en désignant les responsables et dans l’affaire de la mort, au moins d’une personne à Bab Souika où Ennahdha a brûlé, corps et âme, une représentation du RCD. On peut même trouver une vidéo où l’actuel ministre du transport Abdelkrim Harouni, avouait la responsabilité de son parti et essayait d’expliquer le meurtre.

Le devoir de justice du Gouvernement.

La tentative de coup d’Etat n’ayant jamais pu être exécutée, il y a donc au moins deux affaires, celle de Sousse et celle de Bab Souika où il y eu mort d’homme et où le rôle d’Ennahdha est pour le moins soupçonné. Il semble donc évident, la justice transitionnelle ayant déjà remonté plus loin que cela, que les parents de ces morts ont aussi le droit de savoir qui était l’exécutant de ces opérations et leur commanditaire. Il semble tout aussi évident et dans la logique même de la justice transitionnelle, de rendre justice à ces hommes et pourquoi pas leur octroyer les dommages nécessaires. A moins que la justice transitionnelle ne s’applique qu’à ceux qui ont fui et qu’aux déchus, la moindre de cette justice serait que le parti désormais au pouvoir fasse, officiellement et publiquement, des excuses pour ces actes.

K. Boumiza

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