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Tunisie : Le danger Nahdhaoui se précise dans le flou de la Constituante.

En intentions de vote (malgré les 4,4 % d’abstentions et les 32,1 % d’hésitants), le parti islamiste Ennahdha remporterait, le 23 octobre prochain, 22,8 % des voix des Tunisiens. C’est ce qui ressort du dernier sondage d’opinion publié, la semaine dernière, par Sigma Conseil. Deux autres chiffres attirent encore l’attention dans ce sondage. D’abord, le fait que pareil sondage fait, en août dernier, n’avait donné que 21,1 % des intentions de vote à ce parti qui est en fait une constellation de divers groupuscules où les Salafistes ont et auront leur place. L’avancée est quand même de 1,7 point en un mois. Ensuite, le recul de presqu’un demi-point en un mois du pourcentage de ceux qui, questionnés sur «Quel est le parti pour lequel vous êtes sûr de ne pas voter?», ont répondu Ennahdha. Ce pourcentage était, en août dernier, de 18,1 % et n’est plus, en septembre, que de 17,7 %. Chez  ceux qui savent déjà pour qui voter et en addition des circonscriptions, Ennahdha remporterait, toujours selon le sondage de Sigma, 80 sièges sur les 199 dédiés aux Tunisiens vivant en Tunisie, c’est-à-dire 40,2 % du total des sièges de la prochaine Constituante et sur le total des 199 sièges. Ce pourcentage n’était que de 36,7 %, en août. L’avancée des islamistes d’Ennahdha s’est surtout faite dans deux grandes régions de la Tunisie : le Nord-Ouest et le Centre-Ouest, deux régions des plus instables   depuis le début de la «Révolution» en Tunisie et des plus contestataires de l’autorité de l’Etat et de celle de l’actuel gouvernement. Deux régions aussi symboles d’un développement déséquilibré.

Pourquoi Ennahdha constitue-t-elle un danger ?

Ces chiffres, qui disent clairement  que la mobilisation de l’électorat islamiste s’intensifie d’un mois à l’autre à l’approche du scrutin, sont-ils inquiétants et en quoi le seraient-ils ?

Dans aucun coin du monde, ceux qui se sont réclamés  de ce courant, n’ont été de fervents adeptes d’un mode de vie à l’occidentale, d’un modèle économique basé sur les mêmes piliers que ceux sur lesquels repose celui de la Tunisie et d’un modèle culturel de société autre que celui d’un Islam tel que le conçoivent et l’expliquent les «Cheikhs» et «Emirs» des courants salafistes.  Les Américains et les Européens qui leur avaient accordé l’asile et les soutiennent (à demi-mots ou ouvertement) connaissent sont bien édifiés sur ces exemples. A travers les discours contradictoires des différentes personnalités qui constituent la mouvance islamiste en Tunisie et le parti Ennahdha et les différentes «chamailleries de batteurs de tambours»
(…عرك  طبابلية  يتعاركو في الصبح و يتصالحو ,selon le dicton populaire tunisien), la constante demeure la prise du pouvoir et l’instauration d’un régime islamiste avec la «Khilafa» comme dernier objectif, comme l’a indiqué Rached Ghannouchi sur une chaîne égyptienne, malgré le démenti et la confirmation par la vidéo. On rappellera aussi le refus d’Ennahdha de toute discussion sur le pacte républicain, un temps proposée par la haute instance de protection de la révolution qui fait actuellement office de législateur et que rejette  aussi Ennahdha.L’exemple algérien d’un mouvement islamiste qui s’était introduit sur l’échiquier politique par la démocratie des urnes pour la renier ensuite, est encore trop présent dans la mémoire collective tunisienne. Le Tunisien, quoique musulman de père en fils, ne peut pas l’oublier. Ces chiffres d’Ennahdha présentent donc clairement le même risque que celui d’un mauvais maniement de la boîte de Pandore. C’est en cela, à notre avis, que ces chiffres sont inquiétants.Ces élections du 23 octobre interviennent en plus dans une conjoncture marquée par un début de polémique sur la Constituante. La majorité dont la crédite Sigma (plus de 40 % des sièges tunisiens) à la Constituante permettra ainsi à Ennahdha d’y faire et d’en faire ce qui lui plaira et de faire ainsi dévier le processus de la transition et de dupliquer l’exemple du FIS (parti islamiste) algérien.
57 % pour le référendum sur la durée de la Constituante.
Sigma a aussi inclus, dans son dernier sondage, une question demandant à son échantillon, «lors des prochaines élections de la constituante, êtes-vous pour ou contre le recours à un référendum qui précisera la durée du mandat de l’assemblée nationale constituante ?». La réponse a été à 57 % de oui. Chez les électeurs qui voteront «Ettakattol», ce pourcentage était de 71,2 %. Le oui l’a aussi emporté chez 70 % du PDP deNéjib Chebbi dont les liens avec Ennahdha font déjà l’objet de câbles de Wikileaks et de 58,6 % chez ceux qui savent déjà qu’ils voteront Ennahdha.
Qui a donc a peur de ce référendum qui ne sera qu’un bulletin de plus dans l’urne du 23 octobre et ne demandera aucune logistique supplémentaire ?

Certes, quelques partis, comme le Poct de Hamma Hammami, apôtre de la révolution continue et pour lequel (selon le sondage de Sigma) 19,1 % des Tunisiens sondés sont sûrs de ne pas voter, ou encore le parti de Moncef Marzouki qui ne représenterait que 4,5 % des intentions de vote, ont déjà dit leur refus sur les journaux de la place.  Le référendum que certains refusent, bien que se disant parler en son nom,  n’est  pourtant pas la traduction par excellence de la primauté de la voix du peuple. Quel est donc le véritable agenda de ceux qui refusent que le peuple qui a fait la Révolution qu’ils ont vite fait d’enfourcher, dise son mot et soit le véritable maître de son sort ?

lire ici le baromètre politique. 

Khaled Boumiza
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