Une panoplie des mesures a été annoncée aujourd’hui par le chef du gouvernement Hamadi Jebali, en présentant le programme d’action du gouvernement pour l’exercice 2012 à l’Assemblée Nationale Constituante (ANC).
Intervenant à la séance plénière de l’ANC, Hamadi Jebali a passé en revue les grandes lignes de ce programme. Un programme ambitieux pour un pays en phase de réanimation, une étape qui nécessite, selon lui, la conjugaison des efforts de tous afin de parvenir à réaliser la réconciliation nationale notamment avec les médias. C’est pourquoi l’Assemblée sera chargée aussi de réviser la Haute instance de communication audiovisuelle.
Devant les membres de la constituante, le chef du gouvernement a annoncé que les prochaines élections devraient avoir lieu, à la fin du printemps et le début de l’été 2013, appelant l’ANC à mieux organiser et restructurer l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE).
Une lourde responsabilité qui incombe aux constituants, lesquels devront accélérer la rédaction de la nouvelle constitution.
Au sujet du projet de loi complémentaire, Hamadi Jebali a indiqué que la priorité a été donnée au développement régional, à l’emploi et à la construction. A ce propos, 6 milliards ont été alloués au développement, soit 1 milliard de dinars de plus par rapport au budget initial et dont 75% seront consacrés pour les régions démunies.
Egalement, 511 millions de dinars seront dédiés à la promotion de l’emploi dans le but de créer plus de 75 milles postes d’emplois en 2012.
Le chef du gouvernement a saisi cette occasion pour annoncer que les indicateurs des secteurs économiques se sont améliorés ainsi que le taux de croissance qui est estimé à 2%.
En marge de cette séance plénière consacrée à l’examen du projet de la loi de finances coplémentaire, Africanmanager a sollicité les opinions de quelques participants en ce qui concerne le programme d’action du Gouvernement.
Pour certains, les enjeux de ce programme sont possibles, raisonnables et réalisables compte tenu de la relance enregistrée, au cours du premier trimestre 2012 par rapport à la même période de l’année écoulée. D’autres considèrent qu’il s’agit d’un programme de portée générale et peu convaincant.
Ridha Saïdi, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé du dossier économique, a précisé qu’« il s’agit d’un programme raisonnable qui ambitionne de sortir l’économie nationale de la récession de 2011 et d’atteindre un taux de croissance positif de 3,5% contre un taux de croissance négatif de -2,2%, en 2011», soulignant que le taux de croissance, actuellement de l’ordre de 2%, demeure «acceptable» et raisonnable.
De son côté, Slim Besbès, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Finances, nous a affirmé que le programme d’action du gouvernement a tout d’un programme des défis. Et d’expliquer que le taux de croissance de 2% est «possible, eu égard aux taux affichés dans certains secteurs comme l’industrie manufacturière, l’agriculture et le secteur des hydrocarbures.
Un programme qui manque de décisions claires !
En revanche, Khmaies Ksila, membre de l’ANC, a déclaré qu’il s’agit d’un discours de portée et non rassurant soulignant qu’« Il n’y a pas de décisions claires pour les grands problèmes auxquels la nouvelle Tunisie fait face, à l’instar des médias et des salafistes ».
Pour Nadia Chaabane (PDM), il s’agit d’un programme préélectoral, basé sur des hypothèses non maitrisés de même qu’il est élaboré en absence d’un calendrier d’exécution. « Ce qui manque dans ce programme, c’est le courage et la prise du risque pour entreprendre les réformes nécessaires», a-t-elle expliqué avant d’ajouter qu’un certain flou enveloppe le programme notamment en matière des hypothèses envisagées par le gouvernement.
Des hypothèses non convaincantes et irraisonnables compte tenu du climat général qui est celui de la Tunisie postrévolutionnaire.
C’est la raison pour laquelle, le gouvernement de Jebali est appelé à mettre en place une stratégie adéquate, capable de transcender la conjoncture actuelle assez difficile. D’après Nadia Chaabane, « pour réaliser un taux de croissance de 3.5%, le gouvernement devrait prendre en considération la stabilité sécuritaire et la justice transitionnelle »
Rim Mahjoub d’Afek Tounis, a relevé que le programme élaboré par le gouvernement comporte également des bonnes intentions. Cependant, le budget annoncé est un budget gonflé. Elle s’est interrogée, dans ce cadre, sur les indicateurs annoncés et les bases utilisées pour déterminer la reprise
Approuvé début avril par le Conseil des ministres, le programme du gouvernement pour l’exercice 2012 doit être discuté et approuvé par l’ANC.
Wiem Thebti