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Tunisie : Le Samouraï qui fait mal à l’économie. 3 vérités et une question douloureuse.

La Tunisie vient de lever 25 milliards de yens auprès du marché japonais. C’est ce qui a été officiellement déclaré de cette opération, dont on fait officiellement une véritable source de satisfaction, en ces temps où les agences internationales de notation n’arrêtent pas de dégrader la note souveraine de la Tunisie.

 

Beaucoup reste cependant à dire à propos de recette opération, dont le non-dit en dit plus long sur l’érosion de la crédibilité financière de la Tunisie qui a eu besoin de la garantie du Japon pour lever un petit montant largement en deçà de ce qui était espéré. Quelques vérités sont cependant nécessaires à dire, pour comprendre la portée de cette opération.

– 1ère vérité : La Tunisie voulait le double de ce qu’elle a eu.

La première des vérités qui n’ont pas été dites, c’est que la Tunisie n’a pas pu lever le montant qu’elle recherchait et qu’elle voulait. Au moment de sa seconde sortie sur le marché international de l’argent, la Tunisie avait pour ambition de lever 50 milliards de yens (918 849 002,204 DT) forte de la garantie du Japon. Dans les faits elle n’a pu lever que 25 milliards de yens (459 424 501,102 DT) soit la moitié du montant espéré. On est ainsi loin des emprunts souscrits de 2 à 3 fois le montant demandé auxquels la Tunisie s’était habituée, depuis sa première sortie sur le marché financier international, en 1994. Notations internationales et avis négatifs sur l’issue politique de la transition tunisienne, continuent ainsi de peser lourd sur l’endettement tunisien qui devient ainsi problématique.

– 2ème vérité : Un spread plus élevé.

La seconde vérité, non dite, au cours de la conférence de presse organisée pour médiatiser cet emprunt, concerne les conditions de cet emprunt, loin d’être bonnes, de l’avis des experts que nous avons pu contacter. De prime abord, cet emprunt sur 10 ans est assorti d’une prime de 45 points de base, ce qui semble intéressant. En réalité, si l’on prend en compte le coût de la garantie, le «spread» réel serait supérieur à 150 points de base lorsqu’on le compare aux 70 points de base qui ont caractérisé le prêt samouraï de 2007. La Tunisie est bien loin des anciennes performances, d’autant que l’emprunt de 2007 était assorti d’une période de remboursement de 20 ans. En fait, la marge est double de celle de l’emprunt de 2007 pour une durée de remboursement de moitié. Ce sont, en effet, 20 ans, pour 2007 contre 10 ans pour l’emprunt de 2012. Les conditions de ce nouveau prêt sont ainsi loin d’être bonnes pour l’économie tunisienne. Un Samouraï qui, s’il est suivi par un autre dans les mêmes conditions, comme l’annonce déjà le Gouverneur de la BCT, laissera de pénibles traces et pèsera lourd sur le dos des générations futures.

– 3ème vérité : Des réserves, non encore reconstituées, malgré un coût élevé.

La 3ème vérité, toujours non dite, concerne l’objectif de cette seconde sortie, après celle faite avec une garantie américaine. A entendre le gouverneur de la BCT, les récentes sorties sur le marché monétaire international ont permis de reconstituer le matelas de devises. Il faut d’abord rappeler que ce matelas n’a été que partiellement reconstitué, puisqu’il est encore inférieur de 2 milliards de dinars à celui enregistré, à fin 2010. Ensuite, vient la question qu’on est en droit de se poser, celle de savoir à quel coût pour la collectivité, cette reconstitution a pu être ?

– Une question : Qui en supportera les conséquences ?

L’orthodoxie financière aurait voulu que cette reconstitution se fasse en boostant les exportations, ce qui ne fut pas le cas. En fait, le recours à la dette pour reconstituer le stock des réserves de changes, a un coût qui doit correspondre à la différence entre le coût de l’emprunt ( environ 2.6% dans le cas du prêt japonais) et le produit du placement de ces devises ( 0.1 à 0.2% à supposer qu’on arrive à placer ces yens), soit un coût différentiel de 2.4 à 2.5 % , les réserves en devises étant toujours placées à l’extérieur.

Calculé sur la durée du remboursement du prêt, le coût généré par la reconstitution des réserves en devises serait d’environ 100 millions de dinars. Tout cela pour que la Tunisie de la Révolution, puisse se prévaloir d’une augmentation des réserves de changes.

On se demande alors si la BCT et le ministère tunisien des Finances ont réellement fait toutes ces évaluations et en ont tenu compte avant de se faire lacérer par la lame financière du Samouraï japonais ?

Sinon, qui assumera les conséquences de la décision de sortie sur le fil du rasoir de l’épée du Samouraï. On pourrait même se demander, vu les coûts de cette sortie sur la dette de la Tunisie que paiera tout un chacun, si ce prêt était une vitale nécessité ?

K. Boumiza.

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