AccueilInterviewTunisie : Le secteur de location de voitures rongé par les clandestins

Tunisie : Le secteur de location de voitures rongé par les clandestins

Nouvellement élu président de la Chambre Nationale des Agences de location des voitures

Lassaad Mestiri, dresse, dans une interview à Africanmanager, la situation du secteur et formule des recommandations pour promouvoir cette activité. Interview

Comment se présente l’état des lieux de ce secteur ?

Au départ, il est important de signaler que ce secteur compte environ 500 sociétés pour un parc automobile de 19 000 véhicules. Les chiffres changent, puisqu’il y a toujours de nouvelles créations parallèlement à des faillites de certaines entreprises.

Pour le nombre des véhicules, la loi tunisienne impose un minimum de 25 véhicules par société. Malheureusement, cette clause légale n’est pas respectée par énormément de confrères qui travaillent avec seulement 5 ou 6 véhicules. Ce nombre ne permet pas une rentabilité et poussera ces opérateurs à violer la loi pour pouvoir survivre.

La révolution a bouleversé la donne surtout que plusieurs entreprises ont été lourdement touchées.

Et le volume de ces pertes ?

Personne ne peut chiffrer le coût exact bien que nous sachions qu’il y a des collègues qui sont en faillite et le nombre de leurs véhicules au parc a beaucoup diminué.

C’est difficile d’avoir l’information. Nous supposons qu’il y des dizaines des véhicules volées et même brulées. Et là, je précise que la polémique qui a accompagné l’histoire des snipers circulant sur des voitures de location a fait beaucoup du mal à la profession et à l’image de ce métier, alors que plusieurs voitures ont été volées.

A cela s’ajoute le fait qu’un bon nombre d’entreprises de location des voitures ont cessé leur activité depuis l’avènement de la révolution en raison de la baisse de l’activité touristique et l’impossibilité pour les propriétaires d’honorer leurs engagements vis-à-vis les sociétés des leasing. Cela a contribué directement à la régression du chiffre d’affaires des entreprises implantées dans les zones touristiques qui font face à une grave crise. Même si les prémices de la relance se manifestent, il faut dire que les touristes résident dans les hôtels et ne louent pas les voitures pour se déplacer en raison de l’instabilité que vit encore le pays, en cette période postrévolutionnaire.

Avec ces raisons conjoncturelles s’ajoutent les problèmes structurels.

On peut avoir une idée de ces difficultés qui entravent encore le développement de location des voitures en Tunisie ?

Comme d’autres secteurs, le métier de location de voitures souffre de la concurrence déloyale et surtout du bradage des prix face à l’investissement nécessaire estimé à des centaines des millions pour démarrer une entreprise en respectant scrupuleusement le cahier des charges régissant la profession (25 voitures minimum, personnel affilié à la CNSS, garage pour abriter et procéder à la maintenance des véhicules …..).

Un autre problème majeur, celui du leasing. Ce partenaire stratégique de la location des voitures ne cesse d’imposer des tarifs trop élevés, ce qui explique un peu l’envolée des prix de location.

Le remboursement des sinistres par les assurances, est un autre souci qui préoccupe les professionnels du métier. Ajoutons à cela les concessionnaires des voitures qui pratiquent des tarifs exorbitants.

Que faut-il faire pour résoudre ces problématiques ?

En tant que chambre, on tente de limiter les dégâts en appelant pour la mise en place d’une étude sectorielle entreprise par un bureau d’étude indépendant afin d’évaluer l’état des lieux de la profession.

Les efforts se poursuivent actuellement pour redéfinir le cahier des charges et identifier des normes strictes dans le but de mieux organiser cette profession. On ne peut créer une entreprise de location des voitures sans aucune visibilité.

Sur un autre plan, la chambre nationale des agences de location des voitures œuvre en vue de créer un meilleur partenariat avec les concessionnaires des véhicules. Et on va œuvrer pour des relations plus professionnelles avec eux afin de promouvoir cette activité

S’agissant du leasing, on essaye d’avoir en collaboration avec la fédération des banques, des mécanismes de partenariat. A ce propos, nous souhaitons que le ministère de tutelle intervienne pour baisser les taux exercés par le leasing.

Dernier chantier celui des assurances, et là, nous demandons une baisse des tarifs des primes d’assurance tout en améliorant les mécanismes de remboursement des sinistres.

Et pour conclure ?

Je reste optimiste quant à l’avenir de ce métier bien qu’il se ressente des clandestins. Sur les 500 loueurs, presque la moitié (appelés sous-traitants) ne respecte pas la loi et la déontologie professionnelle.

Je saisis cette occasion pour m’adresser à notre ministère de tutelle, celui du transport en l’occurrence, pour qu’il applique la loi en sanctionnant toute pratique illégale. Le ministère du Transport doit prendre ses responsabilités et lutter contre ce fléau qui nuit fortement à l’image de notre domaine.

Pour conclure, si le ministère de tutelle réagit rigoureusement, et si les professionnels respectent les règles du jeu, le secteur de location de voiture connaîtra des jours meilleurs.

Wiem thebti

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