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Tunisie : Mehdi Jomaâ doit réussir car l’échec serait coûteux, alerte Moez Labidi

« Aujourd’hui, le gouvernement de Mehdi Jomâa profite d’un choc de confiance positif et des prémisses d’une sortie de l’impasse financière. Or, toute l’habilité de ce gouvernement est de la consommer avant qu’elle ne s’évapore », a déclaré Moez Labidi, universitaire et conseiller économique, à Africanmanager.

Dans une analyse publiée par l’intermédiaire en bourse, Mac Sa, Moez Labidi a appelé le nouveau gouvernement de Mehdi Jomâa à réussir son mandat et celui de son équipe gouvernementale. « Le nouveau gouvernement doit réussir son pari, car son échec est coûteux économiquement et politiquement », a-t-il alerté.

Intitulée « Nouvelle Constitution & Nouveau Gouvernement : Une brise de jasmin souffle sur le climat des affaires », Moez Labidi a expliqué, dans cette analyse, que la réussite économique du gouvernement déclenchera une dynamique de réformes, pour les dossiers les plus urgents (compensation, secteur financier, fiscalité, code des investissements, …), qui forcera le prochain gouvernement, issu des urnes, à adhérer à cette dynamique et à démarrer les grands chantiers de réformes structurelles (système éducatif, caisses sociales, infrastructure, …). Par contre, son échec coïncidera avec le blocage des réformes, et la résurgence des problèmes de liquidité. Du coup, l’impasse financière refera surface et finira par plonger la Tunisie dans une cure d’austérité.

Il a précisé, en outre, que la réussite du gouvernement sur le plan politique ne pourra que confirmer le réservoir de compétences dont dispose la Tunisie. Cependant, son échec « va amener « nos têtes pensantes » à revisiter le grenier pour y glaner quelques dinosaures pour diriger notre Tunisie moderne », selon ses dires.

La Tunisie a besoin d’un gouvernement courageux !

Sur un autre volet, Moez Labidi a précisé que la Tunisie a besoin de réformes sérieuses, et non de replâtrage hâtif et partiel, voire d’un gouvernement courageux pour lancer une réforme fiscale audacieuse et non d’un gouvernement incapable de lever l’impôt. « La Tunisie a besoin d’une équipe audacieuse pour gagner la bataille de la normalisation du secteur informel et non d’un gouvernement hésitant face à la dilapidation du tissu économique par le banditisme des circuits de distribution formels et informels », a-t-il dit.

Concernant la situation économique et financière du pays, l’économiste a indiqué que la situation est loin d’être idyllique et que certains risques continuent de guetter le pays, citant, en premier lieu, le contexte international qui, malgré certains signes positifs, reste très volatil. « Un scénario d’appréciation du dollar n’est pas à exclure. Les tensions sur les monnaies émergentes pourraient accélérer le mouvement de « fuite vers la qualité », a-t-il expliqué. Et d’ajouter que les capitaux désertent les places financières émergentes pour trouver refuge sur les actifs américains. « L’appréciation du billet vert serait coûteuse pour l’économie tunisienne à un double niveau. D’une part, à travers le renchérissement de la facture pétrolière, et d’autre part, avec l’alourdissement du service de la dette », a-t-il dit.

« Les investisseurs ne peuvent pas se contenter de l’appréciation du FMI »

Le deuxième sujet de préoccupation évoqué par Moez Labidi est la vigueur de la reprise dans la zone euro. « Certes, les craintes de déflation sont exagérées, eu égard à la souplesse de la politique monétaire de la BCE, mais le maintien du taux d’inflation dans la zone d’inconfort de la BCE, à 0,8% en décembre, alors que l’objectif de la BCE est de maintenir le niveau des prix proche de 2%, reste quand même un élément d’inquiétude, qui pourrait affecter la solidité de la reprise européenne et retarder le redressement des exportations tunisiennes.

Moez Labidi a estimé, au demeurant, qu’il n’est pas certain que le nouveau contexte rassurant puisse booster les flux des IDE en direction de la Tunisie. Les investisseurs internationaux ne peuvent pas se contenter de l’appréciation du FMI. Ils attendent une confirmation des agences de rating et des organismes d’évaluation du risque-pays. Or les géants de la notation, avant de revenir sur une note, veulent toujours savoir si le gouvernement va vraiment simplifier les procédures, réformer la fiscalité, restructurer le secteur bancaire et, surtout, assainir les finances publiques, car c’est le seul moyen de retrouver des marges de manœuvre.

« La balle est dans le camp des forces syndicales »

Selon lui, l’incertitude électorale qui va peser sur l’année 2014 freinera l’enthousiasme des investisseurs internationaux, qui préfèrent attendre les résultats des urnes pour se positionner sur le site Tunisie.

Pour 2014, l’économiste a affirmé que cette année sera celle de tous les défis et où la trêve sociale sera déterminante pour la réussite économique, soulignant, cependant, que l’incertitude réside dans la capacité du gouvernement Jomaâ de convaincre le citoyen que « les réformes économiques ne sont plus un choix, mais plutôt incontournables si nous voulons renouer avec une croissance créatrice d’emplois ».

Il est également nécessaire, selon lui, de convaincre le citoyen que la guerre contre le banditisme des circuits de distribution sera sans merci, et qu’elle finira par inverser la courbe de l’inflation et améliorer le pouvoir d’achat des ménages.

Le citoyen doit être aussi convaincu que le coût des réformes ne sera pas uniquement porté par le citoyen. Toute la société devra partager la facture.

Il a ajouté que la balle est plus dans le camp des forces syndicales qui seront amenées à discipliner leurs troupes, et des partis de l’opposition qui devront éviter de chercher « un deuxième tour » au dialogue national en alimentant la fièvre revendicative dans la rue.

Khadija Taboubi

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