AccueilLa UNETunisie : Nous voilà dans un beau gâchis !

Tunisie : Nous voilà dans un beau gâchis !

De roulis en tangage, le navire Tunisie se fraye un cahoteux chemin pavé d’une longue suite de crises allant s’envenimant auquel le gouvernement s’épuise à trouver un embryon d’issue, nécessairement à travers le Document de Carthage revu et corrigé. La perspective des élections municipales aidant, d’autres embûches viennent souligner combien peuvent être encore plus insurmontables les défis qu’il va falloir relever.

Le tempérament général est sinon à la désespérance du moins à la lassitude face à une situation qui n’a que trop duré avec une succession record de gouvernements, enfantés par la révolution mais également englués dans des étangs politiques qui les frappent de paralysie et dégradent à outrance un vécu social et économique d’autant plus délétère qu’il se nourrit de maintes « hérésies » dont les Tunisies n’étaient guère coutumiers. Ils débrayent au quart de tour, protestent à tout bout de champ, gagnent des mille et des cents pour ne rien faire ou si peu, et surtout utilisent à mauvais escient ce qui est censé être devenu la clé de toute entreprise rédemptrice, à savoir une liberté comprise comme brute et souvent laissée en jachère.

C’est déjà mal parti !

Dès les aurores de cette ère au rythme de laquelle les Tunisiens vivent depuis sept ans, rares sont ceux qui ont appris de leurs erreurs, ajusté leur choix ou pris les résolutions qui vaillent. N’y cherchons pas la source ailleurs que dans le régime politique qu’ils se sont choisi au travers d’une Constitution qui renvoie à bien des égards aux pires cauchemars du régime d’assemblée presque partout rejeté aux oubliettes et dont nos Constituants ont exhumé le compendium à des fins contestables et partisanes. C’est, plus est, un monument d’incohérences, qui édicte parfois la chose et son contraire, peu projeté sur l’avenir, confié à des députés mal élus, plus prompts à maugréer qu’à dire et décider de choses qui fassent sens. Le tout, enfin, régenté par un consensus dont les deux artisans, florentins devant l’Eternel, savent pourtant qu’il est malencontreux et à terme fâcheux.

Une configuration où fatalement on ne gouverne pas et on ne laisse pas gouverner. Une aberration dont se ressent le pouvoir en son entier et d’abord l’Exécutif qui a toujours maille à partir avec une Représentation dite nationale peu pressée de se saisir des projets de loi qui s’amoncellent sur ses pupitres, surtout des textes jugés prioritaires et de la toute première importance. C’est le cas des instances constitutionnelles ou présentées comme telles, comme la Cour constitutionnelle, cheville ouvrière de tout le travail législatif, et de lois organiques dont les projets croupissent dans les placards du palais du Bardo. Le gouvernement s’en offusque. Sans plus. Pourrait-il en faire autrement dès lors qu’il est pieds et poings liés et qu’il lui est formellement interdit d’agir par ordonnances ?

Le gouvernement aussi

Certes, ce n’est pas la seule tare dirimante à laquelle il se trouve exposé. Lui-même ne peut être en reste car il ne semble pas avoir vocation à  livrer des résultats dont il pourrait être fier comme en témoignent nombre de ses faits, gestes et décisions. Au point qu’il est périodiquement question de son changement pour des griefs, certes pas toujours innocents, mais aussi parce qu’il ne remplit pas son office du mieux qu’il puisse le faire, fondamentalement au motif que, dans ses ressorts, on ne trouverait pas trace d’une vision claire, pertinente et largement convenue, qui trace un cheminement et fixe des buts à atteindre. De l’improvisation peut-être, mais on ne s’empêchera pas de repérer des formes d’impéritie qui grèvent son fonctionnement et, d’aucuns disent, sa composition. Même sa guerre contre la corruption dont il a fait son cheval de bataille et dont le lancement lui a valu une effusion de dithyrambes, a vite fait de tourner court pour s’ensabler dans des méandres de divers ordres.

Pressions d’ici et d’ailleurs

Mais ce n’est pas à cette aune qu’il est le plus sévèrement jugé. Qu’il s’agisse d’inflation, de dette, de chômage ou encore d’investissement, l’actuel gouvernement a ostensiblement fait pire que ses prédécesseurs, sans doute parce qu’il n’a pas été servi par la conjoncture, mais indiscutablement parce qu’il « y a mis du sien ». Avec une croissance qui peine à bouger pour procurer assez d’emplois à des jeunes de plus en plus nombreux à en demander, une inflation exponentielle qui érode dramatiquement le pouvoir d’achat pour devoir plafonner à un taux à deux chiffres cette année, des paiements au titre du service de la dette qui atteindront un niveau record de 22% du budget du pays en 2018, des salaires publics qui dévorent 15% du PIB, on peut affirmer que le pire n’est pas derrière nous. Et c’est peu dire !

Il est cependant clair que les tourments du gouvernement ne s’arrêtent pas là. Avec une grosse épine dans le pied qui s’appelle l’UGTT qui demande sur toutes les fréquences le départ de son chef et un vaste bal de chaises musicales, l’équipe ministérielle se trouve en butte à une succession d’obstacles qu’elle n’a pas les moyens d’enjamber. Sans parler d’un Fonds monétaire international, en père fouettard, qui sermonne, qui catéchise et qui fixe des politiques à coups d’injonctions comme il vient de le faire pour les prix de l’énergie et le Dinar.

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