Le nouveau gouvernement d’Ali Laârayedh a obtenu, ce mercredi, 13 mars 2013, la confiance de l’assemblée nationale constituante avec la majorité de voix, soit 139 voix sur 197 alors que 45 députés ont voté contre et 13 se sont abstenus. Un résultat jugé très intéressant par la plupart des députés qui se sont déclarés surpris par l’étendue du « oui » de vote (70%), dépassant de loin le nombre de suffrages dont avait été crédité le gouvernement de Hamadi Jebali (143/217), alors que le nouveau gouvernement n’a pas été notablement modifié, ni au niveau de ses membres ni dans sa structure, conservant même plus de 65% de l’effectif du gouvernement sortant. La question qui se pose à ce stade est la suivante : Dans quelle mesure doit-on donner crédit à un gouvernement dont plus de la moitié des ministres n’a pas réussi durant le précédent mandat ? De quoi a-ton réellement besoin aujourd’hui
« La mainmise de Montplaisir »
Chokri Yaich, membre du bureau exécutif de Nidaa Tounes a précisé à Africanmanager que plus de 60% de l’ancien gouvernement ont été recyclés dans le nouveau gouvernement alors qu’ils ont échoué, en grande partie, à concrétiser les grandes lignes de la Révolution et accomplir le programme élaboré, depuis leur accession au pouvoir. Et d’ajouter qu’il s’agit d’un gouvernement bicéphale, Ali Laârayedh, d’un côté et l’ancien ministre de la Justice, Nourredine Bhiri qui occupe désormais un poste auprès du Chef du gouvernement, de l’autre, ce qui peut impacter, selon lui, le nouveau ministre de la Justice qui est appelé, aujourd’hui, à avoir une forte personnalité pour pouvoir être réellement indépendant.
Chokri Yaich a expliqué que l’échec de l’ancien gouvernement est dû à la mainmise de Montplaisir sur toutes les décisions. Cela est expliqué également par la règle des quotas et l’incompétence de certains ministres », a souligné Chokri Yaich en citant l’exemple de la ministre de la Femme, Sihem Badi qui ne cesse, selon lui, de soutenir, aveuglement, le parti au pouvoir.
Toutefois, pour réussir cette période, Chokri Yaich a appelé le gouvernement à préparer,dès maintenant l’application de la décentralisation et ne pas attendre l’entrée en vigueur officielle de la constitution (chapitre 6 du pouvoir local), et ce afin d’éviter le chaos et le vide dans l’administration tunisienne en l’absence d’un texte de loi organisant ce passage d’un Etat centralisé à un Etat décentralisé.
Il faut également, selon lui, lever le voile sur les organisations qui embrigadent nos enfants (filles et garçons), pour alimenter le terrorisme particulièrement en Algérie, au Mali et au Syrie, précisant que cela à touché des centaines de nos enfants.
« On est réellement dans une fissure »
Nadia Chaâbene, députée à l’ANC a souligné, quant à elle, que le gouvernement a gardé les mêmes personnes bien qu’ils aient échoué lors de leur premier mandat : « On ne sait pas sur quelle base ce remaniement a été fait. On voit bien qu’on est réellement dans une fissure de contentement des partis et non pas dans l’efficacité », a déclaré la députée qui n’a pas caché non plus son inquiétude vis-à-vis du nouveau ministre de l’Education, facteur clé de l’économie tunisienne : « On ne peut pas se taire sur cette nomination qui est menace le système scolaire tunisien », a-t-elle dit.
Selon elle, la priorité, aujourd’hui, est de renouer avec la confiance et la crédibilité.
« Je ne crois pas au remaniement »
Le ministre de l’Equipement, Mohamed Salmen a précisé, de son côté, qu’il ne croit pas du tout au remaniement ministériel. Selon lui, il ne s’agit pas d’une question de changement de personnes, puisque l’ancien gouvernement aurait pu arriver jusqu’aux élections sans problèmes. Il a estimé, par contre, que le gouvernement a réussi relativement dans son travail, mais il faut patienter pour recueillir les fruits de ses réalisations. Et de préciser que tous les ministres ont travaillé suivant le programme tracé par l’ancien Chef du Gouvernement, Hamadi jebali.
Lancement du programme du gouvernement, dans 2 semaines
De son coté, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé des Affaires économiques Ridha Saïdi a précisé que le renouvellement a touché environ 35% du nouveau gouvernement parmi des compétences et des indépendants dont certains ont occupé des postes à l’étranger.
Il a précisé que plusieurs défis devraient être relevés avec la formation du nouveau gouvernement dont principalement la sécurité, l’emploi et le développement.
Il a indiqué que le Chef du gouvernement, Ali Laârayedh est en train de coordonner avec tous les ministères pour présenter d’ici les deux semaines prochaines, le programme du gouvernement pour le reste de l’année 2013. Il faut, selon lui, identifier les priorités de chaque ministère suivant les besoins de l’étape. « La réussite est tributaire de la cohésion entre tous les membres du gouvernement. « C’est vrai que l’ancien gouvernement a fait des réformes structurelles qui nécessitent beaucoup du temps, mais aujourd’hui, on a des priorités bien déterminées et des mesures urgentes à prendre», a-t-il ajouté.
Khadija Taboubi