AccueilLa UNEUn ministre-gouverneur à la tête de la BCT !

Un ministre-gouverneur à la tête de la BCT !

On l’écrivait depuis le 10 septembre 2023, « Capri, c’est fini », lorsque le chef de tout l’Etat tunisien, Kais Saïed intimait  à l’ancien Gouverneur que « La BCT est autonome, mais pas indépendante », ordonnant que désormais dans la Tunisie qu’il veut ? le financier se mettra au service du politique.

Le projet de loi mettant administrativement fin à l’indépendance de la BCT n’a pas encore été discuté par l’ARP, mais cela ne saurait tarder selon certains députés. En attendant, le dernier clou dans le cercueil de l’indépendance de la BCT et d’une politique monétaire indépendante  de la politique économique, vient d’être planté en sourdine.
Le 15 février 2024, le communiqué de la présidence de la République tunisienne, qui annonçait la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouverneur de la BCT, Fethi Nouri, parlait de la nomination d’un nouveau Gouverneur. Personne n’avait alors fait attention aux détails de ce communiqué, qui ne prendront d’ailleurs de sens qu’à la lecture du décret de nomination y associé, pourtant publié la même nuit au Journal Officiel de la République tunisienne (Jort).

Sur le Jort, en effet, on remarque que, dans la publication du décret de nomination, il a été ajouté une fonction administrative et politique à celle de gouverneur de la BCT qui a désormais rang de ministre. On comprendrait alors presque que c’était plutôt une simple nomination d’un nouveau ministre dans le gouvernement d’Ahmed Hachani.  

Du coup, l’ancien haut cadre juridique d’une BCT qui avait vainement essayé de défendre son indépendance vis-à-vis de l’Exécutif politique tunisien, Ahmed Hachani devient ainsi le chef du ministre-gouverneur, qui siège désormais à presque toutes ses réunions, et protocolairement placé, autour de la table, à côté de la ministre des Finances.

–    Hachani met les points sur les i pour le nouveau ministre-gouverneur
Et en face du ministre-gouverneur, lors de la réunion du 26 février sur le code des changes, le chef du gouvernement ne manque pas de mettre les points sur les i. Le communiqué issu de cette réunion, qui rapportait les propos du gouvernement, disait qu’il avait « souligné au début du Conseil, que le projet de code des changes et les mesures qui en découlent, sont du ressort et des missions du ministère des Finances, qui travaille sur les avis de change, et des missions de la Banque centrale de Tunisie qui adresse des circulaires aux autorités financières compétentes ».

Le classement est ainsi clair et précis, et respecterait le protocole gouvernemental. Il donne clairement le Lead et la main sur ce sujet à Sihem Boughdiri, devant Fethi Nouri, alors que l’ancien gouverneur en avait pris le Lead de fait depuis 2 ans en étant publique le 1er à annoncer l’intention du projet et donné ses grandes lignes. Visiblement bras droit de Hachani, la 1ère décide, et le second passe ses commandements aux banques de la place. On est alors en droit de nous demander si le projet sera maintenu à l’état où l’avait annoncé par le duo Abassi-Nemsia à Dar Dhiafa, ou s’il amendé, revu et corrigé selon la vision de l’ancien directeur juridique et DG des RH, devenu chef de gouvernement. La nouvelle donne politique, impacterait-elle alors alors le code des changes 2.0. Il serait aussi opportun de rappeler que la question de refonte du code des changes, a été incluse dans le package des réformes présenté aux bailleurs de fonds, dont le FMI avec lequel le pays de Kais Saïed et le gouvernement Hachani sont en froid et cogitent une nouvelle forme de collaboration.

Reste à savoir aussi, si cette nouvelle chaîne de commandement ne s’appliquera qu’au prochain code des changes, ou sera généralisée pour tout ce qui concerne la politique monétaire, son droit de regard sur les banques de la place, où la BCT ne deviendrait plus qu’une chambre d’enregistrement ?

Et comme s’il était conscient de l’impact de ses paroles devant le nouveau-venu, Hachani modère un peu en rappelant devant Nouri que « l’Etat tunisien tient à toutes ses institutions, à l’instar de la Banque Centrale de Tunisie, qui est une institution historique et ancienne. Et il convient de noter ici que le précédent gouverneur de la BCT, récemment parti, et qui, contrairement à ses prédécesseurs depuis 20 ans, a achevé son mandat complètement, ce qui est une preuve supplémentaire de la stabilité de l’Etat tunisien ».
Etait-ce pour tranquilliser le nouveau ministre-gouverneur sur le sort de son fauteuil en cas de remaniement ministériel que le chef du gouvernement disait cela au nouveau ministre ? Qu’adviendra-t-il alors du poste vice-gouverneur ? Deviendra-t-il administrativement « Secrétaire d’Etat auprès du ministre-gouverneur » ? Actuellement rémunéré le quintuple de son chef, le nouveau ministre-gouverneur verrait-il l’alignement de sa rémunération sur celles de ses collègues ministres ?

Ce n’est en tout cas pas dans le mutisme gouvernemental total, en matière de communication, qu’on trouvera les réponses. Rappelons que lors de sa prestation de serment, Fethi Nouri avait juré neutralité et indépendance. Parviendra-t-il à nager à contre-courant ?

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2 Commentaires

  1. Beaucoup de pertinence d’a-propos. M. Boumiza aurait pou aller plus loin pour justifier pourquoi, le ministre-gouverneur percevait 5 fois les émoluments de son chef. C’est ce qu’on a fait en Tunisie de l' »Indépendance ». L’indépendance c’est se servir d’abord puis servir ce qui nous servent.

    • Cher lecteur. Dans les deux cas, les rémunérations sont fixées par la loi et validées par le CA où le ministère des finances notamment, siège

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