AccueilLa UNEUn quinquennat qui en cache un autre … plus clivant !

Un quinquennat qui en cache un autre … plus clivant !

De la façon dont ce quinquennat, le deuxième de la 2ème République, fait ses premiers pas, nombreux sont les analystes et observateurs qui saisissent l’appréhension que, à l’égal de son précédent, il ne soit pas non plus de tout repos pour les Tunisiens. Démarrant sur les décombres d’une législature où l’on a vu de toutes les couleurs, la présente qui s’étalera jusqu’à 2024 avec à l’hémicycle, un composé de partis politiques pour la plupart néophytes, par endroits enflammés, mais remplissant un mandat à l’enseigne d’un régime parlementaire obsolète et d’une loi électorale tarabiscotée, n’a pas l’heur de répondre aux défis de cette étape, absolument cruciale.

« Avec un président de la République plutôt réticent à l’idée de réformes pour moderniser la société… et le leadership d’Ennahdha au Parlement, certains s’inquiètent de voir le jeu politique dominé par les islamistes », craint le quotidien « Le Parisien ». Il relève que « dans l’électorat, les attentes sont immenses envers [Kais] Saïed, parfois décalées par rapport aux réels pouvoirs du Président dans la constitution. À la manœuvre effectivement, Ennahda pourrait être comptable des espoirs déçus ».

Tout cela pour conclure que « avec cet émiettement électoral et des malentendus qui contribuent au brouillage idéologique, le risque est de voir la Tunisie piétiner, encore, pendant cinq ans, alors qu’on dit le pays proche du défaut de paiement de la fonction publique».

Le mauvais choix !

Encore plus tranchant est le constat posé par Béchir Ben Yahmed sur les colonnes de Jeune Afrique. « En se donnant un Rached Ghannouchi comme président de l’Assemblée, la Tunisie a régressé d’un siècle ; elle est devenue ou risque de devenir comme l’un de ces pays du Moyen-Orient dont nous observons jour après jour l’arriération et qui perdent leur temps en interminables querelles moyenâgeuses » assène-t-il. Ce qui suivra est de la même eau : «  Les islamistes tunisiens et leur formation Ennahdha ont montré tout au long des neuf dernières années qu’ils manquaient d’hommes d’État capables de gouverner un pays moderne. N’ont-ils pas inconsidérément augmenté les effectifs de la fonction publique et parapublique en recrutant des dizaines de milliers de fonctionnaires, plombant l’administration et déséquilibrant le budget de l’État ? N’ont-ils pas doublé l’endettement du pays, le portant à un niveau insoutenable ? N’ont-ils pas favorisé l’inflation et le chômage, le terrorisme et la corruption ? ». « La Tunisie se porterait mieux si elle était gouvernée sans eux », ajoute le fondateur de Jeune Afrique qui souligne que «  tout se passe, hélas, comme si on reprenait les mêmes pour refaire les mêmes erreurs et mener le pays aux mêmes échecs ».

« Je ne pense pas que le pays pourra supporter un second quinquennat pour rien, ni que les Tunisiens auront la patience d’attendre que leurs femmes et leurs hommes politiques s’aperçoivent qu’ils ont pris la mauvaise voie. On va donc vers des lendemains qui déchantent avec un quinquennat chahuté. Il me paraît en tout cas inconcevable que les élections législatives n’apportent aucun changement, qu’on réédite le quinquennat précédent et que le seul vrai changement se limite à celui d’un nouveau président », conclut-il.

« Tout le monde est perdant » !

Iman Zayat, directrice de la rédaction du site « The Arab Weekly », abonde dans ce sens en relevant que « ironiquement, les Tunisiens qui espéraient un changement, font face à un paysage politique dominé par un gouvernement de coalition avec des islamistes et des laïcs. Pour certains Tunisiens, il s’agit là d’un cercle vicieux qui sape l’avenir du pays. Pour d’autres, c’est le résultat logique d’un système électoral fondé sur la représentation proportionnelle et d’un système politique qui repose sur un régime semi-parlementaire dysfonctionnel dans lequel aucun parti gagnant ne pourrait gouverner sans consensus ».

Elle va encore plus loin pour trouver que « dans l’état actuel des choses, tout le monde est perdant, y compris Rached Ghannouchi. Le vieux gourou islamiste devenu politicien a peut-être obtenu le poste de président du parlement, mais il a perdu beaucoup d’influence et de crédibilité en coopérant avec un parti [Qalb Tounès] qu’il a décrit comme « corrompu » ». « Ennahda et Ghannouchi agissent peut-être comme s’ils n’étaient pas menacés par la mobilisation populaire contre le  » système « , mais ils font partie intégrante du système contre lequel les gens se tournent, ayant joué un grand rôle dans la conception de l’Assemblée nationale constituante de 2011 ».

Et pour conclure,         elle estime que «  Ghannouchi poursuivra ses activités comme si de rien n’était, du moins pour l’instant. Il peut former toutes les alliances chancelantes qu’il veut avec des figures recyclés et des partis qui revendiquent un passé séculier. Il peut construire son prestige et expliquer à ses partisans comment ceux qu’il juge « corrompus » valent encore la peine de travailler avec eux. Il peut aussi jouer un rival contre l’autre et menacer les critiques et les dissidents ».

Synthèse et traduction AM

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