Des émissaires suisses se rendront donc en Arabie saoudite pour représenter les intérêts de Téhéran et feront la même chose pour les Saoudiens en Iran. C’est ce qui est ressorti du séjour de 24 heures à Riyad de Didier Burkhalter, ministre suisse des Affaires étrangères. Ce dernier a eu un entretien avec le souverain d’Arabie saoudite, Salman ben Abdel Aziz al-Saoud et avec le chef de la diplomatie saoudienne, Adel al-Jubeir.
Lors de ces rencontres, il a aussi été question des « foyers de tensions dans la région, en particulier en Syrie et au Yémen », d’après le communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.
Et oui, rompre les relations diplomatiques est plus facile à décréter qu’à faire, et là en l’occurrence l’Iran et l’Arabie se frottent trop dans la région et ailleurs pour qu’une cessation de tout rapport soit envisageable.
L’Arabie saoudite jalouse de l’Iran ?
Pour rappel, Riyad avait décidé de rompre ses liens diplomatiques avec l’Iran après que des manifestants s’en sont pris à son ambassade à Téhéran et ont incendié une partie du bâtiment, des actes en représailles à l’exécution d’un important chef religieux chiite saoudien. Mais on peut légitimement se demander s’il n’y a pas derrière l’attitude disproportionnée de l’Arabie saoudite une profonde irritation du fait que l’Iran ait été réintégré dans le concert des nations après des décennies d’embargo. Riyad n’a toujours pas digéré la bienveillance de l’ami et protecteur américain vis-à-vis de l’Iran. L’Arabie saoudite a tout fait pour torpiller les négociations autour du nucléaire iranien et empêcher Téhéran de redevenir fréquentable, mais rien n’y a fait.
Riyad est d’autant plus énervé que son économie est au plus mal suite à la chute vertigineuse des cours du pétrole, alors qu’en face l’Iran signe des contrats et achète des avions airbus à tout-va pour relancer son économie, en attendant le retour massif des investisseurs étrangers. Sans parler de la perspective de voir Téhéran renforcer ses capacités militaires, notamment en s’appuyant sur la Chine, dont le président a été le premier dirigeant étranger à se rendre en Iran une semaine à peine après que les sanctions de l’ONU ont été levées.
Tout cela empêche Riyad de dormir sur ses deux oreilles. Et le cauchemar ne fait que commencer manifestemen…