AccueilLa UNETunisie-Santé : "Chantage" et "rafistolage", dénonce Dr Abdelmajid Mselmi

Tunisie-Santé : « Chantage » et « rafistolage », dénonce Dr Abdelmajid Mselmi

La pénurie des médecins spécialistes dans les régions de l’intérieur est le problème majeur de la santé publique dans notre pays. Chaque année, nos facultés de médecine forment des centaines de médecins spécialistes. Mais malheureusement ils ne veulent pas travailler dans les régions éloignées, alors que des milliers de médecins occidentaux se rendent, eux, dans les régions reculées, comme par exemple le Népal, le Tchad, et dans d’autres pays en guerre ou démunis, gratuitement, juste pour venir en aide aux pauvres!

L’insuffisance de médecins met en péril la santé des citoyens des régions intérieures car elle ce sont particulièrement les spécialités vitales qui sont concernées, telles que la gynécologie et l’obstétrique, l’anesthésie-réanimation, la chirurgie, l’orthopédie, la radiologie, la pédiatrie et la cardiologie.

Si nos spécialistes ne refusent pas, comme ils n’arrêtent pas de le marteler, de servir à l’intérieur du pays, alors où est le problème ? Faut-il recourir au travail forcé, ou à une sorte de « chantage » ?

Deux décisions viennent d’être récemment prises par le ministère de la Santé publique pour résoudre le problème de la pénurie des médecins spécialistes dans les régions ; ils seront bientôt examinés par un Conseil ministériel.

La première consiste à lancer un concours pour les médecins résidents en vue de recruter 120 praticiens pour travailler dans les régions intérieures, dans neuf spécialités.

Ces nouvelles recrues s’engagent à travailler dans ces régions pendant quatre ans consécutifs.

La seconde consiste à « obliger » les résidents à effectuer 2 mois de stage dans les hôpitaux régionaux au cours de leur cursus de formation.

Interrogé sur ces deux nouvelles mesures, le Docteur Abdelmajid Mselmi, maitre de conférence agrégé et dirigeant au Front populaire, a considéré que la première mesure proposée par le ministère de la Santé publique n’est que du rafistolage et ne permettra pas de résoudre le problème. D’une part parce que cette mesure ne peut donner des fruits – si elle en donne un jour, ce qui n’est pas évident – qu’après 5 à 6ans le temps de former de nouveaux résidents engagés dans ce processus, soit en 2024-2025, si tout va bien. Alors que les hôpitaux de l’intérieur ont besoin en urgence d’au moins 300 médecins spécialistes pour soigner des milliers de patients en détresse.

Le Dr Mselmi ajoute que le projet du ministère n’est pas clair. Si le ministère envisage d’organiser un concours de résidents « bis » destiné aux régions de l’intérieur, ce sera une honte et une mascarade nationale, dit-il . On dira alors qu’il y a un concours pour les spécialistes des régions de l’intérieur et un autre pour les régions côtières. Ainsi et après la médecine à 2 vitesses, on aura les médecins des régions de l’intérieur et les médecins des régions côtières.

Si le ministère envisage de faire chanter les résidents en leur octroyant les spécialités voulues (le choix de la spécialité se fait selon le classement dans le concours et certains n’obtiennent pas la spécialité voulue) et en contrepartie ils s’engagent à travailler dans les régions de l’intérieur, les résultats seront maigres et décevants, affirme le Dr.

D’une part, peu de résidents sont généralement insatisfaits de leur choix de la spécialité et par ailleurs certains d’entre eux n’accepteront pas ce chantage et préfèrent garder leur liberté de travailler là où ils veulent. Au final, nous prévoyons que ce nombre ne dépassera par 40 ou 50 spécialistes en 2025, déclare le médecin. Tout ça pour ça ???

Dr Abdelmajid Mselmi défend souvent l’idée qu’il faut obliger les médecins spécialistes récemment formés à travailler pendant 2 ans dans les régions de l’intérieur. A notre remarque sur le fait qu’il défend « le travail forcé » il rétorque que c’est la seule solution,  au moins pendant une période de 5 à 10 ans, pour résoudre le problème de la pénurie des médecins spécialistes dans les régions de l’intérieur.

Tout le monde est appelé dans un moment de sa vie à travailler dans les régions de l’intérieur : magistrats, cadres sécuritaires et administratifs, enseignants… Aucun corps de métier ne doit faire l’exception. Pour les jeunes médecins spécialistes, ça ne peut qu’enrichir leur expérience professionnelle et personnelle.

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