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Tunis : Requiem pour une révolution !

La Révolution ! Quelle révolution ? Cinq ans après son déclenchement un certain 14 janvier 2011, celle dont les Tunisiens ont allumé le brandon n’est plus qu’un fade souvenir dont même la commémoration a cessé de faire recette. L’événement n’est pas dans la rue, encore moins dans les esprits tant est vif le désenchantement et évanoui l’espoir qui animait tout un peuple au sortir de 23 années de braise dont le retour, paradoxalement, est appelé des vœux d’un  nombre croissant de Tunisiens.

Le constat est funeste, mais réel ; il donne à réfléchir alors que bien des espoirs, et pour la multitude, tous les espoirs,  ont été, au fil des jours, pulvérisés par l’usage qui a été fait de la Révolution et la désespérance qu’il a fait  naître chez une Nation qui s’est dressée pourtant comme un seul homme pour faire son deuil d’un régime dont elle avait ressenti dans sa chair toute la malfaisance, la vilénie et les turpitudes. Corollairement, elle s’était mise à espérer, mais en fait elle n’a fait que nourrir de folles espérances, pour se retrouver, au bout du compte, le bec dans l’eau. Non que la Révolution ait été mal faite, mais parce qu’elle a été vite confisquée par d’autres, et ces autres-là  sont encore là, sous différentes appellations, tirant à hue et à dia, sans savoir où aller, ni pouvoir le faire, sauf faire des promesses, ne pas les tenir, en faire d’autres, et les trahir à l’avenant. Le miroir aux alouettes, en somme !

Berceau du printemps arabe ! Billevesées et calembredaines ! Les Tunisiens n’en ont rien vu hormis les palabres des politiciens, les grèves, les sit-in, le chômage, les jeunes à dérive, l’école bafouée, l’insécurité, la pauvreté démultipliée, les régions abandonnées, l’inflation, le terrorisme avec son cortège de morts et de blessés, le désespoir… On doit cependant à la vérité de dire que le Tunisien est plus libre, immodérément libre, au point de s’emmêler les pinceaux, faire ce que bon lui semble, demander tout et tout de suite face à un Etat impuissant et par moments inopérant, qui a vu son autorité lui filer entre les doigts, qui essaie de se ressaisir, mais le plus souvent vainement. Une vacuité que des associations, des organisations professionnelles et autres à laquelle ont vite fait de pourvoir en imposant leur loi et fixant le cap à négocier à coups d’ukases et de pressions. Est-ce la faute à la Révolution ? Sans doute, Mirabeau ne disait-il pas que “le meilleur moyen de faire avorter la révolution, c’est de trop demander.”

Les politiciens se targuent à l’envi d’avoir doté les Tunisiens d’une Constitution, ouvrant la voie à des élections à la fois législatives et présidentielles et partant à la formation d’un gouvernement durable. C’est indiscutable et d’autant plus vrai que la Loi fondamentale a été publiée au Journal officiel de la République Tunisienne et célébrée dans les chaumières. Mais ceux auxquels elle est destinée n’en ont vu que dalle sauf peut-être un hémicycle autrement composé, mais, cette fois-ci, sous la houlette de deux « mâles dominants » qui font et défont tout sous le sceau d’un consensus qui arrange leurs intérêts respectifs bien plus qu’autre chose en attendant, pour l’un d’entre eux au moins, l’occasion propice de conclure…

Les juristes disent qu’une constitution ne vaut que par l’usage qui en est fait. Or, à l’exercice, on ne s’empêchera pas de remarquer qu’elle a été maintenue dans l’état d’une coquille vide dont le contenu convenu est rangé aussitôt au magasin des vieilles lunes avec, au demeurant, des députés plus enclins à se chamailler qu’à légiférer. Dans le même, temps, le gouvernement gouverne, certes, mais avec des moyens du bord qui sont dérisoires, voire squelettiques, et surtout sous des pressions si fortes et multiformes que sa composition fluctue au gré des vents d’une politique politicienne, sans commune mesure avec les enjeux de toute une Nation qui revendique en chœur un changement qui se fait toujours attendre.

De tout ce qui a précédé, nulle trace de révolution devenue plus une vue de l’esprit qu’un vécu. Et ceci a tout pour être déprimant pour un peuple qui a fondé d’immenses espoirs sur le 14 janvier qu’il regardait comme une date-charnière ayant vocation à le délivrer à jamais des affres du passé proche et lointain et l’engager sur la voie d’une autre Tunisie comme la veulent et la rêvent les Tunisiens.

« Votez pour l’homme qui promet moins, il y aura moins de déceptions.» Bernard M. Baruch, conseiller des présidents américains Wilson et Roosevelt aura tout dit.

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