AccueilLa UNETunisie : Une société nationale prise en otage et spoliée. Où sont...

Tunisie : Une société nationale prise en otage et spoliée. Où sont Korchid et Mejdoub ?

A l’instar de presque toutes les entreprises nationales, la société nationale des chemins de fer tunisiens pâtit des effets de la tension sociale. Et lorsqu’on pose la question à la PDG de l’entreprise, elle ne le cache pas. «Notre grand problème, actuellement, est constitué par les sit-in de Meknassi qui bloquent les trains de la société. Cela nous cause un manque à gagner de 25 MDT par an, rien que pour le transport du phosphate, sans parler du manque à gagner dans le transport des voyageurs. Nous avons des demandes des habitants de Gafsa et Tozeur pour la reprise des services de la SNCFT. On ne demande que cela, mais on n’arrive toujours pas à lever le sit-in de Meknassi qui dure depuis des mois». Selon elle, ministère du Transport et gouvernement sont au courant, mais personne ne bouge pour débloquer la situation avec des jeunes, qui arrivent à tenir leur sit-in pendant plus d’un an. De quoi douter de l’existence d’une taupe au sein de la SNCFT qui les tienne même au courant de toutes les tentatives de la société de reprendre ses trains et même que le sit-in soit soutenu par certains transporteurs de phosphate par camions qui auraient intérêt à ce que les trains de la SNCFT restent immobilisés. Sarra Rjeb ne l’exclut pas sans en avoir les preuves. «Ils sont informés, c’est sûr et certain. On a essayé, à un certain moment, de reprendre un train en envoyant une locomotive le tracter. La locomotive aussi a été prise en otage».

Mais la SNCFT, c’est aussi une entreprise carrément spoliée de ses biens fonciers, au vu et au su de tous et pas que par de simples petits bandits, mais par des hommes d’affaires, parfois notoires dans leurs régions. Le vol de terrains ou empiètements sur les emprises mêmes des chemins de fer devient un gros dossier à la SNCFT. Tellement gros que la société essaie de le saucissonner par une approche par gouvernorat et par région. Sarra Rjeb le confirme, en affirmant à Africanmanager que «on a terminé Tabarka où on a énormément d’empiètements sur notre domaine. Des affaires sont actuellement en justice. Pour d’autres, on a déjà le jugement définitif, mais on n’arrive pas à l’appliquer ». Et la PDG de nous révéler que «il y a des hôtels, des terrains de golf et des maisons touristiques qui sont construits sur le domaine public ferroviaire. La liste et très longue à Tabarka, tout comme à Kasserine où les empiètements sont au nombre de 65». Et ce qui n’arrange pas les choses, c’est que «il y a des pressions de la société civile, des autorités, locales et régionales pour détourner la voie ou même supprimer le train qui traverse la ville». Ils savent pourtant tous que c’est la ville qui a été construite autour de la voie ferrée et non le contraire. Société civile et autorités deviendraient-elles complice de ce qui est fait hors la loi ? Les défenseurs de la loi, en deviendrait-ils les pourfendeurs ? C’est pourtant ce qui semble être à l’écoute de la PDG de la SNCFT.

Pour l’instant et malgré les pressions exercées de toute part et le soutien de quelques uns autour des terrains occupés par la SNCFT et qui sont sa propriété, la société n’a pas l’intention de céder. «Nous ne sortirons ni de Sousse, ni de Sfax, ni de Kasserine. Nous avons adressé un courrier au ministère du Transport pour lui demander de nous aider à reprendre le trafic vers les grandes lignes de Sfax et de Gabès à travers le centre-ville de Sousse, ce qui nous ferait gagner entre 30 et 45 minutes». Pour reprendre le trafic ferroviaire vers Tabarka, c’est manifestement plus difficile, car il faudra d’abord démolir les hôtels et toutes les infrastructures bâties en violation de la loi, sur le domaine de la SNCFT.

Où sont les ministres, d’abord celui de l’Intérieur, Hédi Mejdoub qui est la tutelle directe des autorités régionales et des forces de l’ordre, alors qu’on laisse impunément prendre en otage des trains entiers. Ensuite le secrétaire d’Etat aux Domaines de l’Etat Mabrouk Korchid qui n’a jamais évoqué ce problème. Ce dossier intéressera-t-il enfin le ministre qui s’est fait une forte réputation dans le domaine de la récupération des terrains de l’Etat ? On ne parlera pas de celui du transport, car nous avions déjà évoqué cette question des trains, sans que lui, ni son secrétaire d’Etat ne réagissent.

Sarra Rjeb est plus politiquement correcte, puisqu’elle ne tarit pas d’éloges sur le temps de réaction record de la nouvelle administration et du nouveau ministre. «Mabrouk Korchid est en train de faire du bon travail», dira-t-elle à Africanmanager, tout en se déclarant impuissante, «face aux décisions de justice que je ne peux appliquer» ajoute-t-elle, tout en restant optimiste au regard de ce qu’elle apprend par la presse sur les réussites de Mabrouk Korchid.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -