Les exécutions dans le monde ont atteint leur plus haut niveau depuis 2015, avec 1518 personnes exécutées par les autorités de 15 pays en 2024, sans compter les exécutions non encore déclarées.
Tel est le bilan glaçant dressé par la coordinatrice des campagnes et du plaidoyer au sein de l’organisation Amnesty international (bureau de Tunis), Samar Sahiq, lors d’une conférence de presse tenue, mardi, au siège du SNJT, à Tunis à l’occasion de la publication de son rapport annuel sur la peine de mort dans le monde 2024.
Sahiq a ajouté que la plupart des pays qui appliquent encore la peine de mort à leurs citoyens sont des pays asiatiques et quelques pays africains, en plus des États-Unis.
Selon les dernières statistiques de l’organisation, l’Iran, l’Irak et l’Arabie saoudite ont enregistré le plus grand nombre d’exécutions, avec 1 380 exécutions sur un total de 1518, soit environ 64 % du nombre global des exécutions dans le monde.
Elle a également indiqué qu’Amnesty International a constaté que cinq pays asiatiques ont procédé au plus grand nombre d’exécutions durant l’année 2024, citant en l’occurrence la Chine, l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Irak et le Yémen.
La hausse du nombre d’exécutions, explique la responsable d’Amnesty international tiennent à des infractions liées aux stupéfiants, au viol, meurtres et crimes d’honneur.
Pour les méthodes d’exécution utilisées, ajoute la même source, elles varient de la décapitation, l’électrocution, le peloton d’exécution, la pendaison et l’injection létale.
Pour sa part, le président de la Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort, Chokri Ltaief, a déclaré que la loi tunisienne « n’a pas explicitement aboli la peine de mort » contrairement à la Constitution de 2014 .
Pour la Constitution de 2022, a-t-il dit, elle reconnaît de manière explicite le droit à la vie, ajoutant que le système juridique du pays admet 58 actes répréhensibles de la peine de mort, malgré la ratification par l’État tunisien de plusieurs traités internationaux se rapportant à la question.
Il a rappelé que le nombre de personnes exécutées en Tunisie avant la suspension de la peine de mort en 1991 était d’environ 136 personnes, et qu’il y a actuellement 166 personnes, dont 12 femmes, condamnées à mort après avoir été reconnues coupables de crimes passibles de la peine de mort selon le code pénal tunisien.
Et le responsable de la coalition de constater qu’un nombre de condamnés à mort tunisiens souffraient de maladies mentales, de déficiences intellectuelles et de troubles psychologiques graves, et qu’ils ne bénéficiaient pas, dans certains cas, des garanties afférentes au procès équitable.
Face à cette situation, il a exhorté les autorités tunisiennes à réviser le code pénal, à abolir explicitement la peine de mort au sens du droit international et ne pas tarder à ratifier le deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Il les a également pressé à rendre publiques les données concernant les personnes exécutées dont les corps n’ont pas encore été remis à leurs familles.
Ltaief a par ailleurs souligné la nécessité de veiller à ce que tous les prisonniers, toutes catégories confondues, bénéficient de toutes les garanties prévues par la loi dès le moment de leur arrestation, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour promouvoir les conditions de détention des prisonniers condamnés à mort.