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«Avec des Si on mettrait Paris en bouteille». Et même toute la Tunisie !

Kais Saïed recevait voici quelques jours  son ministre des Domaines de l’Etat et son chef de gouvernement. Un peu niais (à notre sens et dans cet article d’opinion) pour un chef de tout l’Etat, Kais Saïed a surtout parlé dans son micro « des longues procédures et conditions qui ne sont pas entièrement innocentes, des conditions dressées par les pays et les banques dans lesquels se trouvent les fonds pillés, car certains d’entre eux souhaitent un jugement en présentiel contre les accusés, alors qu’ils savent avec certitude que ceux-ci fuient à l’étranger ». Il sait pourtant, comme il le dit, que « l’expérience a également montré que les décisions  rendues, si un jour elles étaient appliquées, ne le seront qu’après de longues décennies, et que ceux dont l’argent a été pillé ne récupèrent que les miettes restantes ». La République centrafricaine n’a en effet jamais revu la couleur de l’argent de Jean Bedel Bokassa. La Libye non plus avec l’argent de Kadhafi. Les Philippines y sont arrivés, pour l’argent de Marcos, mais à travers une loi sur la reconnaissance et le dédommagement des victimes des violations des droits de l’homme perpétrés par le régime de Ferdinand Marcos.

  • Les droits de l’homme et l’Habeas corpus aussi, pour tout accusé

Devant son ministre, Saïed arguait que « ces pratiques contredisent les principes les plus élémentaires des droits de l’homme et des peuples ». Mais il oubliait au passage les droits de tous ceux qui ont été jugés en Tunisie, ceux qui sont morts avant ou sans être jugés, par la justice d’une époque trouble où elle était, sélective et expéditive, car mise en place et mandatée par ceux qui sont maintenant, et sous son règne, en prison pour complot et autres accusations. Une justice alors basée sur un décret-loi expéditif qui accusait des enfants des crimes de leurs parents accusés de spoliation dans un rapport, parfois remis en question par ce qui reste de ceux qui l’avaient fait, notamment en termes de montants. Et des confiscations ont été faites de tous leurs biens, matériels et immatériels, en déni de leurs droits humains, car même les accusés ont des droits, et parce que cette confiscation a été plus que mal gérée et n’a que peu rapporté.

Voltaire disait que « « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». Nous ne soutenons pas tous ces gens, nous rappelons seulement quelques vérités, pour qu’elles ne se répètent pas.

En attendant, c’est un chef de tout l’Etat tunisien qui rêverait en couleurs et en 3D (à notre sens), qui donnait l’impression, devant son ministre des Domaines de l’Etat, de parodier lui-même cette expression française qui dit que « Avec des si, on mettrait Paris en bouteille » et on pourrait refaire le monde.

Pour Saïed, qui oublie qu’il n’y a que la relance de l’économie et la restructuration des finances pour y arriver, « si le peuple tunisien avait récupéré cet argent, qui lui revient de droit et qui se compte en milliers de milliards, provenant de comptes bancaires, immobiliers et mobiliers, il n’aurait pas vécu cette crise financière, car le peuple a  de l’argent et ils veulent nous prêter selon leurs conditions ».

Devant son chef de gouvernement, Kais Saïed qui consacrait (d’après le communiqué) une partie importante de son audience au cas d’un agent de l’état civil qui refusait de signer un acte de mariage et d’un autre qui refusait de donner permis d’inhumer, disait pourtant qu’ « il est inutile de parler d’un droit qui n’a aucun effet exécutoire (لا ينفع التكلّم بحق لا نفاذ له.). Pourquoi le fait-il alors et pourquoi entretenir ainsi une illusion perdue ?

  • Parlez-nous de nos droits économiques sous votre mandat aussi …

N’aurait-il pas été plus rentable en matière de fonctionnement des rouages de l’Etat et de l’Administration, qu’il voudrait épurer au lieu de mieux la motiver, de donner donc à son peuple le bilan de cette purge, et à quoi cette purge va lui servir ?

N’aurait-il pas été mieux de dire à ce peuple comment il compte finir l’exercice 2023 avec des finances exigües ?  De lui dire de quoi sera fait le budget 2024 ? D’aller voir aussi du côté de la place Mongi Bali inondée d’étals anarchiques malgré la proximité de l’espace réservé de Moncef bey, conçu par ZABA comme solution et qu’il fait lui-même la même chose pour le même résultat ?

N’aurait-il pas été mieux de parler à son peuple, de l’issue  de son  contrat financier signé avec l’Europe sur l’immigration illégale, alors qu’on voit déjà les Européens en demander pour leur argent en comptant les clandestins que la Tunisie n’aurait pas retenus, sans savoir si les millions d’euros ont été versés et à quelles conditions réelles ?

Lui parler de l’issue des discussions, s’il en a encore, avec le FMI. Lui dire pourquoi le ministère des Finances ne publie plus les chiffres sur l’exécution du budget 2023, et pourquoi le projet de loi de Najla Bouden sur la restructuration des entreprises publiques n’a jamais été par lui signé ?

Le peuple veut l’entendre parler du chômage à 15,6 et comment il compte l’endiguer. L’entendre lui dire comment il compte arrêter les vagues d’émigration des compétences en TICs et santé qui fuient le pays, et comment il compte faire pour attirer plus d’investisseurs, locaux et étrangers, pour créer plus d’emplois, stimuler la croissance.

  • … et faites-nous votre propre « زمن جميل »

Il voudrait l’entendre lui parler d’autre chose que des complots et de l’argent qu’il ne peut plus récupérer, et lui dire comment il compte créer, lui aussi, des jours heureux, ou un « زمن الجميل » qui donnerait mieux à parler de son ministère sur les plateaux TV qu’il obère et accable, comme les médias lorsqu’ils ne mettent pas en valeur ses activités dans les journaux radiotélévisés.

Ce sont, à notre sens, autant de vrais sujets dont il aurait fait mieux de parler à son peuple, qui donneraient de meilleures perspectives à son peuple, lequel désespère que son chef de tout l’Etat passe enfin à autre chose que les complots et  l’argent disparu. Qu’il arrête de parler et passe à la concrétisation des vœux pieux de son peuple qui croit aussi qu’avec des SI il va changer toute la Tunisie !

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