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Ce que je crois : Amateurisme chez l’Exécutif, et enfantillage chez l’une des «victimes»

Sur les réseaux sociaux, les «bases» du chef de l’Etat étaient à la fête le mardi 29 octobre. Pour eux, le nouveau chef de l’Etat aurait donné son 1er coup de balai. Cela, surtout que ce dernier avait touché deux ministres et le chargé de communication du chef du gouvernement, et coïncidé avec l’annonce de l’interdiction de voyager au propriétaire de la chaine TV Al Hiwar Tounsi. On ne sait pas si cette coïncidence est avérée, mais on rappelle que la même chaîne avait déjà fait l’objet de cabale facebookienne de la part des bases du président Kais Saïed, et qu’elle s’apprête à diffuser une série d’enquêtes sur le parti islamiste tunisien et l’argent d’Ennahdha. La même Al Hiwar s’était déjà illustrée par le 1er « guignol » du nouveau chef d’Etat lors d’une de ses émissions TV.

  • Le cas Jhinaoui. Qui l’a démis et pourquoi ?

C’est dire que la décision concertée entre les deux têtes de l’Exécutif tunisien, le mardi 29 octobre, de congédier les ministres des Affaires étrangères (MAE) et de la Défense nationale, a fait beaucoup de bruit. Un boucan, amplifié par la révélation que le MAE aurait fait acte de démission avant la publication du communiqué du chef du gouvernement le congédiant. Chef d’Etat et chef de gouvernement ont préféré annoncer une révocation.

Une journée plus tôt, éclatait la polémique de l’audience accordée par le chef de l’Etat au ministre allemand des Affaires étrangères, en l’absence, voulue par les services de la Présidence, de Khemaies Jhinaoui. La fin décrétée de ses fonctions signifierait-elle que le chef de l’Etat aurait été excédé par les réactions de Jhinaoui à propos de sa non-invitation pour un dossier que Saïed considèrerait sien ? On se rappelle que les affaires étrangères font partie intégrante des prérogatives du chef de l’Etat. Des médias proches du Palais indiquent par ailleurs que l’ambassadeur de Tunisie en Iran, présent lors de l’audience, serait un expert du dossier libyen, dossier que Saïed avait fait sien dès le grand débat télévisé avec son concurrent Nabil Karoui.

Tout cela reste cependant du domaine de la conjecture et des hypothèses, la présidence de la République demeurant, à ce jour, muette et fermée à toute demande d’explication. Peut-être voudrait-elle éviter une nouvelle polémique. Cette dernière est pourtant là. Ses retombées n’entachent pour l’instant, et à cause du silence média, que la présidence de la République. Cette dernière donne, bien malgré elle, l’impression de cafouillage et d’amateurisme. S’il n’est pas de Kais Saïed lui-même, elle est de son entourage. Un entourage qui reste, pour l’instant, flou jusqu’à être accusé de glauque, avec la présence de l’indéfini Abderraouf Betbaieb. Un personnage mystérieux, dans une administration Saïed, tout aussi indéfinie et mystérieuse.

Peut-être aussi, comme en a parlé ce mercredi 30 octobre 2019, le syndicat du corps diplomatique et Consul tunisien à Malte, sur une radio privée tunisienne, que l’Exécutif réuni (Carthage et la Kasbah), ne faisait que réagir à ces accusations de corruption dont parlait le syndicaliste Haythem Beltaïef qui considérait juste la révocation de Jhinaoui. Le doute reste, de toutes les façons, permis en l’absence d’un porte-parole de la présidence de la République, qui s’expliquerait dans le cadre de la politique de transparence prônée par Kais Saïed lui-même, et tant que la justice n’a pas encore enquêté. Le tout ne peut que confirmer l’existence d’un certain amateurisme dans la nouvelle gestion des affaires de l’Etat par un Exécutif issu de deux élections différentes. Jhinaoui se mure jusque-là dans le silence. Et peut-être à juste titre.

  • Le cas Zbidi. Un ministre «rebelle», mais qui ne veut pas se taire

Le soir de sa révocation, le ministre rebelle de la Défense et ancien concurrent de Kais Saïed pour les présidentielle anticipées, se faisait entendre, encore une fois sur Al Hiwar Ettounsi TV. L’ancien ministre, défonceur du chef du gouvernement Youssef Chahed pendant toute la durée de sa campagne pour les présidentielles, s’était illustré par ses échanges caustiques avec Chahed et par son absence à deux Conseils de ministres. Hier soir, il ne cachait plus sa mésentente avec le chef du gouvernement et son désaccord avec lui à propos,  précise-t-il, du budget de l’Etat.

Plus important, il révèle qu’il avait été reçu, pendant une heure par le chef de l’Etat, le jour même de sa révocation. Selon Zbidi, le tête-à-tête aurait été à la demande de Saïed qui aurait tenté une médiation entre le ministre de la Défense et le chef du gouvernement. Zbidi affirmait, sur Al Hiwar, avoir consenti à cette médiation et en serait sorti convaincu de la nécessité d’enterrer la hache de guerre avec Youssef Chahed, et aurait même fait demande d’audience à son directeur de cabinet. De retour du palais en voiture, Zbidi dit avoir été appelé par Kais Saïed pour lui annoncer sa révocation pour raison d’Etat, une heure seulement après un tête-à-tête de réconciliation avec le chef de l’Etat. Et Zbidi de se lamenter, même s’il a partiellement raison sur la manière dont il a été congédié, pendant de longues minutes, oubliant les principes fondateurs pour tout homme l’Etat, comme l’obligation de réserve (l’entretien était avec un chef d’Etat et en tête-à-tête), et l’alternance paisible au pouvoir.

Sous la cinquième République en France, Jean-Pierre Chevènement, plusieurs fois démissionnaire, car n’étant pas d’accord sur la politique des gouvernements dont il était membre, entre autres ministre de la Défense, disait que «un ministre, ça démissionne ou ça ferme sa gueule».

Il est vrai qu’il avait été révoqué, presque comme un malpropre, que cela ne donne pas une bonne image des gestionnaires de l’Etat et que, faite ainsi, cette révocation devient une action répulsive pour tous ceux qui seraient appelés à de pareilles hautes fonctions. Il est, peut-être, vrai qu’il avait été victime de Youssef Chahed.

Il est encore plus vrai que s’il avait démissionné et était resté laxiste sur l’issue de sa démission. Un démissionnaire, ça met ses affaires dans un carton et ça part, quoique puissent avoir fait ses chefs, pour l’en dissuader. De fait, son intervention sur Al Hiwar se rabaissait, hier, au rang des enfantillages et d’une lamentation qui ne sied guère au rang d’homme d’Etat, auquel l’avait élevé sa candidature au poste de chef d’Etat. Chahed et Saïed avaient peut-être fait une erreur. Zbidi a fait une plus grosse bourde.

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