AccueilLa UNEUn début de mandat plein de polémiques, en l’absence des «hommes du...

Un début de mandat plein de polémiques, en l’absence des «hommes du président»

Demain 30 octobre 2019, le 9ème président de fait de la Tunisie (y compris Mohamed Ghannouchi, Foued Mbazaa et Mohamed Ennaceur), «fêtera» sa première semaine en tant que chef d’Etat. Sept jours à «travailler comme un forcené», mais toujours dans le silence le plus total, mais le plus lourd aussi, car dans une conjoncture des plus pesantes en incertitudes, politiques et économiques. Il a reçu, deux fois en 3 jours, le chef de gouvernement sortant. Et a aussi reçu presque tous les chefs de partis politiques concernés par la crise de constitution du nouveau gouvernement.

  • Première polémique diplomatique qui finit par 2 révocations          

Le nouveau chef de l’Etat avait, en outre, eu deux audiences diplomatiques. D’abord, celle accordée au président de la Chambre des députés du Maroc et à celui de la Chambre des conseillers du Royaume. Ensuite, le ministre allemand des Affaires étrangères. Deux audiences, hautement diplomatiques, où le ministre tunisien des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui, avait brillé par son absence.

Les deux «absences» consécutives avaient donné l’impression que Jhinaoui serait devenu «persona non grata» à Carthage. Une impression qui se confirme lorsque Mariem Belkadhi de la chaîne Alhiwar Ettounsi contacte le chef de la diplomatie tunisienne qui lui révèle qu’il n’a reçu aucune convocation officielle de la part de la présidence de la République au sujet de cet entretien, dont il a entendu parler dans les médias de la place.

Quelque chose ne va donc pas entre Saïed qui n’a déjà mentionné aucun de ses prédécesseurs lors de son allocution d’investiture, et Jhinaoui, le MAE très proche de feu Béji Caïed Essebssi. Il reste pourtant ministre des Affaires étrangères, mais juste au Nord-Hilton (siège du MAE), où il tiendra plus tard une conférence de presse avec son homologue allemand.

Mais ce qui a le plus attiré l’attention, c’est surtout la présence d’Abderraouf Betbaieb, ancien diplomate, et directeur de cabinet non officiel du nouveau chef de l’Etat. Serait-il derrière cet «oubli» de convocation, comme il aurait été derrière la non-invitation du syndicat des journalistes tunisiens à la cérémonie d’investiture de son patron au Bardo ? Il est vrai que l’entourage du chef de l’Etat a des relations, presqu’exécrables avec la presse locale. Serait-ce Kais Saïed lui-même qui reprocherait quelque chose à Jhinaoui ? La polémique lui a pourtant coûté sa place. En concertation avec Youssef Chahed, le chef de l’Etat vient de congédier Jhinaoui, ce mardi 29 octobre 2019 (peut-être sous l’influence de Betbaieb). Au passage, Chahed se débarrasse, par décision conjointe avec Saïed, du ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi.

Il est probable que le chef de l’Etat veuille s’entourer d’une nouvelle équipe. Pourquoi tarde-t-il alors à la mettre en place ? La présidence «Made in Saïed », n’a, en effet, ni service de presse dont ne subsiste plus qu’Aïda Klibi, ni porte-parole, ni chargé du protocole, ni conseiller diplomatique. Certains ont déjà démissionné. D’autres font les intérimaires, comme Abdelkrim Hermi, ou Yosra Souidene. D’autres encore sont en mode attente, balancés entre l’affabilité du 1er jour où il les avait tous salués, et les mauvais regards d’un homme-orchestre et à tout faire (directeur de cabinet, porte-parole, chef du protocole et secrétaire) du président. De Betbaieb, on parle désormais de l’homme fort de Carthage.

C’est toute cette situation brouillardeuse qui alimente la polémique. Il est possible que toute la presse se trompe. Peut-être aussi que l’ère Saïed sera celle de l’antisystème jusqu’au bout des ongles. Mais peut-on en vouloir à la presse tunisienne face à l’absence de toute structure de communication ?

  • Des polémiques, en veux-tu, en voilà. De la Com, en veux-tu, y en a pas !

Et ce n’est pas l’unique polémique, en ce début de quinquennat. Il y a d’abord celle de la Limousine S600. La nouvelle luxueuse voiture du nouveau chef de l’Etat, n’est certes pas une nouveauté. Mais son prédécesseur ne l’avait jamais utilisée. C’est ce qui explique l’intérêt accru des Tunisiens. La polémique aurait pu être éteinte par un simple communiqué du service de presse de la présidence de la République détaillant les nouveaux cadeaux roulants de l’Arabie Saoudite, sans attendre celui du syndicat des forces de sécurité de la présidence de la République.

Polémique ensuite, sur son lieu de résidence et le possible conflit d’intérêts de la femme du Président. Beaucoup de choses sont dites sur les réseaux sociaux, des plus raisonnables, aux plus saugrenues. Kais Saïed avait promis de ne pas résider au palais de Carthage. C’est ce qui explique l’intérêt d’une population, désormais et à juste titre, revendicatrice de la redevabilité.

Des raisons de sécurité y obligent Saied, l’y ont obligé, ou l’y obligeront. Le silence officiel nourrit les réseaux sociaux et fait polémique. Une bonne communication aurait mis fin, en deux temps trois mouvements, à cette polémique qui ne fait que du brouillage à l’action du chef de l’Etat.

La même population, revendicatrice de transparence, s’était posée la question de savoir si les deux pouvoirs, l’Exécutif et le Judiciaire, théoriquement indépendant, vont devoir cohabiter sous le même toit. Des soupçons de conflit d’intérêts pourraient en naître.

Madame la juge Ichraf Chébil aurait décidé de continuer son métier, comme ne l’en empêche pas la loi. Elle risquerait, dans le cas contraire, de casser son parcours professionnel par une probable mise en disponibilité, ou une tout aussi improbable démission. Un porte-parole, ou encore moins une équipe de communication, aurait pu vite dégonfler toutes ces polémiques et assurer que le chef de l’Etat peut travailler en toute sérénité.

Mais, encore une fois, peut-être que le président Kais Saïed voudrait-il jouer l’antisystémisme à fond et jusqu’au bout !

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -