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Ce que le Washington Institute propose à l’administration Biden de faire pour la Tunisie !

L’agitation croissante dans le berceau du Printemps arabe, la Tunisie, pourrait se traduire par une grave instabilité pour la jeune démocratie, avec des répercussions potentielles au-delà de ses frontières. C’est une éventualité que le think tank américain The Washington Institute prend très au sérieux  et esquisse comme une feuille de route que la nouvelle administration américaine, celle de Joe Biden, serait bien avisée de suivre.

Une analyse qui est livrée dans la foulée  des manifestations quotidiennes et de violentes manifestations nocturnes qui secouent depuis le 15 janvier  au moins quinze villes, dont plusieurs quartiers de la capitale, et alors que la Tunisie commémore le dixième anniversaire du soulèvement qui a chassé le dictateur de longue date Zine al-Abidine Ben Ali et a déclenché le printemps arabe dans toute la région. Depuis, le pays a fait des progrès significatifs dans sa transition vers une démocratie multipartite avec des protections pour la liberté d’expression et les libertés individuelles. Cependant, la fragilité du système – avec dix gouvernements en autant d’années – a miné la capacité de la Tunisie à inverser la détérioration économique alimentée par une croissance limitée de l’emploi, des dépenses publiques  et des inégalités chroniques entre les régions côtières et intérieures.

Ces difficultés économiques croissantes constituent la principale menace pour la viabilité du pays en tant que démocratie stable (bien que désordonnée). Le gouvernement a dû trouver un équilibre entre les réformes macroéconomiques souvent impopulaires recommandées par le FMI et une série d’intérêts économiques bien établis, allant des puissants syndicats aux élites qui dominent le secteur privé depuis l’époque de Ben Ali. Jusqu’à présent, l’opportunisme politique l’a emporté, et les gouvernements successifs n’ont pas réussi à pousser suffisamment fort contre les obstacles qui entravent les réformes. En fin de compte, les dirigeants politiques devront adopter des réformes audacieuses visant à restructurer fondamentalement l’économie.

La pandémie de COVID-19 a aggravé la situation, constate le Washington Institute sous la plume de son analyste Sarah Feuer . En 2020, l’économie s’est contractée de 8 %, les recettes touristiques ont chuté de 65 % et des milliers d’entreprises ont été contraintes de fermer. Dans le même temps, le chômage des jeunes a continué de dépasser le tiers et la tendance à la baisse de la pauvreté, qui durait depuis dix ans, s’est inversée. Les effets combinés du virus et des mesures gouvernementales d’endiguement ont également incité davantage de Tunisiens à migrer clandestinement en ‘Europe, avec près de 13 000 migrants atteignant les côtes italiennes en 2020 contre 2 600 l’année précédente, ce qui rappelle que l’instabilité en Afrique du Nord a des implications de grande portée pour les alliés européens de l’Amérique.

Des mesures « peu coûteuses mais très rentables »

En effet, les États-Unis ont plusieurs intérêts majeurs à voir réussir l’expérience démocratique de la Tunisie. Outre le coût symbolique substantiel qu’entraînerait l’effondrement d’une démocratie arabe, l’instabilité en Tunisie entraînerait des retombées du conflit libyen voisin, exacerberait le défi croissant de l’immigration incontrôlée vers l’Europe et ouvrirait la voie aux terroristes et autres groupes armés se rassemblant ailleurs dans le voisinage de la Tunisie.

À court terme, Washington devrait donc signifier  clairement sa disposition à aider la Tunisie autant que possible. Même des mesures peu coûteuses seraient très rentables. Par exemple, la nouvelle administration peut s’appuyer sur l’influence des États-Unis auprès de la Banque mondiale, du FMI et d’autres organisations internationales pour renforcer l’aide d’urgence, accélérer la mise en œuvre du pacte de la Millennium Challenge Corporation, longtemps attendu par la Tunisie, et inviter le pays à participer au « Sommet mondial pour la démocratie » que le président Biden s’est engagé à tenir au cours de sa première année de mandat. Il sera également essentiel de s’engager avec plus de force auprès des alliés européens sur les questions économiques et migratoires.

En tout état de cause, l’explosion e l’agitation sociale en Tunisie donne à penser que la pandémie ne dissuadera plus les gens de descendre dans la rue et d’exprimer leurs griefs quant à l’absence de perspectives économiques ou de services de base. Et comme en 2011, les troubles pourraient être un signe avant-coureur de ce qui se passera dans d’autres pays. De nombreux voisins de la Tunisie ont subi des effets similaires de la pandémie, et au moment où ils sortent de la crise du COVID, les dommages économiques des deux dernières années pourraient être très déstabilisants si les citoyens ne sont pas convaincus que leurs gouvernements leur apporteront une réponse adéquate. Dix ans après le printemps arabe, la situation difficile de la Tunisie suggère que les réformes économiques et politiques régionales pourraient prendre un retard indéfini, aussi l’administration Biden devrait-elle se préparer en conséquence. Le nouveau président a beau vouloir se concentrer sur ses priorités, l’explosion des protestations montre que les événements locaux peuvent rapidement faire leur chemin dans l’agenda de la politique étrangère, prévoit le Washington Institute.

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