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Chedly Ayari : L’actuel budget est suicidaire, et on ne verra pas le bout du tunnel avant 2015 !

Il semble très difficile à la Tunisie de sortir de l’impasse et de la crise qu’elle traverse depuis la Révolution, et qui persiste à ce jour ! Il est même trop tôt pour affirmer que la Tunisie peut ou non sortir de la crise ! Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari a été plus que jamais franc et direct. Intervenant, samedi, lors d’un débat, à Tunis, il a dressé un tableau sombre de l’économie tunisienne. Il a confirmé que la sortie du tunnel n’est plus attendue avant l’année 2015, soulignant que toutes les prévisions ont été bouleversées, principalement, à cause du retard accusé dans le démarrage du dialogue national : « On a voulu que l’année 2012 soit l’année finale de la transition, mais tout donne à penser que les années 2013 et 2014 seront encore des années de transition.

Il a affirmé, en outre, que la croissance de l’économie de Tunisie demeure très modeste voire en deçà des attentes et des prévisions de la BCT. Le taux de croissance réalisé durant le troisième trimestre de l’année 2013 a été d’environ 2,7%, un taux qui demeure très faible par rapport aux attentes de la Tunisie qui table sur un taux de croissance de 3%, d’ici la fin de cette année, ce qui paraît également impossible, selon les prévisions préliminaires. A noter, dans ce cadre, que la croissance économique prévue pour l’année 2013 a été révisée à la baisse (de 4% à 3,6%) suite au recul de l’activité de tous les secteurs et le ralentissement de la croissance des industries non manufacturières. Dans le même ordre d’idées, le gouverneur de la BCT a déclaré que pour réaliser un taux de croissance de 3% à fin 2013, la Tunisie doit atteindre un taux de 6% durant le quatrième trimestre de cette année, ce qui parait aussi très difficile.

Il a fait, cependant, remarquer que la croissance réalisée par la Tunisie n’est pas nulle, mais plutôt en dessous des attentes et des prévisions et rompt avec la relance économique, appelant à faire attention aux lignes rouges dont principalement le déficit budgétaire, l’endettement et l’inflation.

Chedly Ayari a déclaré, en outre, que les affaires politiques ont lourdement pesé sur l’économie nationale, soulignant que les événements politiques constituent aussi des problèmes exogènes à l’économie, appelant les acteurs et les décideurs politiques à accélérer les processus et à s’unir à l’enseigne de l’intérêt national. Selon lui, 70 projets de loi sont bloqués et en attente de l’approbation de l’ANC. Il a souligné, cependant, que la Tunisie va se trouver dans l’incertitude en raison de ce système électoral, précisant que si les élections se tiennent en juin prochain, la formation du gouvernement n’interviendra qu’en juillet, ce qui empêche la Tunisie de se préparer aux difficultés de cette année puisqu’on s’occupe davantage des affaires politiques qu’économiques.

Evoquant le budget, Chedly Ayari a dit toute la colère et la déception qu’il ressent, soulignant que le budget actuel du gouvernement est suicidaire : « Le budget tunisien est miné par les subventions et les salaires », a-t-il dit. Et d’expliquer que la Tunisie se trouve actuellement face à une facture très lourde en matière de paiement, enregistrant ainsi un déficit commercial de 1 milliard de dinars par mois. L’endettement s’élève, quant à lui, à 7%, un chiffre inquiétant mais pas catastrophique, selon Chedly Ayari. « Les salaires ont augmenté d’une manière horrible essentiellement suite à la hausse du budget alloué à la subvention et aux salaires, représentant ensemble un déficit de 5 millions de dinars », a-t-il dit.

Chedly Ayari a exprimé également son inquiétude face à l’absence d’un plan de développement au moins pour les cinq prochaines années : « La seule référence qu’on a est un budget économique, et c’est pour la première fois qu’on travaille sans plan », a estimé le gouverneur de la BCT, soulignant l’urgence de mettre en place un équipe ayant vocation à réfléchir sur un plan de développement pour la période à venir. Il a critiqué, en outre, le retard accusé dans l’adoption du budget complémentaire pour l’année 2013, qui devrait voir le jour en novembre prochain, en parallèle avec le budget 2014, alors qu’il aurait dû être prêt depuis le mois d’avril ou mai derniers.

Sur un autre volet, Chedly Ayari a souligné que le taux d’investissement de la Tunisie s’établit à 21% et celui de l’épargne à 16% du PIB, « ce qui représente un décalage de 5% qu’il faut combler via l’endettement : « La Tunisie ne peut pas vivre sans s’endetter », a-t-il dit.

Le Gouverneur de la BCT a appelé, dans ce cadre, à réduire le nombre des banques commerciales à travers des fusions, soulignant que l’idée est à l’ordre du jour. Il a proposé, également, aux banques mixtes à l’instar de la banque Tuniso-koweitienne, Tuniso-qatarie de changer de vocation et de s’orienter de plus vers l’investissement et non vers l’épargne nationale, recommandant que la banque islamique « El Baraka Bank » dont les activités sont exclusivement orientées vers l’offshore, se transforme en une banque « onshore ».

Khadija Taboubi

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