Le ministre hollandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, qui était en visite à Abidjan hier samedi 16 avril, a magnifié « les grands changements » intervenus en Côte d’Ivoire. Selon lui le pays en a fini avec la crise postélectorale (2010-2011), qui s’était soldée par 3 000 morts et qui vaut actuellement à l’ex-président, Laurent Gbagbo un procès à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre.
M. Koenders est un fin connaisseur de la Côte d’Ivoire puisqu’il y a piloté pendant 3 ans (2011-2013) la mission de l’ONU (Onuci) pour pacifier le pays après la guerre civile. Alors quand il dit après sa rencontre avec le président Alassane Ouattara que les Ivoiriens étaient « dans une phase totalement différente de celle d’il y a quelques années », on peut lui accorder du crédit.
Pour rappel, la crise était née du refus de Gbago de reconnaitre sa défaite face à Ouattara. S’en était suivi un bras de fer entre les deux camps, attisé par les nationalistes et populistes acquis à la cause de Gbagbo, sous la houlette des « jeunes patriotes » dirigés par Charles Blé Goudé, ancien ministre de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi (lui aussi répond actuellement de ses crimes à la CPI). Les choses ont dégénéré et des affrontements d’une rare violence ont gagné tout le pays. Les troupes françaises sont intervenues pour déloger Gbagbo et l’arrêter en avril 2011…
Une visite de poids
Le voyage de Koenders en Côte d’Ivoire est doublement important car son pays occupe présentement la présidence tournante de l’Union européenne. L’entretien entre les deux hommes était aussi axé sur la nécessité « d’un partenariat équitable » entre la Côte d’Ivoire et l’UE sur les sujets très « complexes » de la migration internationale.
L’UE a pris la décision à La Valette de décaisser 1,8 milliard d’euros au profit de l’Afrique pour l’aider à tarir les flux de migrants.
Après le séjour du chef de la diplomatie néerlandaise, l’UE a fait savoir dans un communiqué commun qu’elle a « confirmé à la Côte d’Ivoire qu’elle pourra bénéficier du fonds fiduciaire à travers des projets à dimension régionale ».
On a également appris dans le document que la Côte d’Ivoire et l’UE ont convenu de mettre en place « une politique efficace de retour systématique des personnes en situation irrégulière (…) meilleur moyen de décourager les candidats potentiels de mettre leur vie en péril ». Mais l’UE accompagne ce dispositif d’« aides à la formation/réinsertion » pour les clandestins ivoiriens rapatriés chez eux.
A signaler que le ministre hollandais des Affaires étrangères a commencé son périple en Afrique jeudi 14 avril 2016 par le Mali, pour le compte de l’UE et qu’il se rendra au Ghana.