Le Sahara noir dont il est question dans le titre, comme le lecteur l’a sans doute deviné, est une variété de marbre noir tunisien utilisé par certains industriels pour fabriquer, entre autres, des tables ordinaires comme les tables des salles à manger, vendues, en Europe, à des prix pouvant aller jusqu’à 6000 euro (six mille euros) , ou 20 mille dinars la table.
Ainsi, le mètre carré de marbre, usiné et valorisé, peut coûter jusqu’à 2000 euros ou 8000 dinars, alors que le mètre carré du marbre brut ne dépasse pas 100 euros ou 300 dinars pour les pierres marbrières ordinaires.
Une annonce publicitaire, sur l’Internet, un peu ancienne, il est vrai, proposait des carreaux de marbre noir de Tunisie à 60 dollars le mètre carré (125 dinars).
Il s’agit d’un cas de l’écart énorme très connu entre les prix des matières premières et ressources naturelles brutes d’une part et les produits usinés issus de ces matières premières et ressources naturelles, d’autre part, longtemps et jusqu’à présent principal point de litige entre les pays riches industrialisés consommateurs de matières et ressources naturelles brutes et pays émergents et en développement fournisseurs de ces matières et ressources naturelles brutes.
Aussi le gouvernement tunisien a-t-il pris la décision de taxer les exportations de marbre tunisien et des pierres naturelles tunisiennes en instituant, dans le cadre de la loi de finances pour 2023, une taxe d’un montant de 250 dinars sur la tonne de marbre ou de pierres naturelles d’origine tunisienne, exportée à l’étranger.
Selon l’article 26 de cette loi, cet impôt est justifié par la volonté du gouvernement d’encourager la valorisation des pierres naturelles tunisiennes dont le marbre, sur place. Une taxe similaire d’un montant de 100 dinars a été instituée sur l’exportation du sable naturel tunisien.
Dès l’aube de l’Indépendance, l’exploitation et la valorisation des gisements de marbre en Tunisie a intéressé les autorités tunisiennes.
Une étude avait été menée à ce sujet en 1963, dans le cadre de la coopération tuniso- allemande, qui a conclu, entre autres, à la reconnaissance du marbre tunisien en tant que marbre de valeur, méritant parfaitement sa qualification de marbre au sens plein du terme, et non pas de « pierre marbrière ». Au delà de sa valeur intrinsèque, l’idée répandue est que le marbre tunisien est « une pierre marbrière naturelle» et non pas du marbre naturel à 100%.
Riche gamme haute en couleurs
En effet, la Tunisie est connue par l’abondance, la qualité et la diversité de ses pierres marbrières depuis la plus haute antiquité.
Un riche inventaire des variétés du marbre tunisien est largement exposé dans les rapports de l’Office national des mines et les offres promotionnelles des grandes entreprises opérant dans le secteur marbrier en Tunisie et dans le monde.
Par leur bon poli et leurs bonnes couleurs, les marbres tunisiens sont hautement appréciés en Tunisie et à l’étranger.
Le marbre nommé « Sahara noir de Thala », dans le titre, est en réalité une simple appellation commerciale, car le marbre noir en Tunisie se rencontre notamment dans la région de la Tunisie centrale au Jebel Boulahnèche et à Kesra, tandis que le site marbrier de Thala est réputé pour son marbre de couleur beige et gris beige.
Du point de vue commercial, les marbres de Thala sont connus sous plusieurs noms dont les plus célèbres sont « Thala royal » de couleur beige, « Thala impérial » de couleur beige à blanchâtre, « Thala gris », et « Thala veiné de couleur beige ».
Mais, comme beaucoup le savent sûrement, le marbre le plus parfait est le marbre de couleur blanche, ou marbre blanc, produit principalement en Italie dans la région de Carrare et en Egypte.
Le site tunisien de Chemtou et de Ghardimaou, dans le gouvernorat de Jendouba, dans le Nord- ouest, est connu, depuis l’antiquité, par la production du marbre de couleur jaune et jaune rougeâtre.
Cependant, il existe aussi en Tunisie des gisements de marbre de couleur blanchâtre.
Le marbre blanchâtre est extrait du site du Jebel Keddel, à 20 km à l’est de la capitale Tunis. Il est l’un des sites marbriers les plus riches et les plus exploités en Tunisie. Outre le blanchâtre, il produit des marbres de couleur rose, rouge, rouge jaunâtre, et gris.
Dans le Sud tunisien, à la région de Tataouine se trouvent de riches gisements de marbre beige à Ghomrassen et beige grisâtre à Matmata. Un gisement à Mateur, au Nord, donne des marbres jaunes à rosâtres, tandis que le gisement de Kesra, outre le noir, donne des marbres de couleur blanchâtre et de couleur gris.
Outre leurs propriétés physiques, les pierres marbrières tunisiennes sont souvent classées selon les régions dans lesquelles elles sont extraites, car la qualité diffère selon les régions ou sites.
Aussi, une telle précieuse richesse naturelle mérite justement d’être valorisée sur place. Cette revendication est autant ancienne que générale.
Pas plus tard qu’il y a quelques jours, l’Agence de notation tunisienne PBR Rating, dans un rapport sur l’évolution de l’économie tunisienne, écrit en substance :
« Les filières des industries non manufacturières (12% du PIB estimé en 2023) représentent le plus important coût d’inaction de l’ensemble de l’économie tunisienne. L’incapacité chronique en termes d’extraction et de commercialisation des richesses nationales a un impact direct sur la balance commerciale, les déficits énergétiques, les réserves de changes, l’inflation, ainsi que sur les potentielles activités de transformation industrielle à forte valeur ajoutée qui pourraient en découler ».
Construction, cosmétique et thérapie
C’est que, de nos jours, l’usage du marbre s’est diversifié. Les pierres marbrières sont utilisées principalement dans la construction, notamment les constructions de luxe hôtels et immeubles de haut standing, dans le revêtement, le carrelage les dalles de marche, entre autres. On s’en sert aussi en sculpture, ainsi que pour la conservation des viandes.
Son nom en grec, marmaros, dit « marmar » en arabe, signifie « pierre resplendissante ». Cependant, le mot usité en Tunisie est « rokham ».
Mais, le marbre broyé en grains extrêmement fins est recherché pour de nombreuses applications, cosmétiques, nourritures animales, peinture, pharmacies plastiques
La Tunisie regorge également de plusieurs autres variétés de pierres naturelles dont quelques unes s’apparentent aux pierres fines, voire précieuses. Elles sont connues depuis longtemps sous différents noms, comme les pierres gemmes, appelées localement « kharaz » servant à fabriquer des colliers et des bracelets d’ornement.
Il y a aussi des procédés paramédicaux alternatifs basés sur les pierres appelés « lithothérapie ». Une lithothérapeute tunisienne propose, déjà, sur l’Internet, une formation en lithothérapie, pour la semaine du 1 au 7 mai 2023.
S.B.H
Le secteur des marbres en Tunisie doit être contrôlé et revu dans le sens de la valorisation des ressources naturelles, le gouvernement doit interdire l’extraction du marbre pour l’exportation en blocs, les entreprises tunisiennes de transformation de marbre feront la coupe, le polissage et la fabrication d’ornements pour l’exportation, il est nécessaire de valoriser ce produit et trouver des marchés intéressants, c’est comme la valorisation des phosphates en acides sulfuriques, c’est comme le conditionnement d’huile d’olive ou les jus d’orange. Il faut interdire les intermédiaires et tous ceux qui volent la règlementation en question, la mafia doit s’abstenir à voler les ressources naturelles de la Tunisie.