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Des chiffres et des lettres sur les PME et l’endettement, des ménages aussi

AM*

des données sur la place entrepreneuriale tunisienne et l’évolution des PME par secteur et par région, résumées comme suit

  • Une croissance de 0,9 % pour les grandes entreprises

En nombre d’entreprises: sur les 100 mille entreprises (ayant au moins un salarié) existantes en Tunisie un millier seulement sont considérées comme grandes (plus de 200 salariés) et 20 mille entreprises ont entre 6 et 200 salariés et sont donc considérées comme PME. Pour la dimension d’un pays, encadrer 20 mille PME pour assurer leur pérennité et réussite est une tâche abordable moyennant une bonne organisation au sein des structures d’encadrement et de financement.

En termes de création d’entreprises depuis 2005, le nombre total d’entreprises augmente de 2,4% par an, ce qui est appréciable si ces entreprises parviennent à se développer, car cela détermine la croissance du PIB. Mais la tendance est vers la création d’entreprises de plus en plus petites puisque la croissance du nombre de PME est 1,8% et celle des grandes n’est que de 0,9%.

  • Petite entreprise en Tunisie, ne deviendra pas grande

Le phénomène de transformation des PME en plus grandes unités, vécu en Allemagne (Mittelstand) par exemple, ne s’est pas produit en Tunisie. Les raisons sont multiples mais un des principaux blocages provient du financement limité aussi bien pour l’extension que pour le besoin de fonds de roulement. Le second problème provient de la confusion (manque de transparence) entre l’entreprise PME et le patrimoine personnel du promoteur.

En nombre de salariés, le nombre total de salariés formels (déclarés) du secteur privé en Tunisie est 1,1 million dont 460 mille dans les grandes entreprises et 490 mille dans les PME, soit autant, ou un peu plus, que les grandes entreprises.

Par secteur, les PME se répartissent à raison de 40% dans l’industrie, 7% dans la construction, 30% dans les services et 23% dans le commerce. En revanche, les grandes entreprises sont à 66% industrielles, 4% dans la construction ainsi que dans le commerce et 26% dans les services. Le fait que 40% des PME soient dans le secteur industriel dénote de leur dynamisme   surtout dans les branches textiles avec 2000 unités et agroalimentaires avec près de 1600 unités sur les 8000 PME industrielles. Ensuite vient la fabrication des produits métalliques avec 720 unités, des produits électriques électroniques et informatiques avec 530 unités. La présence dans les autres branches se situe entre 300 et 350 unités pour l’imprimerie – papier, la chimie-produits pharmaceutiques et cuir-chaussures.

  • Un encadrement et un financement éparpillésdes PME

La multiplicité des structures d’encadrement des PMEen Tunisie est apriori un facteur favorable pour leur développement. Mais la limitation des ressources budgétaires a conduit à un éparpillement de ces ressources limitant l’apport de chaque institution. Pour ne citer que les entités les plus importantes : l’API créée avec l’essor économique des années 1970s, a été scindée dans les années 90s entre APII et APIE (FIPA) avec des tutelles différentes, le tout dédoublé par les nouvelles institutions (TIA)créées par le code des investissements de 2016.Les différentes réformes destinées à promouvoir l’investissement (loi de 1972, code de 1994, code de 2016) ont multiplié les structures et les textes, ce qui ne facilite pas la tâche de l’investisseur tout en alourdissant le coût de gestion du système incitatif. La même remarque s’applique aux textes fiscaux, ce qui plaide en faveur d’un regroupement et une simplification des avantages financiers et fiscaux et des procédures liées à l’investissement.

Par ailleurs, les centres techniques sectoriels et autres agences (APIA, AFI, AFT, CEPEX, INNORPI, ANME) fournissent aussi des services aux PME selon le secteur d’activité. Enfin les chambres de commerce et les structures syndicales patronales constituent des entités d’appui aux PME.

  • Des chiffres, plus qu’intéressants

Concernant le financement des PME, la multiplicité des institutions et des fonds est notoire : D’abord, les fonds publicsFOPRODI, FONAPRAM, FOSDAP destinés à renforcer les fonds propres en accordant des dotations remboursables sur une longue périodeet à taux d’intérêt réduit, ainsi que des participations. Des primes sont accordées pour études et pour les équipements et autres investissements technologiques ou de développement régional, ainsi que par le FODEC dans le cadre du Programme de Mise à Niveau de l’industrie. Un système de garantie a été instauré (SOTUGAR, FNG).

Ensuite, le secteur financier avec les Sociétés d’Investissement à Capital Risque et les Fonds Commun de Placement à Risque, ainsi que les Fonds d’amorçage et d’essaimage, les Fonds de capital investissement qui participent au renforcement des opportunités d’investissement et des fonds propres et quasi-fonds propres des PME. L’ATIC (Association Tunisienne des Investisseurs en Capital) indique que le total des fonds levés fin 2022 atteignent 10,1 milliards de dinars tunisien (DT), contre 9,1 milliards DT fin 2021, soit une augmentation de plus de 10%. La répartition du total de 2022 est :  SICAR (3,9 milliards DT), Sociétés de gestion FCPR (0,8 Mds DT), Fonds Propres Holding (3,7 Mds DT) et Investissement non-résidents (1,7 Mds DT). Ainsi, les SICAR et FCPR ont levé 4,7 milliards DT fin 2022, contre 4,1 fin 2021 soit une levée additionnelle de 600 millions DT en 2022, dont plus de 500 millions DTproviennent des banques.

Le ticket moyen d’investissement est de 3,1 millions DT en 2022, en augmentation de 42% par rapport à 2021. Malgré cette augmentation, 64% des investissements sont d’un montant inférieur à 5 millions DT, montrant l’orientation des fonds vers les PME. D’ailleurs, 52% des investissements ont été réalisés dans des entreprises de moins de 50 salariés et 24% pour celles entre 50 et 200 salariés.

En plus, le secteur bancaire pourvoitle financement par crédit assuré par les banques commerciales de la place à côté des banques spécifiques aux PME (BTS et BFME).Mais, la crainte relative des banques vis à vis des PME provient du taux des créances classées de 25% pour les PME contre 17% pour l’ensemble du secteur privé (et 8% pour les particuliers selon le rapport BCT sur la supervision bancaire 2022). Enfin, les sociétés de leasing contribuent au financement des PME en partie à partir des lignes disponibles.

  • PME, les mal-aimées du secteur bancaire

En effet, des lignes de crédit bonifié extérieures, rétrocédées aux institutions financières, ont récemment contribué au financement des PME : ligne française de 30 millionsd’euros, ligne italienne de 73 millions d’euros, ligne Banque Mondiale de 115.6 millions d’euros, ligne espagnole de 25 Millions d’euros, ligne KFW de 140 millions euros, à côté des programmes d’assistance technique au secteur privé offerts par l’AFD, la KFW, l’USAID, la JAICA et d’autres organismes internationaux. Malheureusement, certaines conditions de crédit imposées comme la non-classement des entreprises, limitent l’accès à ces ressources.

La loi des finances 2024 a prévu deux lignes de crédit PME de 10 MD chacune dans le cadre du Fonds de soutien pour les PME et du FNE(fonds national de l’emploi) en plus de l’augmentation du capital de la BFPME pour surmonter ses difficultés financières.

Concernant le financement bancaire des PME par crédit, des estimations faites par les organisations internationales indiquent que la part des prêts accordés aux PME représente 15% du total des prêts accordés par les banques au cours de la décennie précédente loin derrière le Maroc (24%).Ce ratio a très probablement baissé après la crise COVID. Sachant que le total des crédits recensés par la centrale des risques accordés aux professionnels en décembre 2023 est de 87 milliards DT, la part des PME se situerait autour de 10 milliards DT. Par ailleurs,les crédits non professionnels accordés aux particuliers atteignent 29 milliards DT (23 Mds DT pour l’habitat, 5 pour les crédits à la consommation et 1 divers).

Devant la limitation des crédits, les PME font recours au financement propre sous différentes formes, dont le compte courant associé, ce qui nous conduit à étudier l’activité d’investissement des ménages.

  • L’endettement des ménages, pas que pour consommer, en hausse de 110 %

A ce titre, le compte national de patrimoine financier, établi par l’INS, montre que l’endettement des ménages a plus quedoublé (+110%)de 2015 à 2022 alors que celui des entreprises n’a augmenté que de 60% (l’endettement de l’Etat a augmenté de 148%).

L’endettement des ménages qui croit rapidement,pour atteindre 55 milliards DT fin 2022,est à moitié destiné au logement et aux crédits à la consommation et l’autre moitié à l’activité de production dont l’activité des PME qui se trouvent confrontées à des contraintes de financement. Cela montre l’importance du financement de l’économie par les ménages qui s’endettent, certes pour la construction des logements et les achats de biens durables, mais aussi pour leur activité pour compléterleur épargne en vue de participer au capital des entreprises puisque les ménages détiennent 43,3 milliards DTd’actions non cotées (PME en particulier) en plus des 7 milliards DT d’actions cotées et 2,4 milliards DTde titres d’OPC.

  • Il y a encore du boulot à faire pour une croissance inclusive

En conclusion, les structures de soutien et les mécanismes de financement des PME sont nombreux mais dispersés, le manque de coordination et de transparence a limité la mobilisation des moyens financiers obligeant les promoteurs àcompter sur leurs propres ressources, confondant ainsi l’activité de l’entreprise avec leurs affaires personnelles. Ceci a constitué un frein au développement des PME contrairement à d’autres pays où elles ont pu donner naissance aux multinationales d’aujourd’hui.

La coordination entre les intervenants publics, la mobilisation des banques et la transparence dans la gestion des entreprises sont les trois axes majeurs d’action pour un programme de développement des PME en Tunisie garant d’une croissance inclusive.

*Etude de Mac Sa

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