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Des coupes sombres dans les dépenses, voie passante pour la Tunisie, selon le FMI

Le moment est venu de s’attaquer aux vulnérabilités des économies émergentes du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, a décrété le Directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international, Jihad Azour, dans une opinion publiée sur les colonnes du journal Achark al-Awsat, paraissant à Londres.
Il constate d’emblée que les économies de marché émergentes du Moyen-Orient et de l’Asie centrale sont confrontées à l’une des crises les plus graves et les plus répandues qui soient, avec une confluence de chocs rapides allant de la pandémie COVID-19 à la volatilité des marchés financiers, à la chute des prix du pétrole et au verrouillage des marchés intérieurs. Le FMI s’attend actuellement à ce que ce groupe diversifié d’économies – Arabie saoudite, Arménie, Bahreïn, Égypte, Géorgie, Jordanie, Kazakhstan, Liban, Maroc, Oman, Pakistan, Tunisie et Émirats arabes unis – se contracte de 1,7 % en 2020.
La pandémie fait des ravages dans les vies et les moyens de subsistance, et son impact humain et économique complet est encore inconnu, a-t-il noté relevant que cette crise met également au jour les vulnérabilités externes et budgétaires, qui limitent les options politiques pour faire face aux retombées économiques. « Si l’on n’y remédie pas, ces vulnérabilités pourraient entraîner une récession économique prolongée avec une incertitude régionale accrue et d’autres répercussions possibles, notamment des troubles sociaux », a-t-il averti.
Des défis de grande envergure
De nombreux importateurs de pétrole de la région, tels que l’Égypte, la Jordanie, le Maroc, le Pakistan et la Tunisie, sont entrés dans la crise avec des difficultés macroéconomiques plus ou moins importantes. En outre, les gains tirés de la baisse des prix du pétrole sont compensés par la diminution des envois de fonds et l’impact de la pandémie sur le tourisme et les secteurs connexes. Par exemple, les envois de fonds représentent environ 8 % du PIB en Égypte et au Pakistan et 13 % du PIB au Liban, tandis que le commerce de détail et l’hôtellerie représentent plus de 15 % du PIB au Kazakhstan et au Liban.
La dette publique des économies émergentes de la région devrait augmenter de 127 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année 2020, ce qui, limitera considérablement la possibilité d’une réponse budgétaire forte. « En raison de l’insuffisance des recettes, des pays comme Oman et la Tunisie n’ont pas d’autre choix que de réduire leurs dépenses, tandis que d’autres comme les EAU et le Kazakhstan pourraient voir leur situation budgétaire non pétrolière se détériorer sensiblement », a souligné Jihad Azour.
En outre, les conditions financières restent très volatiles. Les mois de mars et d’avril ont été marqués par des inversions soudaines des flux de capitaux en provenance des marchés émergents en général, la région enregistrant des sorties d’environ 6 milliards de dollars. Si certains des marchés émergents régionaux (par exemple, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn) ont retrouvé l’accès aux marchés des capitaux internationaux, d’autres ont connu des sorties de capitaux et une hausse des écarts de taux souverains. Les pays de la région pourraient également être confrontés au défi de refinancer jusqu’à 24 milliards de dollars de dette souveraine extérieure arrivant à échéance en 2020, en particulier dans les pays où les marchés financiers intérieurs sont sous-développés.
La mise en place de toutes les politiques nécessaires et dans les délais impartis sera une tâche difficile pour bon nombre de ces pays. Mais les décideurs politiques doivent se préparer dès maintenant à une forte reprise. En plus de donner la priorité aux dépenses de santé, les gouvernements de la région pourraient prendre les mesures suivantes :
Se tenir prêts à fournir davantage de liquidités aux banques, en particulier à celles qui prêtent aux petites et moyennes entreprises, tout en surveillant de près la stabilité du secteur financier
Gérer soigneusement le financement et continuer à développer et à approfondir les marchés financiers locaux afin d’améliorer la gestion de la dette et de répondre aux besoins de financement.
Reporter les dépenses non essentielles, en particulier lorsque la dette publique est déjà élevée, et rationaliser les dépenses d’investissement dans le cadre d’un plan de reconstitution des réserves. En outre, il serait prudent de réorienter les dépenses vers des domaines critiques afin de placer l’économie sur une trajectoire budgétaire viable à moyen terme.
Que nous réserve l’avenir ?
Alors que le pic de la crise s’éloigne, les pays sont confrontés à une grande incertitude quant à l’impact que la réouverture progressive pourrait avoir sur la reprise, l’évolution des prix du pétrole et la persistance des pressions sur les flux de capitaux. L’augmentation des niveaux d’endettement et les vulnérabilités de financement associées pourraient entraver davantage les entrées de capitaux et limiter la politique budgétaire. Les pays dont la dette est élevée et les fondamentaux faibles, et qui sont confrontés à des conditions financières difficiles, pourraient devoir compter sur un financement officiel.
Même si les marchés émergents de la région sont confrontés à l’impact immédiat de la crise, le rythme de leur reprise et leurs perspectives à moyen terme dépendront de la force des réponses et des réformes politiques nationales, ainsi que de leurs vulnérabilités macroéconomiques. Il y aura inévitablement des défis à relever et le processus de stabilisation pourrait prendre du temps. À mesure que les investisseurs deviendront plus attentifs aux vulnérabilités et aux risques des pays, il est probable que les marchés émergents de la région feront l’objet d’un traitement différencié en fonction de leur qualité de crédit. Il est donc d’autant plus important d’assurer des réponses politiques nationales fortes qui permettraient d’établir une base solide pour la reprise, recommande le responsable du FMI.

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