AccueilLa UNEErdogan s’en prend à Saied. Une volte-face calculée!

Erdogan s’en prend à Saied. Une volte-face calculée!

En dénonçant la dissolution du parlement tunisien, Erdogan a peut-être enhardi ses alliés idéologiques du parti Ennahda, mais sa critique pourrait se retourner contre lui et isoler davantage l’islam politique.

La non-ingérence dans les affaires intérieures et la fin du soutien aux Frères musulmans sont deux conditions majeures auxquelles le président turc Recep Tayyip Erdogan a été confronté dans sa quête d’arbitrage avec l’Égypte et d’autres pays arabes, ce qui l’a amené à modérer sa rhétorique sur les questions régionales au cours des deux dernières années. Pourtant, la décision du président tunisien de dissoudre le parlement a provoqué une nouvelle explosion d’Erdogan, alimentant les tensions diplomatiques entre les deux pays, estime  le site Al-Monitor.

La condamnation d’Erdogan se voulait un soutien à son ami proche Racheid Ghannouchi, président du Parlement dissous  et chef  du mouvement  Ennahdha, affilié à la confrérie. Elle a suscité une réponse sévère  et ferme de la part de la Tunisie dont le ministre des Affaires étrangères a appelé son homologue turc pour rejeter les commentaires d’Erdogan, et son ministère a convoqué l’ambassadeur turc.

Compte tenu de l’affinité idéologique d’Ennahdha et de ses liens étroits avec le Parti de la justice et du développement d’Erdogan, la crise politique en Tunisie risque d’affecter les relations turco-tunisiennes, prévoit la même source. L’éviction de la Confrérie en Égypte en 2013 avait ouvert de profonds clivages entre Ankara et Le Caire, qui ne sont toujours pas cicatrisés. Ankara et Tunis s’étaient jusqu’à présent abstenus de prendre des mesures susceptibles de causer des dommages durables à leurs liens. Mais maintenant que le mouvement  Ennahdha est confronté au risque d’isolement politique à la suite de la transformation recherchée par Saied, Ankara s’inquiète de plus en plus de perdre également la Tunisie.

Par ailleurs, les volte-face qu’Ankara a récemment effectuées pour apaiser les tensions avec les pays de la région ont déçu les partisans islamistes d’Erdogan. C’est pourquoi il s’est peut-être senti obligé de rompre son silence sur la Tunisie pour tenter de redorer  son image, tant au niveau national qu’international.

Une succession de rétropédalages

Dans une série de mesures de rétropédalage, Erdogan s’est réconcilié avec les Émirats arabes unis (EAU), qu’il avait accusés d’avoir financé la tentative de coup d’État de 2015 en Turquie, a forcé les chaînes de télévision de la confrérie basées à Istanbul à modérer leurs critiques à l’égard du Caire et a réservé un accueil chaleureux au président israélien à Ankara. Désireuse de se réconcilier également avec l’Arabie saoudite, la Turquie a interrompu la semaine dernière le procès de 26 ressortissants saoudiens pour le meurtre macabre du dissident saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul et a confié l’affaire à Riyad.

Pourtant, les critiques d’Erdogan à l’égard de Saied pourraient rendre les choses encore plus difficiles pour Ghannouchi, qui a été accusé d’utiliser son rôle de président du parlement pour s’entendre avec la Turquie et le Qatar et faire avancer le programme transnational de la confrérie. La police antiterroriste tunisienne a interrogé Ghannouchi le 1er avril, accusé de complot contre la sécurité de l’État. Les critiques d’Erdogan, largement considérées comme une tentative de sauver Ennahdha, pourraient également se retourner contre lui en incitant les sceptiques à soutenir la feuille de route de Saied, souligne Al-Monitor.  

Le fait que Tunis ait répondu sévèrement à Erdogan tout en faisant l’impasse sur les réactions des autres pays indique que ce conflit a des implications politiques intérieures. Erdogan est considéré comme un leader qui pourrait enhardir Ennahda, et ses commentaires ont ravivé les débats visant le parti. Les médias arabes ont accompagné leur couverture des commentaires d’Erdogan des remarques suivantes de Ghannouchi : « Nous ne sommes pas isolés du monde. Nous avons des relations interparlementaires et des amis dans le monde entier. Nous sommes en contact avec toutes les parties avec lesquelles nous partageons des objectifs. » Alors que les liens d’Ennahdha avec la Turquie et le Qatar sont constamment évoqués, certains médias sont allés jusqu’à rapporter l’affirmation farfelue selon laquelle la confrérie aurait demandé à l’armée turque d’intervenir pour renverser Saied.

Le journal Al Arab estime qu’Erdogan s’est incliné devant l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite et qu’il tend maintenant la main à Ghannouchi pour redorer son image de défenseur des causes islamistes. Selon le journal, il est revenu à son ancien style d’ingérence dans les affaires intérieures arabes en remplaçant le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi par Saied comme cible.

La Turquie « dernière carte » des islamistes !

Le secrétaire général du parti tunisien Echaab,  Zouhair Maghzaoui, c onsidère la Turquie comme la « dernière carte » des islamistes tunisiens dans leur quête de soutien extérieur. « Les déclarations d’Erdogan s’inscrivent dans le cadre de ses liens avec les Frères musulmans dans la région et en réponse aux demandes du mouvement Ennahdha, étant donné que la Tunisie est le dernier bastion des islamistes dans la région », a-t-il déclaré.

Le conflit a également déclenché des appels au boycott des produits turcs en Tunisie. Certains observateurs estiment que la Tunisie devrait revoir ou geler son accord de libre-échange de 2004 avec la Turquie, car il a favorisé les intérêts turcs. Les marchandises turques ont inondé le marché tunisien et porté un coup aux producteurs locaux, notent-ils, soulignant que le déficit commercial de la Tunisie avec la Turquie est le troisième plus important après ses déficits commerciaux avec la Chine et l’Italie.

Les tensions diplomatiques de la Turquie avec la Tunisie pourraient également nuire à ses efforts de normalisation avec les poids lourds arabes.

Erdogan pourrait se sentir frustré et estimer qu’il n’a aucune raison de tempérer davantage maintenant que la crise ukrainienne l’a aidé à rompre son isolement sur le front occidental également. En somme, le dernier épisode avec la Tunisie suggère qu’Erdogan ne se départira pas facilement de ses vieilles habitudes et ne tournera pas le dos à la confrérie à moins d’obtenir une réponse significative des gouvernements avec lesquels il cherche à se normaliser, conclut Al-Monitor.

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1 COMMENTAIRE

  1. Le ministre des affaires étrangères de la Tunisie doit être plus actif auprès de la diplomatie étrangère évoquant la feuille de route du Président Said pour l’agenda des élections anticipées , le retour aux institutions de l’Etat et pour développer davantage une démocratie propre loin de celle des islamistes et particulièrement d’Erdogan qui tient compte du niveau culturel des tunisiens.Ce dictateur n’a pas arrêté ses combines pour s’immiscer dans les affaires internes de la Tunisie et des pays arabes avec l’implication des traîtres tunisiens achetés. Les tunisiens combatifs n’oublient jamais le forcing de sa visite inopinée en Tunisie pour nous intimider et nous critiquer. Le gouvernement doit revoir ses accords de coopération commerciale avec ce pays et boycotter tous les produits turcs. Ces produits turcs ont mis en difficultés l’industrie tunisienne. La diplomatie tunisienne doit sensibiliser les pays frères amis de la rive de la méditerranée sur ce danger.

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