Une entreprise tunisienne a mené une campagne numérique sophistiquée impliquant de multiples plateformes de médias sociaux et sites web dans le but d’influencer l’élection présidentielle de 2019 dans le pays, ainsi que d’autres élections récentes en Afrique. Dans le cadre d’une enquête exclusive qui a débuté en septembre 2019, le DFRLab (Digital forensic research) qui a mission de faire la traque à la désinformation, a découvert des dizaines d’abonnés actifs en ligne ayant des liens avec la société tunisienne de communication numérique UReputation.
Le 5 juin 2020, après avoir mené sa propre enquête, Facebook a annoncé qu’il avait démantelé plus de 900 actifs liés à l’opération UReputation, dont 182 comptes d’utilisateurs, 446 pages et 96 groupes, ainsi que 209 comptes Instagram. L’opération a également impliqué la publication de plusieurs sites web francophones, dont certains datent de plus de cinq ans.
Dans une déclaration, un porte-parole de Facebook a déclaré que ces abonnés actifs avaient été retirés pour avoir violé la politique de l’entreprise contre l’ingérence étrangère, qui est un comportement inauthentique coordonné au nom d’une entité étrangère. « Les individus derrière cette activité ont utilisé de faux comptes pour se faire passer pour des locaux dans les pays qu’ils ont ciblés, publier et « aimer » (like) leur propre contenu, pousser les gens vers des sites hors plateforme, et gérer des groupes et des pages se présentant comme des entités d’information indépendantes », a déclaré le porte-parole. « Certaines de ces pages ont adopté des tactiques abusives de construction d’audience, passant de thèmes non politiques à des thèmes politiques, y compris des changements substantiels de noms et d’administration au fil du temps ».
« Bien que les personnes derrière cette activité aient tenté de dissimuler leur identité et leur coordination », a ajouté Facebook, « notre enquête a trouvé des liens avec une société de relations publiques basée en Tunisie, UReputation ».
L’opération d’influence, à laquelle le DFRLab a donné, à des fins de recherche, le nom d’Opération Carthage en référence à l’ancien empire situé dans ce qui est aujourd’hui la Tunisie, était basée sur une collection de pages Facebook non authentiques ciblant des personnes dans 10 pays africains. Selon des éléments de preuve publics et un examen des actifs fournis ultérieurement par Facebook, l’opération a exercé son influence dans de multiples campagnes présidentielles africaines, notamment en soutenant la campagne de réélection du président togolais Faure Gnassingbé en février 2020, ainsi que la campagne de l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié pour les prochaines élections d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire. Environ 3,8 millions de comptes Facebook ont suivi une ou plusieurs de ces pages, dont près de 132 000 ont rejoint des groupes administrés par l’opération et plus de 171 000 ont suivi ses comptes Instagram.
Facebook débusque une entreprise tunisienne influençant les élections présidentielles de 2019 et d’autres en Afrique
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