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Fin de lune de miel pour Saïed, ou simples tambours battants pour l’habituel janvier ?

Janvier 2011, Mohamed Bouazizi de Sidi Bouzid s’immolait par le feu. Ladite révolution enflammait alors la Tunisie et Ben Ali est dégagé. Depuis, toute la famille du défunt vit et prospère au Canada. Anciennement chez eux en Tunisie, le pays s’était offert une Assemblée Nationale Constituante qui avait doté le pays d’une Constitution qui ne laissera personne gouverner, organisait cinq élections (deux présidentielles, autant de législatives et une municipale) qui n’ont pas mis fin aux pratiques de disputes et de chaos chez les députés. La même Tunisie, qui terminera cette année sa 9ème année de graves crises économiques et financières, dans l’indifférence générale, le consumérisme effréné et la baisse de production et de productivité.

Septembre 2019, la Tunisie votait le 2ème président de sa seconde République. Le chef de l’Etat avait été plébiscité par les jeunes, et ses soutiens en avaient fait une fierté. Il promettait alors monts et merveilles pour cette jeunesse qui refaisait la révolution et assurait pouvoir lui donner les moyens pour l’accomplir. Kais Saïed vient à peine de finir son 1er mois de président, avec un chef de gouvernement de gestion des affaires courantes et une nouvelle ARP qui reprenait sitôt les vieilles habitudes de chamailleries online sous la coupole de l’Assemblée et même dans les bureaux des commissions.

Un chef d’Etat à qui on ne pourrait donc rien demander, l’homme ne disposant déjà que de peu de pouvoirs, et n’ayant toujours pas d’Etat totalement constitué à diriger. «La plus jolie femme au monde ne peut donner que ce qu’elle a», disait une des Maximes de Chamfort. «Ventre affamé n’a point d’oreilles», pourrait répondre le proverbe latin. Le reste coulerait presque de source.

Décembre 2019, Abdelwaheb Hablani, un jeune de 25 ans natif de la ville de Jelma dans le même gouvernorat de Sidi Bouzid, s’immolait par le feu, un mois et quelques jours après l’installation du nouveau chef de l’Etat, chez lui «à Mnihla avec restauration à Carthage».

Socialement, le mois de décembre démarrera ainsi sur les chapeaux de roue. Pour la 4ème nuit consécutive, des heurts opposaient la police aux habitants de Jelma, chauffés à blanc par le suicide d’un des leurs, qui intervenait 2 jours après la catastrophe du bus d’Amdoun.

On ne demande pas encore de changer le régime, mais on proteste contre la pauvreté, contre l’exclusion des schémas de développement qui reste à prouver, et contre le manque d’emploi, sachant que l’emploi recherché, c’est la fonction publique.

Il n’en reste pas moins vrai que c’est la même jeunesse qui avait porté Kais Saïed au pinacle qui proteste depuis quelques jours. Elle ne proteste certes pas encore contre Saïed, mais la confusion et l’amalgame ne sont jamais loin.

Force est ainsi de constater que la lune de miel du nouveau chef de l’Etat avec la jeunesse qui l’avait élu, semble être finie, ou au moins a commencé à se fissurer. Les jeunes des groupes «état de conscience» ou «حالة وعي» qui l’avaient un temps soutenu par de petites campagnes de propreté, ne semblent pas avoir réussi à faire prendre conscience à leurs amis de Jelma de la réelle difficulté de l’économie de leur pays, des difficultés de leur président à prendre toutes les choses en mains pour pouvoir les changer comme promis, et leur faire prendre conscience aussi de la nécessité de lui donner, et à tout le pays, encore plus de temps.

Ils seront plus déprimés, lorsqu’ils s’apercevront que le prochain chef de gouvernement, s’il passait le cap de l’ARP, compte appliquer la même politique financière que celle de son prédécesseur. Jemli l’a confirmé dans une interview à l’agence turque Andalou. Une politique d’endettement encore, local et extérieur, et qui n’encourage ni à produire, ni à investir, et encore moins à reprendre le travail. Or, cette politique supposera la continuation des douloureuses réformes, moins de salaires et plus de labeur, pour remettre l’économie en marche d’abord, avant de penser à distribuer sa valeur ajoutée et ses richesses à créer.

Pour l’instant, le nouveau régime issu des élections de 2019 réagit aux nouvelles manifestations de rue de la même manière sécuritaire et accumule les catastrophes et les erreurs.

Mais tout ce qui se passe à Sidi Bouzid pourrait n’être qu’un simple échauffement des tambours qui résonneront, comme chaque année en janvier, dans toutes les contrées de la contestation sociale et surtout salariale.

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