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Fitch : La démission de Fakhfakh fait peser le risque d’une nouvelle impasse politique et retardera les réformes

La démission du chef du gouvernement tunisien, Elyes Fakhfakh, le 15 juillet dernier, fait peser le risque d’une nouvelle impasse politique qui retardera encore les réformes et entravera les efforts visant à convenir d’un nouveau programme avec le FMI, selon Fitch Ratings. Bien que la Tunisie soit aux prises avec des pressions financières immédiates limitées, sa situation financière deviendra beaucoup plus difficile en 2021 sans le soutien qu’un accord avec le FMI lui apporterait.

La démission du chef du gouvernement reflète les défis à la stabilité du gouvernement découlant d’un environnement politique instable, dans le contexte de la transition démocratique de la Tunisie. Le parlement élu en octobre 2019 est très fragmenté, ce qui complique la formation d’une majorité gouvernementale cohérente. Après les élections, il a fallu attendre février pour que le parlement entérine un nouveau gouvernement. Les tensions entre les acteurs influents ont augmenté ces derniers mois, notamment entre Ennahdha, le plus grand parti du parlement, et ses anciens partenaires de la coalition.

Risque d’élections anticipées

La formation d’un nouveau gouvernement dans ce contexte sera difficile et exigera une coalition d’au moins quatre partis de tout l’éventail politique. La base de soutien de tout futur cabinet au Parlement sera hétérogène et fragmentée, ce qui limitera sa capacité à mettre en œuvre les lois, et le risque d’élections anticipées subsistera.

Fitch estime que l’impasse politique retardera l’approbation des réformes et soulève des risques importants autour de son hypothèse d’un accord sur un nouveau programme du FMI avant la fin de 2020. Un accord avec le Fonds est nécessaire pour débloquer une partie du soutien des créanciers officiels, notamment un prêt de 600 millions d’euros (2 % du PIB) de l’UE. La mise en œuvre des réformes dans le cadre de tout nouveau programme du FMI sera difficile face à l’opposition continue des syndicats et des organisations sociales, ainsi qu’aux troubles populaires aggravés par les retombées économiques de la pandémie de coronavirus. L’agence de notation prévoit une contraction du PIB de 6 % en 2020 – la plus forte jamais enregistrée.

Fitch dit espérer toujours que le gouvernement sera en mesure de couvrir ses besoins de financement en 2020 avec le soutien des créanciers officiels, même en l’absence d’un nouveau programme du FMI. (Ce soutien comprend toutefois un prêt d’urgence de 745 millions de dollars du FMI, approuvé en avril). La Tunisie sera confrontée à un déficit de financement budgétaire d’environ 4 milliards TND (1,3 milliards USD, soit 3,6 % du PIB) en 2020, selon les estimations de l’agence de notation, reflétant sa prévision révisée d’un déficit de l’administration centrale de 7,6 % du PIB en 2020, contre 3,9 % en 2019. L’appui solide des créanciers officiels à la Tunisie a joué un rôle important dans l’équilibre des vulnérabilités extérieures découlant des importants besoins de financement du pays.

Situation financière plus difficile au-delà de 2020

La situation financière de la Tunisie deviendra nettement plus difficile après 2020, en particulier en l’absence d’un nouveau programme du FMI. Le pays doit faire face à une dette extérieure de 2,2 milliards d’USD arrivant à échéance en 2021, dont deux obligations garanties par l’USAID, évaluées à 500 millions d’USD chacune. Signe des pressions croissantes sur les liquidités, le gouvernement sortant a indiqué qu’il avait entamé des pourparlers avec plusieurs créanciers bilatéraux afin de rééchelonner les remboursements de prêts dus cette année. La Tunisie a 500 millions de dollars de remboursements sur sa dette bilatérale dus en 2020 et n’est pas éligible à un allègement dans le cadre de l’initiative de suspension du service de la dette du G20.

L’exposition du pays aux tensions sur les financements extérieurs est accentuée par le fait qu’environ 73 % de la dette publique était libellée en devises étrangères à la fin de l’année 2009. Des pressions à la baisse sur le dinar devraient réapparaître étant donné l’important déficit de la balance courante de la Tunisie, selon Fitch , bien que les réserves en devises étrangères du pays, d’environ 7,6 milliards de dollars, à la fin juin, doivent apporter un certain soutien au taux de change à court terme. « Nous avons souligné le risque de détérioration des conditions de liquidité externe comme une sensibilité négative pour la notation souveraine lorsque nous avons abaissé la notation de la Tunisie en mai de « B+ » avec une perspective négative » à « B » avec une perspective stable, rappelle l’agence de notation Fitch.

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