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Habib Jemli, homme de la situation où son otage ? Big Brother ou Big Manager ?

Habib Jeomli, proposé par Ennahdha à la Kasbah, semble être en train de mal démarrer sa période probatoire de 3ème chef de gouvernement de la 2ème République en Tunisie. Sexagénaire du Kairouanais, le nominé pourrait être le 3ème secrétaire d’Etat au ministère de l’Agriculture à occuper ce poste, après Habib Essid et Youssef Chahed.

Sur cette question de l’apparente vocation des secrétaires d’Etat à l’agriculture à être prédestinés aux plus hautes charges de l’Etat, il paraîtrait que Jemli ait été la proposition de Mohamed Ben Salem, avec lequel il aurait travaillé bénévolement, au moins pour une année, selon Abdellatif Mekki. Ce dernier ne tarit pas d’éloges sur Jemli, mais corrige que sa proposition au poste de chef de gouvernement aurait été celle du secrétariat général d’Ennahdha.

  • Jemli VS Attia. Qui connaît la vérité ?

Et sur cette candidature de Jemli, les réseaux sociaux tunisiens ont vite fait de retrouver un ancien article de Jeune Afrique, datant de février 2013. Démissionnaire du bloc parlementaire d’Ennahdha à l’ancienne Assemblée Constituante, Fattouma Attia, avait alors prêté à l’ancien secrétaire d’Etat Jemli le fait d’avoir «détourné au profit de son frère, un projet d’élevage de poissons à Zarzis, qui était présenté par un citoyen». Et si Zoubeir Chehoudi d’Ennahdha affirmait, ce dimanche 17 novembre 2019 à Africanmanager, que Fattouma Attia aurait retiré cette déclaration, Abdellatif Mekki estime, à Africanmanager aussi, ce n’était qu’une «mauvaise interprétation» de l’action du responsable.

Entre l’un et l’autre des deux témoignages, qui faisaient, par ailleurs, l’éloge du candidat de leur parti politique, il était, ce dimanche, impossible de confirmer ou d’infirmer cette affaire, mise, à tort ou à raison, sur le dos de candidat d’Ennahdha pour la Kasbah. Son ancien patron, Mohamed Ben Salem, et le président de l’instance de lutte contre la corruption Chawki Tabib, étaient aux abonnés absents.

Le CV du candidat le présente sous les traits d’un érudit dans le domaine de l’agriculture. Cela est, peut être de bon augure pour les campagnes à venir, surtout qu’il aurait supervisé la première étape d’un système de lutte contre les pertes en céréales locales. On attendra donc de voir, s’il passe à la Kasbah, ce qu’il pourrait faire. Les deux précédents SE passés chef de gouvernement (Habib Essid et Youssef Chahed), n’avaient pas pu faire grand-chose dans ce domaine.

  • Gouvernement partisan ou de compétences et «indépendant » comme son chef ?

Le candidat Jemli ne semble cependant pas avoir de compétence particulière dans le secteur financier, pour un gouvernement à venir, dont le premier défi sera d’assurer le financement du budget, de convaincre le FMI, la Banque mondiale et l’Union Européenne, d’accorder à la Tunisie les crédits nécessaires pour éviter le Shutdown qui se profilera dès janvier ou février 2020.

Admettons, tout de même, que cela dépendra beaucoup des profils qu’il choisira, ou qu’on lui imposera, pour son gouvernement. Pour l’instant, Jemli fait vœu de choisir ses ministres sur la base de la compétence. En écho à son candidat, dans une déclaration de son BE rendue publique samedi dernier, Ennahdha en célèbre déjà, l’indépendance, la compétence et l’intégrité.

Jemli, qui commet déjà l’impair et l’outrecuidance de communiquer avec le peuple par l’intermédiaire de la chaîne TV étrangère, depuis longtemps délaissée par les téléspectateurs tunisiens qu’est Al Jazeera, n’a pour l’instant donné aucun détail précis sur le profilage de sa prochaine équipe gouvernementale.

Le profilage pourrait être partisan et sur la base d’un partage des maroquins entre les partis politiques qui voteraient pour le gouvernement Jemli. Ce type de profilage pourrait sérieusement empiéter sur la compétence. Sur Mosaïque FM, il dit être «capable de dire non, même à Ennahdha». Le dira-t-il réellement ? Pour l’instant, il donne l’impression de vouloir marquer son territoire, et assure vouloir présenter un gouvernement à nombre réduit. Les contraintes partisanes et de consensus, pourraient vite avoir raison de cette volonté, pour l’instant seulement dite.

  • Encore le consensus !

A la radio, il laisse aussi croire que son programme sera comme consensuel à partir du Draft d’Ennahdha, comme celui du chef du gouvernement précédent et qui avait abouti à une situation de non-programme depuis 2016. «Nous en sommes encore à parler du programme qui fera l’objet d’un consensus entre les partis qui participeront au gouvernement. Ils trouveront et mettront en pratique des solutions, scientifiques et techniques», a aussi dit Jemli sur la même radio, laissant entendre, contrairement à l’unique critère de la compétence, qu’il existerait un paramètre partisan.

Son chef, Rached Ghannouchi qui aurait été la personnalité déterminante dans son ascension à la Kasbah, avait déjà menti pour arriver au Perchoir et mettre Ennahdha à la Kasbah. Jemli sera-t-il différent ? Sur Mosaïque, il a indiqué dimanche, que son profilage se fera sur «uniquement deux critères, la compétence et l’intégrité». On attendra, pour la compétence, la composition du gouvernement qu’il proposera. Pour l’intégrité, il devrait, à notre sens, commencer par clarifier «l’accusation » qui lui avait été lancée par Fattouma Attia. Il deviendrait ainsi l’exemple pour les intègres qu’il recherchera.

  • Jemli «Big Brother » de la Kasbah

Notons par ailleurs que, compétence ou pas, il semble certain que la réussite ou l’échec de TOUT prochain gouvernement, sera tributaire de la poursuite ou l’abandon des réformes entamées par le gouvernement de Youssef Chahed, qui avait déjà lui-même mis en marche un programme de réformes, signé par Habib Essid au nom du gouvernement tunisien. C’est, aussi, cette donnée essentielle qui déterminera le profilage du gouvernement Jemli, si ce dernier arrive à le mettre en place et à le faire voter par l’ARP. Quelque part donc, Jemli sera l’otage de la situation, celle d’un pays obligé de s’occuper, d’abord, de ses finances et de remettre en marche son économie. Tout autre type de profilage, d’orientation sociale ou politique, le conduira, lui aussi, à l’échec, quand bien même l’ARP lui aurait donné son accord.

Répondant, toujours sur Mosaïque, à une question sur le rôle du chef du gouvernement qu’il pourrait être, Jemli indique que «le rôle du chef du gouvernement sera celui d’un manager et de conduite de l’action gouvernementale, pour plus d’efficience de son action, de suivi et d’évaluation avec des moyens scientifiques».

A l’entendre, plus tard dans cette interview, on croirait que Jemli se prépare à être la version tunisienne du «Big Brother is Watching you». Administrateur d’équipe ou gestionnaire d’un ensemble de compétences ? La compétence suppose une équipe qui n’aura point besoin d’un proviseur ou d’un surveillant, pour se donner à fond dans son travail. Manager des compétences, suppose d’abord d’avoir les compétences, au moins une partie des compétences des autres. Surveillance électronique et technologique, comme il l’a proposé sur Mosaïque, préfigure une équipe de simples subordonnés, seulement capables d’exécuter les ordres et de répondre présent à tout moment au chef. Ce n’est pas une application informatique qui pourra changer le comportement d’un ministre, d’abord venu par impulsion et pour des raisons partisanes. Encore faudra-t-il que Jemli tienne ces premières promesses. Elles détermineront en tout cas son image, non seulement auprès des Tunisiens, mais aussi auprès des membres de son gouvernement, s’il arrive à le constituer sans les contraintes du fameux consensus dont il parlait.

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