AccueilLa UNEHausse des prix: le diable est dans les détails

Hausse des prix: le diable est dans les détails

​​​​​​​Début janvier 2022, la BCT disait déjà que « la trajectoire désinflationniste (Ndlr : situation de décélération de l’inflation, une baisse du rythme de l’augmentation des prix.), observée depuis le début de l’année 2019, s’est interrompue (…) et que l’inflationdevrait avoisiner 6,8 % en 2022 ». La Tunisie est plutôt, désormais, dans une situation de stagflation, celle d’une économie sans croissance et avec de l’inflation.

Les prédictions de la BCT se sont enfin de compte avérées justes. Et si on n’était qu’à 6,7 % d’inflation en janvier, on ne devrait pas tarder à découvrir, si l’INS se décide à terminer sa grève des chiffres, qu’on dépassera même les 6,8 % en  février 2022. Les effets de la guerre de la Russie contre l’Ukraine y seront pour quelque chose, et la guerre de Kais Saïed, sans autre effet que celui des annonces, y enfoncera encore plus l’économie tunisienne. 

  • Les prix n’ont JAMAIS cessé d’augmenter !

En janvier 2022 en effet, les prix à la consommation ont augmenté de 0,7 %, après 0,5 % le mois précédent. Selon l’INS, cette augmentation est principalement liée à la hausse des prix de l’alimentation de 1,3 % et de ceux des meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer de 0,8 % ainsi que des biens et services de transport (+0,6 %).

Il est important, déjà à ce stade, de constater que les prix n’ont jamais cessé d’augmenter, et que très rares sont les produits dont les prix ont baissé. En glissement, tant annuel (GA) que mensuel (GM), tout continue d’augmenter, certes parfois à petites doses, mais ininterrompues. En GA par exemple, le prix des œufs a augmenté de 24,2 %. Celui de l’huile d’olive, pourtant marchandise locale, a augmenté de 21,7 % en GA, tout comme le prix des volailles qui, s’il a baissé de 0,1 % en GM, a augmenté de 21,5 % en GA. La viande bovine  emprunte la trajectoire inverse. Son prix a baissé de 1,2 % en GA, mais reprend en hausse de 1 % en janvier.

  • Des prix, impactés les uns par les autres, en effet domino

Et c’est ainsi qu’en janvier 2022, « l’inflation confirme sa tendance haussière en augmentant pour le quatrième mois consécutif pour s’établir à 6,7% après 6,6% en décembre, 6,4% en novembre et 6,3% en octobre 2021 », indique ainsi l’INS, en confirmation des prévisions de la BCT. Selon la même source, « cette progression est expliquée essentiellement par l’accélération du rythme des hausses des prix des boissons alcoolisées », qui est un produit importé pour transformation et qui est impacté par la hausse internationale des prix du transport, et « le tabac (18,6 % contre 18,4 % faite par l’Etat qui en a le monopole) ».

Sur un an (GA), les prix des produits manufacturés augmentent de 7,8 % en raison de la hausse des prix des produits pharmaceutiques de 5,7 %, des matériaux de construction de 13,4 %, des produits de l’habillement de 8,8 % et des produits d’entretien courant du foyer de 5,6 %, tous des produits soumis à l’impact des hausses des prix des carburants et du transport. Pour les services, les prix sont en augmentation de 4,7 % sur un an, expliquée par la hausse des prix des services des restaurants, cafés et hôtels de 6,2 %, des services de santé de 5,2 % et des loyers de 4,4 %. Tous des produits, impactés en effet domino, par les hausses dues à des impacts, nationaux et internationaux.

  • Le détail qui tue … politiquement !

D’abord, cette remarque que « le taux d’inflation sous-jacente, même hors produits alimentaires et énergie, a augmenté à 6,5 %, après 6,4% le mois précédent. Cela veut dire, notamment pour les produits industriels qui sont très sensibles à la hausse des prix de l’énergie, que  les prix ont augmenté, et partant, l’inflation. Les industries agroalimentaires, notamment, ne pourront donc pas se cacher entièrement sous cette couverture pour expliquer leurs hausses de prix, continues et incessantes. Résultat, la guerre déclenchée depuis l’été 2021 par le chef de l’Etat contre « les circuits de famine » comme il aime à le dire, n’a rien rapporté, et lesdits circuits n’ont toujours pas été maîtrisés. Non pas parce que l’Etat en est incapable, mais plutôt parce  qu’il ne sait toujours pas comment y faire et où frapper sans risque de tout détruire. L’INS le confirme, qui dit que « les prix des produits libres (non encadrés par l’administration) ont augmenté de 6,7%.

Ensuite, cette autre remarque, toujours rapportée par l’INS, que Les prix des produits, encadrés et donc réglementés par le ministère du Commerce et partant par l’Etat, ont augmenté, quant à eux, de 6,5%. Les produits alimentaires libres ont connu une hausse de 8,4% contre 3,6% pour les produits alimentaires à prix encadrés. Cela veut dire que l’Etat et le ministère du Commerce n’arrivent même pas à maîtriser la hausse des prix des produits dont ils ont directement le contrôle. Ils participent même, comme pour le cas du tabac notamment, à en augmenter les prix pour en augmenter les retombées fiscales pour les caisses de l’Etat.

Cela ne plaira pas aux Saïed Addicts, mais en définitive les campagnes répétées du chef de tout l’Etat pour baisser les prix, restent jusque-là de très peu d’effet,  hormis les annonces de saisies. Des affaires dont il faudra attendre les effets juridiques pour juger de leur efficacité.

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