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Il n’y aura donc pas de Cour Constitutionnelle sous Saïed. Et maintenant, que va-t-il faire…?

On ne sait pas si le factotum de la présidence de la République tunisienne est arrivé au Bardo, s’il a pu avoir le récépissé de livraison du très long parchemin médiéval, et si le président de l’ARP a pu déchiffrer le texte en Koufi ancien et si l’Ouléma Rached Ghannouchi va répondre au Sultan Saïed.

Tout ce qu’on sait depuis dimanche dernier, sauf erreur ou omission de notre part, qu’il n’y aura pas de Cour Constitutionnelle sous l’ère Kais Saïed. « Nous vous renvoyons cette loi relative à la révision de la loi fondamentale de la Cour constitutionnelle, et le sceau de l’acceptation ne sera apposé qu’après vérification de la primauté des dispositions de la constitution (…). Nos arguments sont clairs et nos positions sont fermes et fortes », disait le chef de l’Etat à son adversaire le président du Parlement. Ses arguments, c’est que le délai de mise en place de cette Cour, tel que défini par la Constitution, est plus que dépassé, et qu’il fallait la mettre en place avant la fin de 2015. En théorie donc et désormais, pour mettre en place la Cour Constitutionnelle, il faudrait amender l’article 148 de ladite Constitution. Or, pour amender cet article 148, il faudra résoudre la problématique de l’article 144 de la même Constitution qui stipule que toute initiative d’amendement de la Constitution doit passer par l’avis de la Cour constitutionnelle. Cette dernière n’existant toujours pas, on se retrouve dans un cercle vicieux.

Le chef de l’Etat ne dit ainsi pas, de manière claire et définitive, qu’il ne signera pas la loi proposée par son adversaire, mais qu’il le ferait après vérification que cela ne sera pas anticonstitutionnel.

Deux lectures pour cette nouvelle manœuvre de Kais Saïed :

  • D’abord, celle qui y voit un coup porté au leader islamiste tunisien, qui se retrouve ainsi piégé par le texte de la Constitution, qu’Ennahdha avait fortement contribué à phagocyter pour en faire un outil de gouvernance dans l’immobilisme politicien.

Le chef de l’Etat aurait, pour ainsi dire, rendu à Ennahdha, ses suppôts et ses « oiseaux rares », la monnaie de leur pièce. Ils avaient utilisé « la meilleure » Constitution du monde pour régner pendant plus de 10 sans, sans laisser quiconque gouverner pendant toute cette période.

C’est cette même Constitution qu’utilise désormais le chef de l’Etat pour phagocyter le parti islamiste tunisien, et l’empêcher de persévérer dans des choix, politiciens surtout, qui fait d’Ennahdha un gouvernant par procuration, réussissant chaque fois à faire tomber ou à détourner chaque candidat que Saïed propose pour le poste de premier ministre, et empêcher qu’il donne au peuple ce qu’il demande.

  • Ensuite, celle qui voit dans la guerre des parchemins que mène Kais Saïed, contre ceux qui se présentent comme les représentants de l’islam politique, une nouvelle tentative pour faire tomber le gouvernement de Hichem Mechichi dont il avait déjà mis le dernier remaniement dans la salle d’attente, et une perte de temps devant le danger économique et financier imminent.

Un danger, qu’il a par ailleurs, à deux reprises réfuté en affirmant que la Tunisie n’est pas au bord de la faillite. Un danger, que confirment pourtant tous les bailleurs de fonds de la Tunisie, et toutes les agences de notation de son économie.

Chacun, parmi ses fans et soutiens ou parmi ses détracteurs, trouvera son compte dans l’un ou l’autre de ces deux décryptages du dernier parchemin médiéval, écrit par un scribe recruté par le Palais, et signé de la plume de Kais Saïed. Mais aucun ne sait, ou ne saura pour l’instant, ce que voudrait faire le chef de l’Etat tunisien après sa lettre au président de l’ARP, et la prochaine étape à laquelle il voudrait arriver !

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